Milk Wars continue ! Le crossover, mêlant les univers Young Animal et DC Comics, creuse encore dans sa folie et en arrive aujourd’hui à son troisième numéro. Après un premier numéro incroyable, un second bien plus focalisé sur le personnage de Mother Panic que sur l’intrigue, il est question cette semaine de Shade et Wonder Woman, pour en finir avec la célèbre trinité de l’éditeur.
Passe, Passe le lait, que je développe mes idées…
Qui s’attend à lire du Wonder Woman sera déçu, en plus d’être perdu. Il ne sera pas question d’aventure, mais de réécriture. La scénariste, et romancière, Cecil Castellucci dévoile tout son talent dans son appropriation des valeurs de Wonder Woman. Elle parvient à jouer sur l’image de l’héroïne, prendre ses valeurs à contre-pied pour mieux les élever et rend compte de la signification première du symbole de Wonder Woman. Ce numéro spécial, comme le reste, constitue un fond regorgeant d’interprétations diverses faisant la part entre respect du personnage dans ses grandes scènes, connues de tous, et réécriture originale.
« Ce n’est pourtant pas un numéro de Wonder Woman ! » me direz-vous. En effet, mais contrairement aux deux premiers épisodes, celui-ci se focalise bien plus sur le membre de la Trinité qu’il emploie. Wonder Woman bénéficie d’un traitement complet et digne d’intérêt. La scénariste de Shade The Changing Girl conserve ses quelques « défauts » qui n’en sont pas vraiment. Elle a appliquée au titre régulier son style d’écriture plaçant le lecteur comme dans un état second, rendant floue la perception des éléments présentés, et non l’élément même. Il en est de même ici. Le lecteur est jeté face à une Wonder Woman changée du tout au tout, dont la couverture rappelle étrangement la fin de La Folle Histoire de l’Espace de Mel Brooks.
Super Ménagère by Lord Casque Noir
On peut reprocher ce manque de clarté, que je perçois comme un effet de style volontaire et propre au personnage de Shade, dans sa nouvelle version. Ceci dit, il implique quelques problèmes dans le rapport au personnage qui a subi une transformation. Un état présenté en tant que tel tout comme cette Wonder Woman devenue représentante de la femme au foyer des années 40/50. Shade s’est divisée selon ses émotions, tout comme a pu l’être Raven. Une référence – sans doute – qui trouve son sens dans le contraste au personnage de Shade incapable de ressentir les émotions, ou alors difficilement.
Le tout est brillamment illustré par Mirka Andolfo. Ce nom ne vous dit probablement rien, puisque l’artiste est resté cantonné au titres DC Comics Bombshells, et n’a tenu que ce rôle de remplaçant sur Wonder Woman, Teen Titans ou encore Harley Quinn. Néanmoins, vous aurez pu le remarquer sur le One-Shot Rebirth Justice League of America, focalisé sur le personnage de Killer Frost. Il réalise avec ce numéro spécial une performance bluffante, rappelant pour certaines représentation le style de Bastien Vivès, avec sa représentation de nues aux courbes souples pour ses planches les plus soignées. Par ailleurs, il est dommage que malgré un titre Young Animal, DC « censure » les nues avec des éléments de décor, alors que le titre se veut porter une approche artistique concrète à travers le label. On ne peut au final ne reprocher qu’un manque de perspectives et de dynamisme à l’ensemble de son travail, mais le travail réalisé sur les décors et les émotions diverses compense largement ces détails.
Je tiens à revenir sur cette représentation des nues qui ne tiennent qu’un bref moment au début du numéro, puisqu’elles n’ont rien d’érotique, ni d’exagéré. Il ne s’agit que de Wonder Woman, représentant ici la ménagère parfaite à travers le nom de Wonder Wife. Le corps ne subit aucune modification ayant pour but de sexualiser le moindre personnage féminin. Toute femme peut être une femme forte et porteuse de valeurs, peu importe la forme de son corps. Et la scène de nue n’apporte qu’une lecture en lien avec sa nature d’Amazone, appuyée du décor qui l’entoure. Et je me dis que dans des numéros comme celui-ci, capable de porter une lecture aussi profonde et engagée, DC aurait mieux fait de laisser toute liberté à une équipe créative comme celle-ci, même pour un détail aussi mince.
La rencontre entre Shade et Wonder Woman est incontestablement une réussite, un achat obligatoire pour quiconque aime un temps soit peu Wonder Woman. Néanmoins, il est plus question ici d’un tie-in que d’une partie de Milk Wars. L’intrigue ne progresse pas le moins du monde, mais est-ce réellement un problème ? Quand un numéro assure une telle qualité de lecture (lait-cture) et une écriture aussi réfléchie et passionnante dans la symbolique et la représentation de Diana, je ne peux que réclamer plus de numéros comme ceux-ci plutôt qu’une nouvelle mini-série tie-in à Metal.