Review VF – Récit Complet Batman #4 : Un Noël à Gotham

Avec l’arrivée de Noël… Après Noël, Urban décide de prolonger cette période de froid et de joie avec un Hors-Série spécial dédié à cet esprit de Noël qui a su posséder votre télévision, les chaînes d’information et tout autre flux sur les réseaux sociaux.

Ce récit complet tient plus d’une compilation que d’un réel récit. La succession d’histoires est issue de numéros spéciaux complets et récents (Batman Annual #1 et DC Rebirth Holiday Special #1) qui sont le cœur du numéro. Urban y rajoutera son ingrédient secret pour boucher les trous, c’est à dire piocher dans les vieux comics. La compilation tient la route. Le thème de Noël et le rythme d’histoires brèves rend l’insertion de ces numéros supplémentaires tout à fait cohérente. N’en déplaise à ceux qui pensaient trouver un lien avec l’intrigue Rebirth ou un complément aux titres de Batman Rebirth, le Batman Annual tient également ce rôle de récit de Noël.

The Father Christmas Letters

Pour autant, les équipes créatives nous mettent en confiance : Tom King, David Finch, Scott Snyder, Paul Dini, Neal Adams, Steve Orlando, Tim Seeley, Ian Churchill, Dan Jurgens, James Tynion IV, Gene Luen Yang, Elsa Charretier, Mike W. Barr, Mike Friedrich ou encore Denny O’Neil ! Bien loin de leurs grands travaux, ne vous attendez pas à retrouver dans ce numéro des histoires qui se retrouveront dans vos meilleures lectures. Dans l’ensemble, on peut saluer les dessinateurs qui font preuve d’un très bon niveau et permettent la découverte de bien des styles, et de bien des talents. La mauvaise nouvelle reste que la plupart resteront cachés car non-conventionnels. Et c’est bien dommage.

Le Batman Annual #1 laisse dubitatif. On appréciera l’histoire de Tom King qui est amusante, tout comme celle de Scott Snyder. Mais on ne pourra qu’être déçu de celle de Steve Orlando qui n’est qu’une amorce à sa mini-série Batman/The Shadow que n’a pas annoncée par Urban, du moins, pas pour le moment. On conclue sur une dernière histoire bien trop longue pour le format ce qui nous donne une dernière page extrêmement serrée. La perception des constructions nues du récit brise le lien et rien ne fonctionne.

Merry Christmas, Mr Lawrence

Pour relever le niveau, le numéro spécial DC Rebirth apporte Elsa Charretier, l’artiste française la plus populaire du milieu des comics qui signe le fil rouge : des pages sous formes de sketch mettant en scène un soir de Noël avec les héros DC et notamment Harley Quinn. Ces histoires n’ont pourtant aucun lien, et ce fil rouge n’a pas de réelle fonction sinon celle de créer une coupure entre une histoire et une autre de temps à autre, ou rappeler l’introduction pour une conclusion. L’intention est louable et il ne s’agit de rien de bien dérangeant mais il est tout de même dommage que ce qui pouvait être utilisé comme un atout ne tienne que le rôle de sketch intermédiaire, surtout avec Elsa Charretier aux dessins. Les histoires qui suivent sont pour le moins appréciables. L’esprit est bien retranscrit, de bonnes variations sont utilisées. On retiendra une histoire touchante de Flash, quelques scènes amusantes avec Superman, et surtout une enquête du tonnerre avec le duo Batman/Detective Chimp le tout dans un style unique ! C’est court, mais c’est la grande raison de votre achat. Jamais plus vous n’aurez l’occasion de voir ça, encore moins en VF.

Du côté des oldies, quelques perles rares sont présentes. Des numéros emblématiques avec Batman #219 où Batman chante Noël à Gotham, une histoire des plus touchantes avec The Brave and The Bold #184 signé Mike W. Barr et Jim Aparo. Ces histoires peuvent sembler kitsch, trop faciles, et il est fort probable que la disposition, le fait de faire suite à tant d’histoires aussi légères que ces deux numéros spéciaux récents nous place dans un rythme. On se trouve dans l’attente d’une autre histoire du même aspect. Et la tonalité dramatique est brisée par cette attente, car elle ne correspond pas. Étrangement, ce sont ces numéros du passé qui se trouvent être les plus sérieux, les plus dramatiques et ceux qui réussissent à la fois à poser une réflexion sur le personnage à travers lui en conservant ce thème de Noël. Ce récit complet se clôt sur une dernière pépite qui en étonnera plus d’un, où on retrouve Frank Miller dessinant Batman dans un décor innocent, mais une histoire qui ne l’est pas tant. Loin des chefs-d’œuvre pour lesquels on connaît l’artiste, cette courte histoire est la petite anecdote sur l’artiste amusante à lire comme à connaître.

En somme, ces récits complets (pour la plupart) remplissent leur rôle d’histoires de Noël et certaines sont vraiment très amusantes. Vous trouverez satisfaction à travers ce numéro mais rien de plus. Un peu d’humour, un peu de drame, beaucoup de situations inédites, mais rien de marquant, rien d’artistiquement époustouflant. Ce numéro doit apparaître comme un recueil d’histoires destinés à la découverte d’artistes et de personnages. On ne peut que le conseiller, mais avec un léger avertissement concernant sa forme différente des autres récits complets. Ceci dit, si vous avez 6€ à perdre, le pari n’est pas trop élevé vu le contenu.