Review VF – Batman : Meurtrier & Fugitif Tome 1

Premier vrai événement après No Man’s Land, les sagas Bruce Wayne: Murderer? et Bruce Wayne: Fugitive se voient éditer en trois tomes chez Urban Comics. Ce premier tome regroupe tous les numéros de la partie Bruce Wayne: Murderer? avec le petit Batman #600 en supplément. Pour résumer rapidement, en rentrant d’une patrouille, Batman et sa nouvelle acolyte (Sasha Bordeaux) retrouvent le corps de Vesper Fairchild, assassinée de plusieurs balles. Toutes les preuves sont contre Bruce. Ce dernier et Sasha se font donc arrêter.

La Bat-Family mise en avant

Batman est quasiment absent de ce tome. Bruce Wayne est en prison tout durant, et pourtant Batman est développé sans être présent. Par une sorte de narration de son environnement, on est amené à connaître le justicier. Malgré cela, le tout ne manque pas de super-héros. Nightwing, Robin, Spoiler, Batgirl, Oracle et même Black Canary ou Blue Beetle sont présents. Ces derniers interviennent dans les choses que l’on pourrait reprocher au tome, mais leurs interventions sont appréciables – bien qu’inutile pour Ted Kord. C’est un livre d’interactions, d’échanges, où chacun expose ce qui le ronge à propos de Batman. Par les nombreux avis, le lecteur pourra aisément s’identifier à la loyauté et la confiance de Nightwing ou à l’arrogance d’Oracle. Cela étant, c’est une vraie réussite de cette ouvrage.

Concernant les deux prisonniers, leur développement n’est pas en reste. Chacun a droit à son scénariste. Bruce Wayne est développé par Ed Brubaker, Sasha Bordeaux par Greg Rucka. On assiste par exemple à un numéro assez exceptionnel en terme de caractérisation de Bruce dans le Batman #599 par Brubaker. Ce numéro est d’une puissance assez folle et la montée de la tension est palpable. Dans Detective Comics #767, Rucka se livre à un portrait de Sasha des plus touchants, notamment avec cette fin qui vient mettre le point final à un build-up exemplaire.

C’est clairement un point fort du livre : il y a de quoi satisfaire les attentes de chacun. Chacun trouvera au moins son petit moment de plaisir durant la lecture de cet ouvrage si ce n’est durant tout le livre, à travers un contexte somme toute intéressant.

Le crossover, et les défauts qui vont avec

Évidemment, avec autant de séries, et donc d’auteurs différents, difficile de garder une fluidité constante. Et même si pour certains on est dans ce qui se fait de mieux en terme de scénaristes, l’histoire souffre d’une impression de surplace. Là où chaque auteur va faire avancer l’histoire, il existe des moments où la narration en pâtit. Qui plus est, les différents auteurs vont également faire avancer les intrigues propres à leur ongoing. Ainsi, le lecteur verra débarquer des personnages qui lui seront inconnus, des situations qu’il ne comprendra pas – et il ne s’agit pas de l’incompréhension intéressante et intrigante qui est utile au récit. Il faudra relire ce crossover en ayant de bonnes bases du Batverse de cette époque. Mais en l’état, cela ne perturbe pas la lecture plus que ça. Certains pourront même apprécier ces pauses. Si ce n’est la sous-intrigue avec Ted Kord, complètement déconnectée de l’arc.

Pour ce qui est de la partie artistique, encore une fois pour les récits de cette époque, c’est clivant. Soit on accroche, soit cela nous sort du récit. Alors, je conseillerais cependant de faire l’effort. C’est vraiment un style propre à la décennie et qui s’étend sur tout l’univers de Batman à quelques exceptions près. Et il serait dommage de se priver de ce qui constitue les meilleures ongoings du Batverse moderne. Surtout qu’au-delà de ce style « cartoon », il existe un univers graphique des plus intéressants.

Finalement, c’est un crossover de relativement bonne qualité auquel on a le droit. Malgré les défauts inhérents à ce type de récits, faisant intervenir un tel nombre de séries, on se retrouve pris dans l’histoire et on se demande vraiment comment Bruce Wayne peut s’en sortir. Car il s’agit du rôle de Bruce dans le combat de Batman. Et on y assiste sous un nombre intéressant de points de vue. Au-delà des dessins, on a un récit qui fait intervenir des personnages que l’on aimerait davantage voir dans les publications d’Urban Comics. Rien que pour cela, ce comics est à lire.