C for Crossover #11 : Batman/Tarzan – Claws of the Cat-Woman

– Oh, Joanie ! Blue ! C’était… C’était bien votre soirée ?
– Blue a un talent dingue pour rendre chaque nouvelle St Valentin encore pire que celle de l’année précédente. Et l’année dernière, Monsieur ne m’avait rien offert, ni invité nulle part, c’est dire !
– C’est toi qui m’avais dit de ne rien t’offrir !
– Mais quand une femme te dit de ne rien faire, c’est qu’elle s’attend quand même à un petit quelque chose !
– ET COMMENT J’ÉTAIS CENSÉ LE SAVOIR !!!
– EN N’ÉTANT PAS UN ABRUTI ÉGOCENTRIQUE DOUBLE D’UN CONN…
– ÇA SUFFIT VOUS DEUX ! Blue, qu’est-ce… qu’est-ce qu’il s’est encore passé ?
– Comment dire ? Tout commençait bien, nous étions à un gala donné en l’honneur de l’ouverture d’une nouvelle aile du musée de Gotham consacrée à l’art africain. Tout le gratin de la ville était présent : Bruce Wayne, Tarzan, Dent…
– A… Attends, Tarzan ? Tarzan existe ?!!
– Evidemment, je croyais te l’avoir présenté !
– N… Non.
– Je me demande à quoi sert l’école.

Tarzan, comme Zorro le mois précédent, est un des personnages faisant partie intégrante de la culture populaire. Ainsi, bien que tout le monde le connaisse pour son pagne du plus bel effet et son BFF en la personne d’un gorille, il est maintenant temps de s’intéresser un peu plus profondément à ses origines.  Son créateur, Edgar Rice Burroughs, notamment connu pour être l’écrivain du Cycle de Mars aka John Carter, naît en 1875 dans une famille d’entrepreneurs de Chicago. Alors qu’il se dirige vers une carrière militaire, il est très vite réformé à cause de problèmes cardiaques et se met à enchaîner les petits boulots. En 1911, devenu  vendeur de taille-crayons  (paye ton métier de merde), Edgar s’ennuie et passe son temps libre à lire des magazines Pulp, publications dont le faible prix reflète parfaitement la qualité du produit.

Cela étant dit, l’auteur, sous un pseudonyme, commence la rédaction d’histoires pour lesdits magazines, et devant le succès du Cycle de Mars, passe écrivain à plein temps. Ainsi,  en 1912, parait Tarzan of the Apes ou Tarzan, Seigneur de la jungle en VF. Suite au succès critique et commercial de son roman, le créateur de l’homme au pagne comprend qu’il a un coup à jouer, et décline son œuvre sous toutes les formes que ce soit des comics, des films, et des séries. À noter que sa fille épousera quelques années plus tard James Pierce, quatrième acteur à avoir incarné Tarzan au cinéma. Le public est au rendez-vous, et l’homme crée petit à petit son empire commercial, publiant lui-même les histoires de son héros par le biais de sa propre compagnie d’impression.

Comme la plupart des personnages fictifs, la création de Rice Burroughs est basée sur des faits réels. Néanmoins, il est ici nécessaire d’émettre des réserves sur la possible origine de Tarzan, une seule source datant de 1959 et provenant d’un article de Man’s Adventure magazine venant proposer une réponse. Selon le journaliste Thomas Llewellan Jones, William Charles Mildin voit en 1868 son bateau échouer sur les côtes de ce qui serait aujourd’hui le Congo. Recueilli et accepté par des singes auxquels il apprend à créer des objets rudimentaires et faire du feu, il se lie d’amitié quelques années plus tard à une tribu locale qu’il ne quittera qu’en 1883 suite à la reprise de conflits opposants divers clans. Par ailleurs, c’est ici que l’histoire devient complexe. En effet, le récit de cette histoire a gravité pendant longtemps dans un cercle plus que fermé et n’a été révélé officiellement au public qu’en 1937, soit vingt-cinq années après la parution du premier tome des aventures de Tarzan.  « Life is strange » comme dirait Chloé Price.

Il n’empêche que l’histoire du jeune John Clayton/Lord Greystoke/Tarzan et de sa relation avec Jane Porter a traversé les époques, se déclinant parfois en œuvres intrigantes et dérangeantes comme George de la Jungle, ce film avec Christophe Lambert, ou The Adventure of the Peerless Peer, dépeignant la rencontre entre Sherlock Holmes et la création d’Edgar Rice Burroughs. Néanmoins, une chose est sûre, sans la volonté de l’auteur de capitaliser sur le personnage par tout les moyens, en dépit des conseils de ses proches et des experts, l’homme au pagne serait probablement tombé dans l’oubli au fil du temps, à l’instar de son ainé John Carter, majoritairement connu uniquement pour son adaptation cinématographique de 2012.

– Ça… Ça devait être une bonne soirée !
– Oh oui, la soirée était parfaite Billy, maintenant, demande à Blue comment tout a dérapé !
– Ça n’a pas tant dérapé que ça…
– Pas tant que ça ?  Et les quatre-vingts guerriers masaïs qui nous ont poursuivi dans toute la ville dans le but de nous faire la peau ? Ou peut être veux-tu qu’on parle des quatre heures de marche dans une forêt peuplée entres autres de serpents ?
– Je… Je ne comprends pas totalement ce qu’il s’est passé. Vous n’étiez pas au musée ? Vous… Vous pouvez reprendre depuis le début ?
– Blue va s’en charger !
– Si c’est demandé si gentiment…   

Grâce au soutien de Wayne Enterprise, la ville a pu mandater Monsieur Dent, un amateur d’art, afin que ce dernier ramène d’Afrique de nombreux trésors. Le nombre non négligeable d’œuvres récoltées ayant ainsi permis d’ouvrir une nouvelle aile du musée, ce soir, à Gotham, c’est la fête. Bien que le chasseur de trésor refuse de révéler la manière dont il s’y est pris pour récupérer toutes ces antiquités, la soirée continue, et Bruce se voit présenter, par l’intermédiaire du conservateur de la collection, un amateur d’art fraichement débarqué, Monsieur  John Clayton connu sous le pseudonyme de Tarzan.

Les deux hommes sympathisent vite et après avoir échangé quelques informations personnelles classiques du style « C’est dingue, toi aussi tes parents sont morts tragiquement ! » ou « J’ai été élevé par des singes ! », se quittent. Malheureusement, pendant la nuit, une femme déguisée en félin se faufile par le toit afin de dérober  un vase en forme de chat. Le Bat de Gotham apparait et la poursuit de toits en toits jusqu’à la rattraper. Alors qu’il s’apprête à utiliser la force afin de la faire parler, John Clayton vétu d’un simple pagne l’arrête et le somme de se calmer, juste avant de révéler qu’il a reconnu l’homme sous le masque de chauve souris. En effet, Tarzan a tout simplement réussi son CE1, ce qui est plus que la majorité des enquêteurs de la ville, et a reconnu la corpulence et la voix de Bruce, ainsi que son parfum. Afin de détendre les esprits, Catwoman enlève son masque et explique être la Princesse Khefretari de la citée cachée de Memnon, citée de laquelle provient l’intégralité de la nouvelle collection de Bruce. Eh oui, les œuvres d’arts ramenées par Dent sont en fait volées! Surprise !

Soudain, une flèche fend l’air, arrêtée par la cape du chevalier de Gotham. Des guerriers masaïs sortent des ombrent et tentent d’ôter la vie au trio. Après les avoir défait non sans quelques difficultés, nos héros se décident à partir au plus tôt pour l’Afrique afin d’appréhender Dent. Sur place, Clayton retrouve Jane et l’embrasse avant de directement faire route vers Memnon, accompagné de son lion de compagnie. Pendant le trajet, Batman tombe face à face avec un gorille qui lui, semble assez enclin à le travailler au foie. Ni une ni deux, Tarzan se jette sur l’animal en sortant son poignard et abat la créature dans un accès de rage –Gorilla Grodd dislikes-, sans doute à bout de tenir la chandelle au duo Bruce/Catwoman qui ne cesse de se rapprocher.  La marche peut reprendre. Quelques heures plus tard, arrivés à proximité de la citée, Khefretari préfère partir en éclaireuse, laissant les deux hommes en arrière. Celle-ci ne revenant pas, le tandem part à sa recherche, et tombe sur Dent tenant la princesse en otage. Alors que tout semble perdu, le lion domestiqué de Tarzan apparait, et défigure le criminel, lui arrachant la moitié gauche du visage. Malheureusement, le voleur réussit à s’enfuir, emmenant dans la panique Catwoman avec lui.  Malgré l’adversité, nos héros ne se laissent pas démonter et font cap vers Memnon dans l’optique de se farcir mano à mano l’intégralité de l’armée de mercenaires masaïs de leur ennemi.

Pendant ce temps, dans la forteresse, Dent commence très sérieusement à vriller et abat le roi de sang froid. Tarzan et Batman, arrivant sur ces entre-faits, le coupe dans son grand discours de méchant consistant à dire qu’il est le nouveau chef et qu’il va pécho la princesse, mais se font rapidement mettre hors combat. Nos deux héros, après que le chevalier noir ait échangé un baiser avec la Princesse –comme quoi on peut être un méchant, sans être totalement possessif-, sont jetés aux crocodiles. Because he is Batman et que Tarzan a poussé à la salle, le duo affronte les crocodiles et s’enfuit du piège tandis que Dent descend dans les catacombes de la cité afin de découvrir les trésors restant à dérober. Pierres précieuses, or, peintures, tout ce dont peut rêver un homme cupide s’offre à lui, quand soudain, une des statues présentes dans la pièce s’anime poussant la plupart des mercenaires effrayés à s’enfuir. Le colosse de pierre se sépare alors en deux, dévoilant les deux justiciers. Pendant que Clayton se charge des sbires, Batman affronte Dent. Se battant à coups de haches trouvées sur place, Bruce prend l’avantage, mais brise un échafaudage qui s’écroule sur lui. Assommé, Wayne s’évanouit. Tarzan se précipite, le sortant des débris, et se dirigeant au plus vite vers la sortie en compagnie de la princesse. Néanmoins, Dent n’est pas mort, mais juste coincé sous une planche à la merci d’un toit de plus en plus instable et menaçant de s’écrouler. Batman étant inconscient, l’homme de la jungle tourne les talons, et  Khefretari referme la dalle du tombeau derrière elle, abandonnant le criminel à son sort.

Bruce se réveille, demandant aussitôt où est passé Dent. À cette question, les deux autres lui répondent que leur ennemi est mort écrasé par les planches. Un mensonge par omission n’est pas vraiment un gros mensonge dirons-nous. Bien que la Princesse devenue Régente de Memnon lui demande de rester à ses côtés, Bruce refuse, le devoir l’appelant à Gotham. Serrant la main de Tarzan, les deux hommes se quittent en bon terme, l’homme au pagne restant en Afrique afin d’aider la princesse à remettre de l’ordre dans le pays.

– C’ÉTAIT TROP COOL !
– Ah tu vois, même Billy le dit !
– Ne te sers pas de lui, Blue !
– Je… Je ne comprends pas vraiment ce qui te contrarie Joanie.
– Evidemment, Monsieur se garde toujours bien de révéler les mauvais moments… En plus des Masaïs tueurs et de la forêt hostile, c’est nous qui avons passé la nuit à rapatrier l’intégralité de la collection de Gotham à Memnon, pas Bruce, pas Tarzan, pas la princesse.
– Je… Je vois…
– Je me fiche que nous n’ayons même pas été récompensés pour tout le travail fourni, tout ce que je voulais, c’était une soirée tranquille. Il semblerait que c’était trop demandé !
– Ah, bon, si tu ne veux pas de récompense, dans ce cas…
– Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Attrape !
– Mais… Que… C’est un collier en or serti de lapis-lazuli ! Où tu as…
– Tombé du camion.
– Ça… ça veut dire quoi « Tombé du camion » ?
– Ça veut dire « Pose pas de questions ! ». Du coup Joanie, cette soirée?
– Tu te rattrapes crétin, tu te rattrapes.  Billy, tu ne devais pas regarder un film ?
– Il… Il est pas un peu tard ?
– Mais non mais non, aujourd’hui c’est spécial, tu peux même en regarder deux. Blue et moi devons…  Nous devons  faire quoi, Blue ?
– Discuter, comme tous les adultes le soir de la St Valentin.
– Voila, exactement ! Allez Billy, bonne soirée !
– Joanie, le dernier arrivé à la chambre a perdu ! Go !
– Hey, attends moi ! 
– Ce… Ce sont vraiment des enfants… 

C’était C for Crossover, en espérant que ce nouvel épisode vous aura plus. En tout cas, cette histoire n’a pas été un pugilat à lire et s’avère même assez agréable au final. Commentez, lisez des comics, allez voir des films, et à une prochaine fois !