Review VF – Wonder Woman Rebirth Tome 3 : La Vérité, 1ère Partie

Wonder Woman revient pour notre plus grand plaisir dans ce troisième tome, bien différent des deux précédents dans sa structure. En effet, là où Urban Comics avait fait le choix de bien distinguer le passé et le présent dans deux tomes différents, ici, les deux sont alternés numéros après numéros, suivant la volonté de l’auteur donc. Et si cette fidélité s’est imposée pour ce troisième tome, c’est parce que les deux époques sont plus que jamais intrinsèquement liées.

Une vérité qui dérange (et qui envoie à l’asile)

Maintenant que Diana a découvert un pan de la vérité à propos de Themyscira, la folie s’est instaurée dans son esprit. On suit dès lors une Wonder Woman complètement perdue, sans repères, qui subit les conséquences de jeux de dieux, et qui laisse ainsi la place au reste du casting pour poursuivre l’intrigue. Là où le procédé pourrait être artificiel chez un autre auteur, il est avec Rucka une conséquence logique de l’intrigue qu’il déroule depuis le premier numéro, amplifiant l’importance du mensonge et de la notion de vérité chez Diana. On ne laisse néanmoins pas tomber l’amazone puisque l’on continuera de suivre ses pérégrinations à l’asile, une sorte de voyage initiatique mental. Ici, le mensonge et la trahison est allégorisé sous une forme élémentaire, celle du serpent, qui renvoie évidemment au Jardin d’Eden, d’autant plus que cet état découle de la découverte d’un mystérieux arbre. Et à travers les conversations menées entre Diana et ce serpent sera remis en question la notion même de vérité, de fait et de mensonge, prouvant la maîtrise qu’a Rucka de son récit et des valeurs de son héroïne. On pourra possiblement reprocher la relative facilité avec laquelle l’auteur sort Diana de sa condition, mais la symbolique fonctionne, et le voyage intérieur a de toute façon été complété.

Des seconds rôles sous le feu des projecteurs

Comme dit précédemment, pendant cet état de torpeur ont été mis en avant le reste du casting, à savoir Etta, Barbara et Steve. On les suit alors dans une ambiance beaucoup plus portée sur l’enquête urbaine, permettant de les développer chacun à leur manière, et notamment Steve dans le numéro d’ouverture de ce tome, preuve de son amour et de sa dévotion envers Diana. De plus, derrière ces jeux de dieux se cache en réalité un plan bien humain, incarné par Veronica Cale, qui est peut-être le personnage principal de ce tome. À chaque pion avancé sur son échiquier dans l’époque présente, un pan de son histoire et de ses motivations se révèle, rendant le personnage profondément humain, presque sympathique. Et ce n’est pas tout, puisque l’histoire même du personnage est intrinsèquement liée aux machinations du présent et à ce que subit Diana depuis le début de ce run. Là se révèle tout l’intérêt de l’alternance des deux époques, qui se complètent parfaitement dans un jeu de miroir parfaitement géré, alternant lui-même entre les intrigues divines et urbaines, ainsi que différents points de vues.

Une partie graphique toujours aussi réussie

Quant aux dessins, c’est également un régal. Les lecteurs sont déjà bien familiers avec Liam Sharp, qui signait déjà la partie présente de l’intrigue et qui continue ici de faire des étincelles, qu’importe l’atmosphère. On pensera notamment à son découpage des pérégrinations de Diana à l’asile, similaire aux briques formant la cellule de l’héroïne, et qui donne en même temps un fort sentiment de déconstruction. Pour ce qui est de la partie passée, c’est Bilquis Evely que l’on accueille, et qui s’inscrit dans la lignée de sa prédécesseure. En effet, le trait reste plus innocent, moins réaliste, permettant de définir clairement la scission entre les deux états d’esprit de Diana, entre deux époques bien différentes. Si la partie graphique est un point fort non négligeable de ce run, il faudra toutefois noter que même sans cela, Greg Rucka parvient à livrer un travail toujours appréciable dans la dernière partie du tome. Cette interview de Diana menée par Lois Lane permet de sortir des contraintes du récit tout en s’y inscrivant de par les questionnements de l’héroïne, sur lesquels l’auteur sème des pistes de réflexions intéressantes.

Sans surprise, Greg Rucka continue sur son excellente lancée. Loin de se reposer sur ses lauriers, l’auteur sait proposer des développements intéressants et remettre en question ce qui est au cœur même de son héroïne, avec respect et amour. Gérant son intrigue d’une main de maître, rarement on aura vu un auteur aussi bien écrire Diana et sa mythologie.