À l’aube de la sortie de Justice League dans les salles de cinéma, Urban Comics sautait sur l’occasion pour dédier à l’équipe l’une de leurs célèbres anthologies, qui ont jusque là été très efficaces et une véritable aubaine pour les non initiés des comics DC. Ici, l’éditeur vous retracera les différents rosters marquants que la Justice League a connu au fil du temps et des Crises, puisque son remaniement sera régulièrement l’une des conséquences de ces grands événements. Il ne reste plus qu’à voir si cette Justice League Anthologie fait bien son office de recueil accessible, informatif et divertissant.
Une sélection complète et pertinente
Tout d’abord, on ne peut qu’apprécier le choix de numéros qui a été fait. Toutes les grandes périodes de la Justice League sont présentes, de leur fondation en 1960 à la période post-Crisis que tout le monde reconnaît sous le nom de Justice League International aujourd’hui, en passant par celle de Détroit, les Magnificent Seven de Morrison ou encore la JLA de Meltzer qui fait suite à Infinite Crisis. Non seulement cette chronologie est bien représentée, mais en plus Urban Comics débute comme toujours les numéros d’une courte introduction pour expliquer le contexte de ces histoires, et c’est là l’un des plus gros points forts de leurs anthologies, car c’est dans ces textes que l’on peut en apprendre le plus sur nos héros. Cette grande source d’informations en devient alors aussi intéressante que la lecture des récits qui les suivent en vous donnant toutes les clés pour comprendre cet univers.
Certains numéros sont naturellement choisis car ils sont des pierres angulaires de la Justice League, comme sa première apparition, le #200 ou les recrutements d’une nouvelle équipe, mais d’autres sont plus originaux et représentent simplement mieux l’esprit du titre en cette période, comme le prouve ceux de la JLI, et notamment le DC Retroactive JLA (qui ne date même pas des années 90). Ce recueil a également comme avantage que la Ligue n’a été créée qu’en 1960, ce qui fait que les réfractaires au Golden Age seront tranquilles, et de même, seuls deux récits concernent le Silver Age, le premier étant sa création et le deuxième un très bon numéro sur Martian Manhunter (et qui est déjà dans l’esprit du Bronze Age avec un scénario de Dennis O’Neil). Urban aura opté en fin de l’anthologie, et donc notre époque, pour deux numéros proposant chacun une histoire en one-shot qui implique Dick Grayson et le rôle des sidekicks de nos héros, ce qui termine la lecture avec une notion d’héritage supplémentaire et bienvenue.
Comme je viens de le dire, ces numéros ont l’apparence de one-shots, et Urban évite tant que possible de ne pas tomber en plein milieu d’une intrigue, même si quelques détails concerneront inévitablement le fil rouge de leur run respectif. En réalité, je trouve ce dernier point d’autant plus intéressant car ces histoires attisent vraiment la curiosité du lecteur, même sur des parties de l’histoire de la JLA qui ne risquent pas de sortir de sitôt en librairie. Les doublons sont également évités (mis à part le JLA #27 de Millar peut-être) et on échappe au sempiternel Justice League #1 de Geoff Johns et Jim Lee, par exemple. Cependant, je regrette de ne pas avoir eu assez de numéros introduisant certains personnages clés, tels que le recrutement de Green Arrow ou Atom, mais on pourrait établir une anthologie rien que pour eux tellement la Ligue a connu de membres.
D’excellentes découvertes
Enfin, si vous n’êtes pas un incollable sur l’équipe, il y a de très fortes chances que vous découvriez des choses très intéressantes dans ces lectures. Ce sera peut-être l’occasion de vous convaincre que la Justice League International est vraiment incontournable, et ce sans les gros bras habituels, et qu’un titre JL peut être vraiment drôle (le DC Retroactive en est une belle preuve). Vous pourrez également apprécier au mieux le Justice League of America #0 de Brad Meltzer et d’une flopée de bons artistes, puisqu’il joue beaucoup sur l’historique de l’équipe et que vous aurez découvert toute l’histoire de la JL dans les pages le précédant. Ce dernier est d’ailleurs à mon sens le meilleur de tous, rappelant la Trinité au centre du groupe, retraçant toutes ses années à combattre ensemble tout en nous préparant à l’avenir, et qui montre bien le lien indéfectible qu’ont Wonder Woman, Superman et Batman. Les autres numéros ne sont pas en reste, tous sont très bons et vous remarquerez qu’ils sont toujours gâtés par les meilleurs scénaristes et artistes de leur génération. Ainsi, même les connaisseurs pourront se satisfaire de ce recueil qui pourront simplement se sustenter de ces bonnes histoires.
Avec des choix de titres très pertinents, cette Justice League Anthologie est donc une grande réussite qui permettra aux intéressés de connaître l’histoire de la Ligue à travers toutes ses formations, et ainsi ne plus se suffire à la version de la série animée dans leur imaginaire. C’est en effet l’occasion de découvrir de nouveaux titres, de nouveaux auteurs et artistes, tous all-stars, et peut-être de devenir fan d’un nouveau personnage DC (au hasard, Guy Gardner, mon gars sûr). Évidemment, cela va vous donner envie de commencer JLI ou la JLA de Morrison qu’Urban est en train de publier, mais l’éditeur fait bien son travail en touchant à tout avec beaucoup d’inédits et en vous procurant toutes les informations importantes pour apprécier ces histoires au mieux et de votre côté, vous aurez droit à de très bonnes lectures. Y a pas à dire, il est quand même mieux, le monde des comics.