Après le passage des médias sur le sujet du livre électronique et la petite différenciation avec le livre papier, que j’arrive avec un peu plus de recul parler du sujet. Leurs spécialistes venus du futur, sorte de pythies défoncées au thé vert, prédisaient la fin du livre papier. Plutôt que de soutenir tel ou tel “camp”, ce Off My Mind va simplement permettre de partager mon expérience et chercher les points positifs comme négatifs dans chacun des outils de lecture.
L’odeur du papier
Je pense que vous les connaissez déjà, le digital a ses bons côtés pratiques. Il permet une lecture dans les transports d’albums que vous n’oseriez pas sortir de chez vous. Qui plus est, il permet également de découvrir certains trésors des comics qui ne sont plus édités, et qui ne le seront certainement plus, ou du moins, pas avant un sacré moment, un moyen de découverte donc, mais surtout une accentuation de la consommation. Les questions qui reviennent souvent tournent généralement autour du lien entre le lecteur et l’objet.
Pour le bien de cet article, j’ai fait une petite expérience sur le jugement apporté à un même comics papier et digital. J’ai pu lire Teen Titans Rebirth en VO. Je me suis arrêté au troisième numéro. Le mois dernier, Urban a sorti les deux premiers arcs dans sa collection kiosque : Un Récit Complet Batman. Je l’ai acheté et lu. Sans pour autant avoir vécu une expérience de lecture incroyable avec ce Teen Titans Rebirth, le retour au papier a rendu ces sept numéros bien plus agréables. Il est vrai que le format y joue un rôle, et de même pour un effet nostalgique du kiosque bien épais. Ceci dit, le papier rend plus agréable la lecture par un format plus adéquate, la capacité de voir et lire une page complète, ce que ne peut pas permettre un ordinateur par exemple. Seule une grande tablette (du 15/16″) réussit cet exploit. Mais bonne chance pour les splash-page qui n’ont plus rien d’impressionnant mais deviennent presque un calvaire. Pour cela, Comixology a réussi une certaine adaptation qui en laissera plus d’un perplexe dans cet affichage en case par case pour une lecture adaptée pour portables et petites tablettes.
La lecture digitale, une option à défauts
L’idée générale est qu’une tablette (qui est certainement le meilleur moyen de lire un comics) retire à l’acte de lecture le rapport entre un objet unique et son lecteur. Si c’est bien ce qui vous rend perplexe au passage au digital, restez sur le format papier. Si vous craignez de ne plus lire que du digital, sachez qu’il est très difficile de se détacher complètement du format papier. La lecture de comics en digital supprime la notion d’objet. La lecture est généralement fatigante et force est de l’admettre, le plaisir de lecture est amoindri. Une fatigue causée par le maintien d’un même objet entre les mains comme outil de lecture, sans jamais retrouver l’objet à lire, et ce sans parler de l’écran. Est-ce une question d’habitude ? Après plus de deux ans à lire des singles VO en digital, il faut bien admettre que l’habitude y est.
Une routine s’installe et on se retrouve à enchaîner les comics semaine après semaine. L’écran glacé d’une tablette ne rend pas impossible une quelconque émotion, mais les effets désirés touchent plus difficilement le lecteur. Le simple fait que le comics ne soit pas créé pour être lu en digital rend le produit physique meilleur. Le papier est bien plus appréciable, ne serait-ce que par la sensation de tenir l’oeuvre même entre les mains.
Un article très subjectif et bien plus court qu’à mon habitude, mais qui, je l’espère, permettra à certains d’y voir plus clair dans l’expérience de lecture entre le digital et le papier. Il reste certain que le digital est bien plus rentable entre le pass « Unlimited » de ComiXology et leurs promotions folles sans parler des autres sites dont on ne fera pas l’apologie. Il ne vous reste plus qu’à voir si l’investissement vaut le plaisir reçu et la défense du format des singles souvent remis en question. Quoi qu’il en soit, concernant les comics, comme la littérature, le format digital n’est au mieux qu’un substitut au format papier ou un outil de découverte pour des lectures inaccessibles.
Sentir le papier. Toucher le papier. Tourner les pages. Pouvoir lire dans son bain sans avoir peur de faire tomber la tablette. Revenir plus facilement en arrière. Avoir un bordel sans nom dans sa bibliothèque surcharger.
vs
Lire tout, tout de suite, presque partout, sans avoir peur de laisser des doigts sur les pages ou retrouver des pages déchirées par un enfant. Je choisis vite mon camp.
(Ps : Mes bibliothèques ne me disent pas merci, ni l’écologie et les forêts)
La question du papier est un faux débat écologique puisque de plus en plus on recycle de très forts pourcentages de papier! Si ca peux te rassurer ;)
Le problème des forets, c’est plutôt le carton, qui lui demande de très grandes quantités d’eau pour être fabriqués, et qui a explosé en demande mondiale!
Sinon, j’ai essayé de lire en digital (des mangas à l’époque), c’est très pénible à lire je trouve et je me fatigue bien plus vite! Et puis le toucher du papier est incomparable, on crée un lien direct avec le produit (livre, comics, bd,…) ce qui est, pour ma part, un nécessaire à l’épanouissement de mon émotion.
Bien qu’aillant une préférence nette pour le papier, je fus surpris par le confort de lecture de livre sur tablette spécialisée pour les livres (marque kobo), mais j’ai un peu été déçu quant aux comics.
J’y ajoute un autre avantage, quand je lis un livre au plumard cela m’évite d’allumer une lumière et ainsi de réveiller ma compagne.
Il y a quelques années, mes livres et comics commençaient vraiment à prendre de la place, au grand désespoir de ma moitié qui s’en plaignait pas mal. Puis mon anniversaire arriva, et j’ai eu droit à une tablette et deux liseuses par mes amis (oui bon elle se plaignait beaucoup :p). Depuis, j’utilise souvent la tablette pour surfer sur le net….et j’ai deux liseuses neuves et une bibliothèque plus importante :)
À vrai dire, j’ai déjà essayé la lecture digitale de comics et de littérature 2-3 fois. Ça rend plutôt bien et ce n’est pas encombrant mais je n’ai pas eu le même plaisir qu’avec du papier, du coup j’ai lâché l’affaire.
@Harley : Mon fils commence à marcher et fouiller partout depuis peu, ton commentaire me fait penser qu’il faudra que je fasse à ce que je laisse trainer ;)
C’est un peu ça.
Pour ce qui est de la liseuse également. C’est utile pour certaines situations, mais le livre reste (même inconsciemment) préféré.
Et je suis à 200% d’accord. Le rétro éclairage est d’une aide incroyable dans le lit !
Pour moi, lire sur du papier est bien mieux, ne serait-ce que pour l’aspect » intimiste « . Je trouve que de prendre un bouquin et de se plonger dedans de ses mains permet au livre de plus nous rentrer dedans, il n’y a quasiment aucune barrière ce qui rend la lecture plus forte ( et c’est plus plaisant de naviguer via des livres pour chercher une lecture que de chercher via une base de donnée^^ )
Enfin, si je devais comparer, je dirais que pour moi, lire sur du digital est l’équivalent de regarder un film à la télé ou d’écouter de la musique sur une autoradio. C’est bien mais ce n’est pas optimal
Il faut surtout se demander ce qu’on veut consommer : le récit ou l’objet livre.
Plus le temps passe et plus j’adhère au single numérique, et de préférence en back issue, soit à prix réduit. Le single papier, c’est bien sympa quand tu commences et que tu cherches du collector mais, à terme, c’est un véritable enfer qui fout en l’air bêtement de l’espace dans ton logement et qui va peu à peu grignoter la place des autres occupants. Si à la rigueur, ça offrait quelque chose de joli à contempler, pourquoi pas, mais des Long Box, même customisées, renfermant des centaines de singles qu’on ne voit pas et qu’on ouvrira plus, c’est juste un entassement de cartons.
Outre le gain d’espace, j’ai l’impression que le digital me permet de lire plus et surtout plus intelligemment. Libéré du souci incontournable de la précommande à réaliser pour avoir le numéro, en temps et en heure, on peut se tourner vers d’autres publications que l’on aura choisi de lire et pas subir le énième événement de Snyder qui est à ne surtout pas manquer puisqu’il va retourner tout le DCU, ou encore la série qui chaque mois promet du changement et ne fait rien qu’apporter la dose quotidienne de Flash/Superman/Teen Titans/etc….
Après, lire en numérique requiert un certain investissement, il faut une bonne tablette pour avoir le même plaisir de lecture qu’avec le papier, mais quand on voit les prix Comixology à 2€ le TPB, et 5€ l’omnibus, c’est rentabilisé en un temps record.
C’est cool d’avoir son numéro papier, surtout quand aujourd’hui encore, sur certains sites, ça te revient encore moins cher qu’en digital (le comble), et c’est chouette d’avoir LE numéro emblématique de telle ou telle série. Mais ça reste du matérialisme de base ^^
Et ça, c’est juste pour les singles. Maintenant, s’il faut aborder le HC/TPB/Omnibus, on entre dans tout un tas de considérations différentes.
Je ne vois d’intérêt que le prix pour le numérique. Le débat des TPB/HC/Omnibus ne se pose même pas. Investir dans un Omnibus c’est chercher un bel objet, et une masse de lecture. Un album imposant qui se remarque dans une bibliothèque. Ce que le numérique n’offre pas.
Pas d’autre intérêt que le prix ? C’est que tu ne m’as pas lu ^^
Quant aux reliures, oui, je suis tout-à-fait d’accord avec toi. Quand j’achète le dernier omnibus Spider-Man ou Cry for Blood et Born to run chez Eaglemoss, c’est pas pour le récit, que je possède déjà dans différents formats, c’est très clairement pour l’objet et la compilation pratique dans une bibliothèque. C’est pour ça que je ne rentre pas dans les détails en parlant du numérique, pour moi la consommation de singles et de compendium, c’est pas la même chose, c’est d’ailleurs déjà plus réfléchi dans le second cas (forcément puisque le coût n’est pas le même).
J ai du mal comprendre.
C’est exactement ce que je pensais.
Je suis un lecteur papier, principalement parce que je m’attache bien trop aux biens matériels comme beaucoup, mais il faut avouer que le digital n’a que des avantages (à condition de payer).
Justement, il n’a pas que des avantages. Sinon tu serais déjà au digital x)
Bah si. On ne veut simplement pas quitter nos habitudes, aussi idiotes soient-elles finalement.
Je tends de plus en plus au fil des années au 100% numérique.
1/ raz le bol des dizaines et dizaines de cartons pleins de bouquins qui s’entassent et que tu ne rouvriras jamais, sauf pour te casser le dos lors des démanegements
2/ quand t’es à mi-parcours pour atteindre le passage de la quarantaine et que t’as les yeux niqués, ça devient de plus en plus impossible de lire sur papier sans un excellent éclairage, surtout lorsqu’il y a beaucoup de texte par planche et que les caractères sont en tout petit (Lazarus impossible à lire en physique à titre d’exemple)
3/ quoi de plus pratique qu’une tablette pour lire des comics dans les transports et les pauses déjeuners
4/ de sacrées économies
J’ai arrêté de pouvoir manipuler un livre vers 17 ans. La question ne se pose pas trop pour moi.
Je trouve que certaines affirmations mériteraient d’être davantage développées :
– « le papier rend plus agréable la lecture par un format plus adéquate, la capacité de voir et lire une page complète, ce que ne peut pas permettre un ordinateur par exemple. Seule une grande tablette (du 15/16″) réussit cet exploit. » –> ça passe très bien sur ma tablette 10″. Par contre je suis d’accord sur les doubles pages. Même en orientant la tablette en format paysage, ça reste moins grand et l’effet « wouaah » passe un peu à la trappe (mais on voit mieux les détails au centre, alors qu’ils sont d’ordinaire masqués par la pliure en version reliée).
– « Comixology a réussi une certaine adaptation qui en laissera plus d’un perplexe dans cet affichage en case par case » –> ah ?
– « L’idée générale est qu’une tablette (…) retire à l’acte de lecture le rapport entre un objet unique et son lecteur. » –> je trouve ça honnête de parler d’objet, car un comics est également une histoire. Or on lit une histoire et non un objet. A mon avis il y a beaucoup à creuser dans le double statut objet/histoire d’une BD. J’y reviens plus tard.
– « Si vous craignez de ne plus lire que du digital, sachez qu’il est très difficile de se détacher complètement du format papier. (…) La lecture est généralement fatigante et force est de l’admettre, le plaisir de lecture est amoindri. » –> je pense que cet argument serait plus convaincant si tu disais sur quel support tu lis tes BD numériques : smartphone ? tablette ? écran d’ordinateur ? et dans tous les cas, avec quelle taille d’écran. Il y a un monde entre lire des scans sur écran d’ordinateur et lire un PDF ou un CBZ sur une tablette spécialement acquise pour ça.
– « L’écran glacé d’une tablette ne rend pas impossible une quelconque émotion, mais les effets désirés touchent plus difficilement le lecteur. » –> en quoi ?
– « Le simple fait que le comics ne soit pas créé pour être lu en digital rend le produit physique meilleur. » –> C’est discutable dans le cas de webcomics, voire des digital first de DC qui sont pensés en terme de demi-pages, qui forment des pages complètes une fois en version papier. Autrement, les couleurs d’une version numérique sont en RVB alors que la version papier doit se contenter du CMJN, où certaines couleurs perdent leur intensité. Je n’ai plus le tweet qui comparait une page de la version numérique et de la version papier de Wonder Woman:Earth One (où dans le second cas certaines couleurs devenaient plus ternes), mais le coloriste Nathan Fairbairn a d’autres exemples sur son Tumblr :http://nathanfairbairn.tumblr.com/post/110099391474/rgb-or-not-to-rgb TL;DR : à partir du moment où les coloristes travaillent en numérique mais doivent s’adapter aux contraintes de l’impression, c’est discutable d’affirmer que le comics n’est pas créé pour être lu en digital.
– « Investir dans un Omnibus c’est chercher un bel objet, et une masse de lecture. Un album imposant QUI SE REMARQUE dans une bibliothèque. Ce que le numérique n’offre pas. » –> là je vais volontairement exagérer et être cynique, mais quand je lis l’argument de la bibliothèque, ce que je comprends c’est : « J’ai quelque chose à prouver. Regardez, j’ai les œuvres que tout bon fan de comics se doit d’avoir, et elles se remarquent. Accordez-moi votre validation. »
Tu as aussi l’exemple de Clayton Crain dont les planches sont malheureusement beaucoup plus belles sur tablettes que sur papier où l’impression ne fait qu’assombrir les planches. Surtout sur les minis Carnage, par exemple, où ça peut devenir presque illisible.
Quant à la réflexion sur la bibliothèque, ouai, on va pas se mentir, tu caricatures à peine et ça peut vite virer à du « regardez comment qu’elle est grosse et imposante ma … ». Avec le temps, on apprend à ne garder que ce qui (nous) est essentiel mais, quand, même, difficile de résister a un beau Deluxe ou une variant de Doomsday Clock … ^^’
Quand on évoque la bibliothèque et le numérique, je pense qu’à un moment, on doit forcément faire la distinction entre lire et collectionner. Entre le plaisir suscité par l’histoire et celui qui provient de la possession d’un objet.
Tout lecteur a de grandes chances de se poser la question de la collection à un moment donné, vu qu’à force d’acheter des livres on finit souvent par accumuler pas mal d’ouvrages chez soi. Personnellement j’adore lire mais je déteste de plus en plus l’accumulation des objets chez moi, donc je suis très fan des bibliothèques et surtout du numérique.
Mais la distinction n’est pas forcément évidente au premier abord, surtout qu’avec les comics VO particulièrement, on a souvent des incitations à la collection, entre les variant covers, les single issues (« le vrai format pour les vrais fans » :P) qu’on essaie de garder impeccables sous leur pochette plastique dans leur carton, les #1 ou numéros anniversaires dont on espère qu’ils prendront de la valeur etc.