Review VF – Justice League of America Tome 3 : Monde Futur

Le run de Morrison fait son chemin dans les librairies francophones avec un troisième tome plutôt attendu qui proposera pour le première fois des numéros jusqu’alors inédits. Le run de Grant Morrison, pourtant grandement apprécié ici, n’a jamais connu une publication intégrale. Et nous touchons à un point culminant de ce run avec l’événement One Million qu’Urban n’a pas publié intégralement et dont nous retrouvons ici les éléments essentiels.

Arizona Dream

Les arcs des années 90 issus du titre JLA se succèdent dans des histoires plus ou moins brèves, sans jamais être dénués d’un moindre sens. Mark Millar et Grant Morrison nous surprennent. Les deux anciens meilleurs amis écossais soignent leurs travaux et lancent la première équipe de super-héros dans des aventures plus originales les unes que les autres. On remarquera l’insertion de personnages secondaires de l’univers DC comme Adam Strange ou encore Atom qui viendront faire leur apparition, mais surtout l’arrivée inattendue de Dream de l’univers Sandman. Une arrivée surprenante dans un univers différent, mais dont la pertinence et le maniement des personnages et des situations par Morrison rendent le tout logique et plus qu’acceptable.

Les histoires présentes n’ont rien de marquant dans la continuité chez DC. Plus que la continuité, ce sont des histoires destinées à bouleverser le lecteur, lui apporter une réflexion sur des éléments plus ou moins abstraits. Le tout en cherchant à l’impressionner, car si réflexion il y a, la différence entre Neil Gaiman et Grant Morrison, c’est bien une action démesurée chez l’un et un univers fantastique et fantomatique au possible chez l’autre. Néanmoins, le sujet s’y prête, et les effets recherchés font mouche à chaque fois.

Les risques sont pourtant élevés quant au fait de créer une rupture entre l’histoire et le lecteur par des éléments n’ayant que peu de rapport, mais dont le contexte solidifie le tout et créé une cohérence dans cet univers fictif trouvant son originalité sous la plume de Morrison. Accompagné de Howard Porter, le dessinateur signe l’un de ses meilleurs travaux depuis le premier volume de cette collection. Représentation iconique et action extrême, l’artiste ne se limite pas à une représentation mainstream de l’univers super-héroïque et n’hésite pas à réaliser des planches complexes, des plans larges et joue sur nombre de plans en plongée. La colorisation digitale s’améliore, surtout en comparaison à un premier volume qui pouvait en laisser plus d’un dubitatif, pour un rendu plus épuré mais toujours aussi vif pour le plaisir des yeux.

One Million Ways To Die

Le gros événement du recueil est bien One Million. Réputé dans le milieu pour sa complexité dans son accessibilité en terme de connaissances de l’univers, des éléments créés/réutilisés, et sa masse de numéros spéciaux absents de cet album, Urban choisit de présenter les quatre numéros de la série principale et un numéro tie-in, le plus important, celui de cette Justice League du futur, quelque peu croisée avec la Légion. On peut reconnaître la volonté de simplifier au mieux cet événement qui a tendance à se disperser, cependant, on ne peut cacher le fait qu’on y perde grandement. La construction de l’événement est déjà complexe et ressemble un peu à ce qui a pu être fait avec Legends dans l’album La Légende de Darkseid qui ne comprenait que la mini-série principale, alors qu’elle tient ce rôle de fil rouge, nouant tous les événements annexes.

On retiendra un pitch plus qu’ambitieux, malgré des grandes lignes assez simples, qui évite le cliché habituel entre une équipe et une inconnue. Cette ligue du futur apparaît d’autant plus intéressante que Morrison leur donne une grande crédibilité sans passer par la case de présentation classique. Cette présentation, c’est bien cet unique numéro spécial qui va nous la fournir. Un unique numéro qui vous donnera l’envie de vous renseigner et de chercher plus d’aventures sur ce futur particulier et au design intéressant. L’événement One Million est dessiné par Val Semeiks. Un artiste au style quelque peu différent de celui de Porter, aux traits bien plus proches du cartoon. Si on perd cette dimension iconique, Val Semeiks conserve cet esprit de la ligue avec des représentations et mises en page dynamiques et copie certaines habitudes du style de Porter comme les plans de face avec des personnages en pleine course.

Ce troisième volume est plus qu’intéressant et charmera tout passionné de la ligue et plus encore, les fans de Morrison. Un album qui a le mérite d’explorer plusieurs dimensions de l’univers DC, de lui en offrir tout en étant accompagné d’un événement de taille souffrant d’une certaine confusion.