La marque Lego revient en ce début d’année 2018 avec un nouveau film d’animation DC. Pas de sortie au cinéma, il s’agit ici d’un film qui s’inscrit dans la continuité des précédents ayant eu droit à une sortie directement en DVD et Blu-Ray (et digital). Alors que ce sont habituellement Batman ou la Justice League qui sont sous les feux des projecteurs, Lego a ici fait le choix de mettre en avant The Flash, un héros qui jouit depuis quelques années d’une certaine popularité auprès du grand public. Un choix qui se veut d’autant plus intelligent que le personnage a vraisemblablement du mal à avoir droit à son propre film live-action au cinéma. Les fans du personnage pourront-ils trouver leur compte dans cette adaptation bien particulière ?
Lego The Flash & Cie
Mais avant de se concentrer sur le traitement du personnage et de sa mythologie, partons tout d’abord d’un point de repère familier, la Justice League, ce que fait le film. L’équipe joue un rôle très important et présent ici, que ce soit pour l’humour ou la notion de famille. En effet, il se passera approximativement quinze minutes avant que le bolide ne fasse son apparition, et de son propre côté pendant ses dix premières minutes de présence. Le film nous propose en réalité de mettre le focus sur le personnage de manière progressive et naturelle. Sur ce second point, le pari est globalement raté : avec une nouvelle attaque du Joker sur la ville de Metropolis, les scénaristes nous répètent que la Justice League manque de vitesse pour réussir à déjouer le plan du vilain, alors qu’il n’en est rien, il s’agit seulement d’un artifice grossier pour amener le focus sur Flash.
Pendant la bataille, le bolide est en fait en train de mener sa propre vie de héros largement apprécié parmi la population, ce qui est en accord avec ce que l’on peut connaître du personnage. Un programme chargé s’impose pour Flash, qui aide son prochain et se débarrasse des nombreux vilains qui occupent sa ville. Une caractérisation qui pourrait paraître réussie jusque là, mais qui se voit sabotée dès lors que le personnage ne prend rien au sérieux, est loin d’être humble, et pense d’avantage à son estomac. On pourra difficilement jeter la pierre aux scénaristes : même s’il s’agit d’une façon de faire de l’humour, avec ses années d’absence des comics, la caractérisation de Barry Allen a aussi été oublié. Ce qui peut se révéler d’autant plus dommage, c’est que la situation à la Un jour sans fin laissait largement la place à l’humour, mais n’aura pas été utilisé à son plein potentiel.
Une mythologie approximative
Là où la caractérisation pourra aussi fâcher, c’est pour les fans d’Eobard Thawne, l’un des meilleurs vilains DC. Sans surprise et pour notre plus grand plaisir, c’est sur ce vilain emblématique de Flash que s’est porté le choix des scénaristes. Et là où on aurait pu craindre une énième version du meurtre de la mère de Barry, le scénario adopté est bien différent, pour le meilleur et pour le pire. Tout commence bien, puisque le Reverse-Flash manipule en premier lieu Barry pour le pousser à faire une erreur. On détient ici un ennemi qui connait très bien les forces avec lesquelles il joue, contrairement à un Barry non familier avec le concept de force véloce. Mais c’est après une référence à The Return of Barry Allen que l’on pourra trouver quelque chose à redire. Dés lors que le vilain expose ses origines et ambitions, il perdra de sa superbe : là où on trouvait dans les comics un adorateur de Flash qui souhait lui ressembler avant de sombrer dans la folie, nous n’avons ici qu’un mégalomaniaque qui souhaite prendre la place de Barry, tant dans la reconnaissance que lui porte le monde que dans son statut d’homme le plus rapide. Une simplification bien dommage, d’autant plus que le personnage perd son statut de génie, ce qui ne lui laisse plus grand chose pour lui.
Quant à la force véloce… c’est compliqué. Elle est tout d’abord introduite par Eobard, puis expliquée par Doctor Fate. Là est le premier problème : la force véloce est normalement un principe scientifique, qui défend l’entendement certes, mais qui n’a rien à voir avec la magie. Que ce domaine permette d’y accéder, pourquoi pas, mais que Doctor Fate exprime clairement à de nombreuses reprises (et en chantant) que tout cela c’est de la magie, ça passe beaucoup moins. C’est d’autant plus dommage que le film introduit également un tout autre personnage : Atom, la caution scientifique de l’équipe, qui semblait pourtant être là spécifiquement pour cela. On peut toutefois louer la large exposition de l’univers au travers de personnages pas forcément souvent vus (les Super-Pets, on pense à vous). Au delà de ce choix hasardeux, le film choisit de nous donner une représentation de la force véloce qui joue clairement avec l’univers Lego et qui, bien qu’inhabituelle, se trouve assez bien trouvée. Mais une ombre s’ajoute encore au tableau : la présence d’un « nexus » de force véloce conférant un pouvoir infini à celui qui le porte. Cet élément semble ne pas avoir sa place dans la force véloce, bien qu’il amène une morale finale agréable à entendre de la part de Barry.
Bien que cette critique relève de nombreux points négatifs souvent liés à la mythologie même des bolides, il ne s’agit pas pour autant d’un mauvais film. Malgré ces zones d’ombre, il reste bien plaisant de voir ces personnages mis sous les feux des projecteurs. Et si l’on arrive à fermer les yeux sur ces points noirs, on passe un moment agréable, notamment grâce à l’humour Lego qui fonctionne toujours assez bien.