Après un premier tome vraiment emballant et un second un poil moins, l’attente sur ce troisième et dernier tome de la série est réelle. Ce dernier adopte du début à la fin le point de vue du garde du corps engagé pour assurer la sécurité de Bruce Wayne (Ahaha !), Sasha Bordeaux, dont on devine que son métier va être loin d’être de tout repos.
Un tome 3 qui démarre en beauté
Et le livre ouvre sur une scène qui donne le ton à ce tome et respecte ce qui me plait dans cette série: Le départ à la retraite de Gordon (d’ailleurs il est parti combien de fois à la retraite, ce bon vieux Gordon ?) évoqué dans une magnifique scène à la fin du deuxième tome, un départ qui, dans la ville de Gotham, ne peut se passer sans heurts. Heurts qui d’ailleurs auront un dénouement inattendu, mais néanmoins parfait.
Évidemment très vite, Sasha Bordeaux va avoir un doute sur les activités de son client et même réussir à percer sa double identité. Ce dernier va alors la prendre sous son aile et Sasha va découvrir qui est le vrai Bruce Wayne : Un homme dur et qui sacrifie tout à sa lutte contre le crime : Batman. Une identité bien loin de son image publique.
Pendant ce temps là, le commissariat est en ébullition. Les enquêtes internes fouinent pour trouver le responsable des événements du tome précédent, plongeant dans un premier temps Montoya dans la panade avant de se réorienter vers une autre personne finalement obligée de démissionner (D’ailleurs, elle en est à combien de démissions/renvois ?).
Et finalement, cette histoire nous plonge derrière le masque de Bruce Wayne pour découvrir sa vraie personnalité : celle de Batman, tout en gardant cette pâte qui nous rapproche des femmes et hommes qui font régner la justice à Gotham. Et bien loin du Bruce Wayne inintéressant, fêtard, dragueur et sans consistance que Sasha subodore être une mascarade, on découvre un Batman entraînant sa nouvelle élève avec dureté, froideur et sans, quasiment, aucune humanité. Le tout rappelant d’autres titre où les Robin s’entraînent durement sous le regard presque désintéressé de Batman. On est pas dans All Star Batman & Robin, mais l’esprit est là.
Et cette façon dont est dépeint Batman me déplaît un peu. Que ce soit Bruce Wayne ou son alter ego masqué, les deux faces du héros sont antipathiques. Alors certes cela découle d’une volonté de donner le change à Sasha puis de la protéger, mais glisser un ou deux moments d’humanité n’aurait probablement pas été de trop. Mais je chipote car le volume est vraiment intéressant.
Des planches plaisantes et une belle colorisation
Côté dessin, c’est en majorité Shawn Martinbrough qui s’y colle, avec pour les couleurs le studio Wildstrom FX. Les couleurs dans des tons de bleu et de brun collent assez bien avec l’esprit « noir » de la série, même si parfois on a un peu le sentiment que ce côté est un peu exagéré, quelques touches de couleurs ou un peu plus de nuances auraient pu atténuer cette impression. Les dessins de Martinbrough sont plaisants, les personnages expressifs, bien qu’un peu raides. Mais ça reste quand même un plaisir au niveau graphique dans l’ensemble.
Un chapitre du titre Superman est inclus pour la continuité de l’histoire, mais là le contraste avec le dessin très cartoon et très coloré de Ed Mc Guiness est un peu violent. Il y a un chapitre de Detective Comics illustré par Coy Turnbull, au trait assez maladroit et un autre par Rick Burchett qui apporte un coté horrifique à un chapitre un peu hors continuité, angoissant et fort réussi.
Vous l’aurez compris, un chapitre plutôt tourné vers la découverte de l’identité secrète de Bruce Wayne et l’entrainement de Sasha Bordeaux par ce dernier, qui n’oublie pas malgré tout de s’attarder sur les vicissitudes du GCPD, ce qui fait l’identité de ce run de Greg Rucka. Apres un ventre mou un peu ressenti dans le deuxième tome, celui ci conclu de façon bien plus convaincante cette série. On peu peut-être reprocher un fin un peu abrupte et un Batman assez peu humain, mais ce serait vraiment chercher la petite bête.
Une excellente première histoire. La suite est aussi très correcte mais peu paraitre un peu légère. Perso, j’aime bien ce Batman rustre, je me retrouve moins dans celui du rebirth un peu trop complaisant à mon goût.