Review VO – JLA/Doom Patrol Special #1 (Event Milk Wars)

Milk War commence dès maintenant avec la rencontre entre la Justice League of America et la Doom Patrol. Ce crossover annoncé en laissait perplexes certains quant à une rencontre entre le label marginal et l’univers tout beau, tout propre de DC et laissant indifférent une majorité. On ne va pas se mentir, Young Animal, pour ceux qui lisent, est un label qui a bien changé les comics chez DC. Et les modifications s’accompagnent jusque dans ce crossover qui ne perd en rien de son originalité.

Lait perché

L’entreprise Retcon fait des siennes, et un personnage qu’on n’attendait pas fait son apparition soudaine, et promet bien des situations par la suite. Le quatrième mur est sacrément mis à mal, déjà par le lien fort avec le titre Doom Patrol, et la Retcon au centre de l’intrigue. Les personnages de la Doom Patrol apportent beaucoup à cette histoire qui réussit à réunir l’approche légère de la Justice League of America et la technicité du titre Doom Patrol ainsi que son esprit.

Gerard Way semble pouvoir faire ce qu’il veut avec les personnages les plus fous de l’univers DC. Nous n’attendons plus que Detective Chimp, les Wonder Twins et Ambush Bug pour clore le crossover. Son duo avec Steve Orlando fonctionne à merveille. Les scénaristes ne cherchent en aucun cas à aseptiser les comics pour ce crossover, au contraire. Les objectifs sont multiples et louables. En rapport avec Young Animal, ce crossover se veut être un pont entre les deux univers, une première approche. Or, ce sont des éléments de l’univers de la Doom Patrol qui sont amenés ici. Ce qui gâche en quelque sorte l’histoire, et d’une certaine manière, la complexifie un peu plus.

Ce numéro est une succession de réflexions sur les comics, et principalement, les comics chez DC, une auto-critique officieuse. Ces réflexions s’étendent jusqu’à la considération du comic-book et ce qu’il permet. Un numéro incroyable qui rappelle ce qu’est censé être le monde des comics. Je vous renvoie à mon humeur de ce lundi, et souhaite y ajouter que la Doom Patrol n’est pas qu’un titre. Elle est cette police du bon goût, qui défend l’art du comic-book. Et si on peut considérer cette lutte comme vaine, on ne peut qu’admirer la présence d’artistes dans l’industrie qui luttent pour.

Milk Coffee & Sugar

Ce numéro n’est pas dénué de défauts. Premièrement sa complexité peut perdre le lecteur, d’autant plus les novices ou ceux qui n’ont pas lu Doom Patrol – et si tel est votre cas, faites comme votre rédacteur et rattrapez le tout. L’autre, bien plus flagrant, est l’utilisation de la Justice League of America qui tient plus le rôle de décor pour le moment que de réelle équipe de super-héros. Une équipe loin d’être inutile, mais qui sert d’exemple et de représentation pour un univers bien plus vaste, celui de New Earth. On appréciera évidemment l’intelligence avec laquelle sont traitées les équipes. Nous sommes bien loin des crossover aux affrontements gratuits, mais bien dans une histoire intelligente. Chose de plus en plus rare aujourd’hui.

Le tout est brillamment illustré par Aco, dessinateur considéré comme un second couteau chez DC, mais dont le travail est surprenant. On a pu l’apercevoir sur Midnighter, ou Constantine. Son style est très souple sans jouer sur la déformation, et est souvent accompagné de couleurs vives. Les coloristes jouent souvent sur des contrastes avec lui lors de mises en scènes particulières, qui tend ici vers un certain extrême. L’artiste ne compte pas ses heures et livre plusieurs double pages impressionnantes. Qu’il s’agisse de la mise en page, des couleurs, des décors ou des personnages, le travail est soigné sur tous les plans. Sans chercher à copier le style de Nick Derington, il est l’artiste parfait rassemblant l’esprit des deux titres.

Milk War ne se présente définitivement pas comme un crossover estival et semble tenter quelque chose de neuf, de poussé et d’aussi délirant entre l’ensemble des titres Young Animal. Un crossover de grande envergure pour ce petit et jeune label qui pourrait bien être nécessaire à tout lecteur du moindre titre Young Animal. Gerard Way continue de marquer les comics d’une empreinte qui devient de plus en plus signe de qualité.