Alors que la Justice League s’est remise sur pied avec Christopher Priest, la Justice Legue of America continue sa route, sous le radar des titres les plus vendus. Il est question ici de l’arrivée de Promethea, le personnage d’Alan Moore. L’annonce a fait couler beaucoup d’encre et à fait pousser nombre de cris. Qu’en est-il, dans cette conclusion de l’arc face à la Reine des Songes ?
Fables and Reflections
Steve Orlando nous a entraîné depuis plusieurs mois dans des aventures variées. On se laisse emporter par les arcs se succédant jusqu’à celui-ci focalisé sur Killer Frost. Celle-ci amène la Queen of Fables à réaliser son souhait le plus cher : annuler sa « malédiction ». Une situation plus complexe qu’il n’y parait. Depuis son lancement, le public semble attendre une fin de chaque situation. Or, Steve Orlando ne fait que surenchérir, sans jamais chercher à atteindre une finalité concrète. Bien plus que des histoires orientées vers tel ou tel personnage, Justice League of America est l’histoire d’une équipe, après avoir été l’histoire de sa construction.
Ce numéro ne déroge pas à la règle. La ligue continue à tenir ce rythme d’évolution constante. Elle ne se divise pas (encore ?), mais est en proie à quelques tensions comme toujours. Steve Orlando tient une écriture convaincante de la Queen of Fables, ainsi que des membres de l’équipe. On pourra trouver le final un peu facile, néanmoins, l’écriture est une véritable force pour le titre. Vixen– dont le nouveau costume réfère à sa première apparition dans Action Comics #521 – est l’exemple même du personnage ayant subi une grande évolution. Que ce soit par l’utilisation intelligente de ses pouvoirs (se limitant en général à de la chouette, rhinocéros ou autre éléphant) ou dans son rôle de remplaçante en tant que chef d’équipe. Le personnage bénéficie d’un caractère à la fois vraisemblable et original pour un personnage aussi secondaire que celui-ci.
DC méchant, Alan Moore gentil ?
Passons au centre de l’intérêt public quant à ce numéro. Promethea apparaît, en effet. Elle agit activement au sein de l’univers, en luttant contre la Queen of Fables. Le public s’est emballé dès l’annonce. Et si il est certain que l’utilisation du personnage sans l’accord des artistes peut être révoltant, il n’est pas question de boycotter le titre. La situation y est propice, et Promethea, contrairement à ce qui a été dit, ne tient qu’à ce rôle d’apparition. Elle n’annonce qu’un petit point de passage entre elle et l’univers DC. A vous d’interpréter la chose comme un avertissement, une prise de la température à un projet de fusion, ou un simple clin d’œil de la part du scénariste. Puisque Promethea n’est aucunement réduite au traitement général de personnage de l’univers DC. Steve Orlando s’est fixé certaines limites, et a fait de Promethea un personnage de fond, qui s’inscrit dans le décor et uniquement venue pour accomplir sa propre mission. Son apparition fait sens et pourrait livrer quelques petites conséquences au sein de l’équipe par une scène finale forte en émotion malgré tout.
Un personnage respecté dans son écriture, que Neil Edwards embelli de ses traits. Il réussit à lui procurer cette aura et ce charme qui lui est propre – n’en déplaise à J.H. Williams III. Et ce malgré une colorisation Hi-Fi qui peut effrayer lorsqu’on remarque les crédits, mais force est d’avouer que le rendu est tout bonnement splendide. Les couleurs sont nombreuses et éclatantes, et le style de Neil Edwards s’y prête tout en conservant une représentation moderne et dynamique du comic-book.
En somme, Justice League of America est une réussite. Cette conclusion transporte, et parvient même à livrer un cliffhanger efficace, inattendu et crédible. Pour ce qui est de Promethea, non, son arrivée sur le titre et l’univers DC n’était en aucun cas une nécessité. Pour autant, cette apparition est parfaitement réalisée et maîtrisée par les deux pôles de cette équipe créative, qui a su comprendre le personnage et se fixer leurs limites.
Du coup la série, dans sa globalité, vaut le coup ?
A ses débuts, j’aurais dit que non. Le titre avait un aspect de référence unique à la JLI sans jamais atteindre le niveau du titre référence, la faute à un aspect mainstream qui a vite fait dégringoler les espoirs placés sur le titre. Et la composition de l’équipe dérangeait. Avec le temps, on s’est quelque peu habitué, mais surtout, Orlando a approfondi ses personnages.
Il n’y a rien d’extraordinaire, mais les aventures sont variées, font écho à un esprit du comic-book que je pensais perdu. Mais surtout, c’est l’écriture d’une équipe qui vit ensemble, qui lutte ensemble, et évolue en permanence.
Le titre à quelques flops (son premier arc, et la recherche de Ray Palmer malgré un final impressionnant), mais reste dans son ensemble très bon !