L’humeur du lundi #61 – Doom Patrol, patrouille du bonheur, patrouille de mon cœur

Hier, dimanche, a eu lieu une grande réunion DC Planet où était convié le Staff dans son intégralité. La situation était critique. Les humeurs du lundi avaient pris un ton pessimiste et il fallait y remédier au plus vite ! Les réactions fusaient. Harley crachait du feu après Zeppeli, MFW dormait, Darthfry riait suite à ses blagues (imaginez Bane en plein fou rire, c’est la même chose), et Blue mangeait des gnougnous. Lorsque j’ai pu voir ce joli jeune homme croquer dans le ventre moelleux de l’ourson, et que sa guimauve coulait, l’idée m’est venue. Nos regards se sont croisés. Ses yeux se sont illuminés. Je lui ai souri, il a souri. Je lui ai lancé un regard en coin en acquiesçant au ralenti (comme dans toute bonne sitcom), et je me suis rendu compte que Jake Gyllenhaal était juste derrière moi, et que tout ceci lui était destiné. Mais je ne pouvais faire une seconde humeur du lundi sur les adaptations de comics, dont on entend bien trop parler, malgré ses lèvres aussi parfaites ! Jake pose sa main sur mon épaule, et me dit en Suédois : « Jag älskar marshmallow ungar ! ». Ce qui voulait dire : « Lis mois ça, mec ! » en me tendant la Doom Patrol de Gerard Way.

Action Cat

Ce week-end, j’ai (enfin) rattrapé mon retard sur la Doom Patrol et je devais impérativement vous en parler de manière pleinement subjective. Puisque depuis l’arrivée de Madman, et donc de Mike Allred, dans le monde des comics, l’aspect rock psychédélique lui est associé. Comme si il était impossible de parler de Allred sans se référer à cette esthétique comme seule représentation d’une forme psyché/rock. Et malgré tout mon amour pour Allred, cette analyse prenait de plus en plus la forme de lieu commun, dans cette tendance à valoriser un artiste au détriment d’autres qui étaient/sont dans une veine similaire selon les travaux, et je pense ici à Paul Pope comme pour son Heavy Liquid.

Doom Patrol vient taper dans la fourmilière avec Nick Derington, qui n’avait réalisé avant que quelques travaux indépendants dont je ne peux parler (pour le moment). Son style mêle précision sur certains personnages, et une approche plus épurée pour d’autres dans une même harmonie. La distinction est minime, grâce à des effets soignés. Le résultat ne se limite pas au dessinateur. Tamra Bonvillain fait un travail exceptionnel sur des couleurs vives, flamboyantes et encore une fois harmonieuses. On n’y pense pas forcément, mais Doom Patrol joue sur des points complexes qui pourraient faire chuter le titre dans des cases liées aux sous-genres parce que tombé dans l’excès d’un aspect particulier. J’en veux pour exemple ce style psychédélique appuyé sur un plot déjanté.

Drugstore Perfume

Seulement, Gerard Way est un foutu génie ; un esprit créateur complètement dingue qui joue avec des concepts simples d’apparence à travers le nothing et le everything mais dont l’utilisation et la représentation sont bien plus complexes pour l’équipe créative. Gerard Way a su développer cet aspect de folie à travers ses productions musicales avec les albums produits alors qu’il était leader du groupe My Chemical Romance. Une progression qui se ressent surtout entre ces albums et son unique album solo. Un passé qui a permis un développement personnel, des productions écrites dans le monde du comic-book indépendant avec Umbrella Academy (prochainement adapté pour Netflix) ou Killjoys. Doom Patrol marque autant son arrivée chez DC qu’une réussite artistique pleinement méritée. Son caractère s’approche bien plus de l’artiste que du commerçant, ce qui permet l’arrivée entre nos mains de produits aussi soignés.

Gerard Way trouve avec Doom Patrol une équipe pleinement destinée à ses genres de projets originaux et déjantés. Il joue sur les timelines, sur les concepts propres aux comics, les brise sans briser la cohérence de son histoire. Il réussit à rendre sa folie compréhensible à travers quelques règles. Doom Patrol est la valeur artistique du comics contemporain chez DC. Il y a de cela quelques années, je m’interrogeais sur les classiques de demain, et partageais une certaine peur d’un comics qui tendait à s’abrutir et répondre aux codes de l’éditeur qui hier étaient imposés par une censure. Et je suis ravi de lire actuellement un titre Doom Patrol qui ne répond à aucune de ces attentes, aucun de ces schémas, et qui possède un parti pris artistique, une personnalité unique ; un comics dont on parlera encore longtemps. Si aujourd’hui on peut se plaindre d’un rythme de parution irrégulier, ce titre sera certainement le seul actuellement dont on pourra se vanter d’avoir pu vivre au rythme des numéros, d’avoir attendu impatiemment la réalisation d’une histoire aussi originale.

Que vous me rejoignez sur ce point ou non, c’est avec bonne humeur, comme promis, que nous entamons cette nouvelle semaine. Lisez Doom Patrol, lisez des comics, lisez DC Planet. On vous aime !

Ps : regardez qui s’invite dans les clips de My Chemical Romance