Ça va être compliqué, très compliqué même. Et pourtant, je suis un des premiers à défendre l’univers d’Injustice sur bien des points. Mais là, c’est non.
Un concept bancal
Il est nécessaire de remettre les choses dans leur contexte. A la fin de la série principale Injustice dépeignait les événements précédant le jeu vidéo. Aucun nouvel opus n’est véritablement annoncé. Néanmoins, un bref regard critique sur les chiffres de ventes du titre suffit à réaliser qu’en dépit du fait que le jeu de combat ne s’est pas imposé dans le milieu de l’E-Sport, il a tout de même été une réussite critique et commerciale, et qu’il serait bon de mettre un prochain jeu en chantier. Mais quid des comics ? Car, sans matériel à exploiter dans le passé, et aucune piste dévoilée pour l’avenir, il est compliqué d’écrire un scénario cohérent avec un futur jeu.
Du coup, chez DC/Warner, les mecs chargés de prendre des décisions cogitent pendant plusieurs heures dans une salle dans laquelle une fine bande de lumière laisse place à la pénombre, et se disent qu’il n’y a qu’à continuer la timeline des comics, en empiétant sur celle du jeu. Ainsi, il sera décidé d’engager Brian Buccellato et surtout Christopher Sebela pour dépeindre les événements du jeu mais du point de vue d’Harley Quinn. C’est ici que tout se corse. D’autant plus qu’il n’est pas accompagné des meilleurs dessinateurs, lesquels sont, sans être fondamentalement mauvais, plus que clivants et capables du pire comme du meilleur.
Et une réalisation qui l’est tout autant
Composé de six numéros, le tome met du temps à démarrer et malheureusement, ne décolle jamais. Le premier numéro se contente d’être un récapitulatifs des événements qui ont conduit au jeu, le second un filler lambda avec une Harley se bastonnant un peu avec Man-Bat. Il faudra attendre le final du quatrième numéro et surtout le début du cinquième pour avoir véritablement quelque chose à se mettre sous la dent, avec la rencontre entre l’ancienne psychiatre d’Arkham, et le Joker de la Terre parallèle à celle d’Injustice. Encore une fois, après une simple bagarre entre les deux amants prédestinés, les gentils arrivent, et nous conduisent au dernier numéro, dans lequel pour le coup, il se passe (enfin) quelque chose.
La majorité des héros sont là, quelques combats pas si mal chorégraphiés que ça. Mais le numéro cette fois-ci perd son parti pris, dévoilant des événements auxquels Harley n’a jamais pu assister. Tout ceci est dommage, car il y avait quelque chose à tirer de cette histoire malgré un concept de base bancal. Maintenant, se pose l’argument du prix. Il est vrai que si vous voulez vous laissez tenter pour une quinzaine d’euros en dépit de mes avertissements, vous ne perdrez pas une fortune et votre lecture se révélera au maximum très très moyenne, mais d’autres tomes méritent plus votre argent que cela.
Ground Zero avait un concept bancal mais qui aurait pu fonctionner. Néanmoins, la réalisation n’est pas au rendez-vous dans cette histoire qui peine à démarrer et qui ne décolle jamais véritablement. Une vacuité scénaristique se ressent, et la partie graphique, à l’exception de quelques planches est plus que clivante, et malheureusement, tend vers le bas. Ces numéros relèvent en vérité plus du statut de comics gratuits à télécharger avec le jeu, que de comics classiques payants. Ce n’est pas lamentable, car j’ai eu l’occasion de lire beaucoup de comics qui l’étaient, mais c’est très certainement mauvais. Pour le reste, bien que le prix de 15 € ne soit pas excessif, votre argent sera mieux investi ailleurs, que vous vouliez plus d’Harley Quinn ou de DC, le catalogue Urban saura vous contenter pour le même prix.
Je n’ai pas lu le tome mais ce qui est le plus dommageable pour moi chez DC en ce moment, c’est la surutilisation de Harley jusqu’à l’overdose potentielle. M’enfin, ça peut pas être pire que ce que Telltale nous a servi…
Ironiquement, la version de Harley des comics « Injustice » s’est avérée la plus intéressante de toutes, d’où ce spin-off sans doute inutile!
On est d’accord. La Harley des comics Injustice était vraiment très bien même si je lui préfère toujours la version d’origine de la série animée.