Review VO – Green Lantern: Earth One Vol. 1

Après Straczynski, Johns, Lemire et Morrison, c’est au tour de Gabriel Hardman et Corinna Bechko de délivrer leur version alternative d’un des héros les plus emblématiques de DC Comics. La gamme Earth One redémarre vivement pour 2018 avec la suite de l’excellent Wonder Woman: Earth One de Grant Morrison et Yanick Paquette mais surtout, ce qui nous intéresse ici, avec le titre dont vous avez la review sous les yeux. Finalement, que donne ce premier volume ? Réponse tout de suite !

Une aventure très sympathique

On suit Harold Jordan, un ancien de la NASA qui travaille aujourd’hui pour Ferris Galactic, une compagnie d’exploration spatiale. Le héros de l’histoire n’est pas rentré sur Terre depuis maintenant huit ans et tente d’échapper à un passé que l’on apprendra par la suite. Puisque l’on en parle, autant dire ce qu’il en est : il s’agit du point faible du volume. Ce passé n’est pas assez développé et on n’est pas assez pris dedans. C’est, finalement, un détail de l’histoire qui n’impacte pas le récit en lui-même. C’est dommage car cela pouvait donner quelque chose d’intéressant avec cette sorte d’attache terrestre qu’il manque un peu au titre.

Pour le reste, ce premier tome nous propose une aventure des plus sympathiques. Le tout se déroule durant de longs mois (en témoigne la barbe du héros) et on apprend à apprécier ce Jordan loin de l’insolent Lantern auquel on est habitué. Il est très mature, garde un calme et une intelligence certaine dans les moments de stress. C’est un leader né auquel on peut s’identifier et, en cela, l’écriture de Hardman et Bechko est clairement réussie. Les décisions qu’il prend, les problèmes qu’il affronte permettent de bien définir ce Jordan et de l’apprécier davantage

Un univers qui commence

Ce premier tome fait office d’origin story. Ou plutôt de nouveau point de départ. On sait que le Green Lantern Corps a existé mais sa disparition est assez nébuleuse. Il sera alors difficile de démêler le vrai du faux. Il s’agit d’un enjeu de l’histoire assez bien mené et intrigant, surtout que ceci prépare une éventuelle suite mais j’y reviendrai plus tard. Avec une aventure très cosmique, on se retrouve devant une multitude d’aliens, ayant vécus la chute du Corps de manière différente et il est intéressant de voir les réactions de chacun. On sent un potentiel derrière cet univers pour développer quelque chose de réellement épique. Notons cependant une nette différence dans l’héritage des anneaux qui pourra en déconcerter certains.

Autre intérêt du livre, les personnages. Si certains manquent clairement de développement en ressemblant davantage à des outils scénaristiques qu’à autre chose, on ne peut pas passer à côté de la relation très bien écrite entre Jordan et Kilowog. Les deux Lanterns vont apprendre à se connaître et à s’apprécier, jusqu’à devenir des amis touchants. Cela est dû à l’excellente écriture des échanges entre les deux. Tout semble naturel et on ne tique pas devant les dialogues. Le duo est vraiment le point central du livre et il est intéressant de voir que ce n’est pas qu’un simple détail de l’histoire puisque cela sert réellement ce qui arrive aux protagonistes. Chacun apporte quelque chose à l’autre et le rend meilleur et plus héroïque. Il y a ce genre d’instinct chez Kilowog qui est contrebalancé par l’intelligence de Jordan. Vraiment la première qualité du titre.

La suite ?

Approchant la fin du livre, les auteurs commencent à mettre en place les différents éléments d’une potentielle suite. On devrait alors se rapprocher de ce dont on a l’habitude avec les Green Lanterns, avec une présence de certaines oppositions bien connues. Pour ne rien gâcher, je dirais juste que c’est appréciable que la gamme continue ainsi en ouvrant l’univers à des idées intéressantes. De même, on semble se diriger vers un héros plus présent sur Terre mais n’oubliant pas sa nouvelle identité. Le passé évoqué plus haut semble être un enjeu majeur du prochain volume et j’ai personnellement hâte de lire cela. Il semblerait que cette première histoire soit également la pose de fondations solides pour une intrigue qui pourrait devenir explosive. Le potentiel est clairement là.

En ce qui concerne les dessins, il y a de quoi être satisfait. Gabriel Hardman réalise un très bon travail pour illustrer une histoire où très, très peu de scènes se passent sur Terre. Le trait est d’autant plus convaincant lorsqu’il s’agit des scènes dans l’espace, où les combats revêtent souvent une impression de puissance très réussie. L’encrage de Hardman, très prononcé par moments, est appréciable également. Le dessinateur est souvent précis et arrive à rendre la lecture encore plus agréable. Ces illustrations sont mises en couleurs par Jordan Boyd, dont le travail varie du très bon à l’excellent. On prend un réel plaisir à admirer le rendu dont les teintes sont parfois extrêmement variées.

En conclusion, ce Green Lantern: Earth One Vol. 1 est un ajout convaincant à une gamme que l’on pensait sur le déclin. Un héros de plus est revisité de façon intéressante. Si l’on s’attache aisément à Jordan, on aurait aimé voir un meilleur développement de son passé ainsi qu’une meilleure caractérisation de certains personnages ici trop superficielle. La faute, peut-être, à un livre un peu trop court. Néanmoins, cela n’est pas peine perdue puisque les auteurs annoncent clairement une suite impliquant le Corps, mais aussi un véritable récit de super-héros après une origin story. Et puis, il serait dommage de passer à côté de ce premier volume tant on passe un très bon moment à la lecture. Espérons maintenant que les Aquaman et Flash de la gamme sortent au plus vite, et pourquoi pas un jour un Justice League: Earth One ?