C for Crossover #9 : Père Noël Mutant (Marvel) vs Père Noël Fasciste (DC)

– BLUE ! T’ES MORT ! QUATRE MOIS QUE JE TE TRAQUE !
– Joanie, je peux tout t’expliquer…
– C’est la réponse type de tout ceux qui ont quelque chose à se reprocher !
– Mais absolument pas. J’ai une justification très simple à te donner !
– Eh bien vas-y, surprends-moi, donne-moi les raisons de ta longue escapade !
– J’ai… J’ai peur de toi quand tu es dans cet état. Regarde-toi, les éclairs que tes yeux lancent pourraient me réduire en cendres !
– AH PARCE QUE MAINTENANT ÇA VA ÊTRE DE MA FAUTE !
– Wow wow wow… Calme-toi !
– QUE JE ME CALME ?!
– Écoute, je voulais revenir, mais je ne savais pas quoi te dire. Tu sais, au fond, c’est une bonne chose que tu m’ais retrouvé, je ne pouvais plus faire ça. Changer d’endroit tous les jours est épuisant. Mon seul regret et de ne toujours pas avoir trouvé les mots qui m’auraient permis d’apaiser la situation…
– Oooooh… Trop mignon. Réponds juste à une question, combien de temps cela fait que tu es sur Amalgam-Earth ?
– Seulement quelques heures !
– Billy ? Combien de temps ?!
– Je… Je… Euh… Quelques heures ?!
– Et pour de vrai ?!
– Ne réponds pas !
– RÉPONDS !
– Deux… Deux mois…
– Bien, je vois… BLUE, T’ES MORT !
– Fuck…
– ALORS COMMENT TU ESPÈRES T’EN SORTIR CETTE FOIS ? TU AS UN PLAN ?
– Que Santa Claus débarque avec sa hotte de miracles de Noël ?
– TU TE FOUS DE MOI EN PLUS !!! COMME SI IL EXISTAIT ! TU ES VRAIMENT UN CO… Billy, ça va ?
– Le… Le Père Noël, il… il n’existe pas ? C’est… C’est vrai, Joanie ?
– Je… C’est… C’est compliqué… Comment dire ? Blue, de l’aide ?
– Ben voyons, tu crois que je peux ramener le vieux comme je veu…
– Oh Oh Oh ! J’ai cru sentir un enfant arrêter de croire en moi !
– Je rêve là ? Blue, dis-moi que je rêve !

Les origines du Père Noël sont assez diverses et variées et chacun se fera son avis sur la question. Les historiens se rabattront sur d’anciens mythes religieux, les rêveurs penseront qu’il provient de véritables expériences personnelles d’individus l’ayant aperçu et transmettant leurs histoires au fil des générations, et les pragmatiques vous expliqueront cyniquement qu’il n’est qu’une invention marketing destinée à filer du diabète en bouteille à des américains. Ainsi, même dans le monde du comics, la question des origines du Père Noël continue de diviser, à commencer par chez Marvel.  Apparu pour la première fois en 1955 dans les pages de Strange Tales #34, il est ensuite revenu dans d’autres séries de la maison des idées. Au fil des années, il a connu de nombreuses itérations allant d’un dérivé de divinité à un PDG d’entreprise démoralisé et vendant sa compagnie à ces petits nazis d’Hydra. Néanmoins, c’est à une autre origine à laquelle nous allons nous intéresser, celle avancée dans le Marvel Holiday Special de 1991, qui fait de ce cher Santa le plus puissant mutant de tous les temps.

Il était une fois, de gentils mutants qui décoraient le manoir dans lequel ils avaient été volontairement placés afin de ne pas être exterminés par l’armée américaine.  Alors que tous mettaient du cœur à l’ouvrage sauf Wolverine qui, en plus de garder sa combinaison cuir à l’intérieur et à côté de la cheminée, préférait lire son journal, Cerebro se mit à sonner, révélant un nouveau mutant, sans doute le plus puissant jamais enregistré.

Tornade, en tant que leader sur place compris vite qu’il était nécessaire pour les X-Men d’établir le contact avec ce mystérieux porteur du gène-X. Tandis que Banshee se demandait comment ses amis et lui feraient si cet étrange personnage refusait de se joindre à eux, le carcajou d’adamantium déclara qu’il leur suffirait de lui faire bouffer ses dents. Pendant ce temps, dans un magasin new-yorkais, la Confrérie des Mauvais Mutants était de sortie. Blob (Fred Dukes), Toad (Mortimer Toynbee), Mastermind (Jason Wyngarde), Unus (Gunther Bain) se baladaient tranquillement prêts à commettre un énième méfait lorsqu’ils croisèrent la route d’un certain Banshee fraîchement téléporté par le diablotin bleu nommé Nightcrawler ou Diablo. Avant que les deux groupes ne se rentrent dedans, les vilains révélèrent aux héros qu’ils étaient aussi présents dans le but de recruter le mutant d’exception.

Se jetant les uns sur les autres, ils ne remarquèrent pas l’homme avec une surcharge pondérale et drapé de rouge qui grattait sa barbe fournie en les observant. La bataille ne semblait pas gagnée d’avance pour Tornade, et alors qu’elle se préparait à lancer une attaque dévastatrice, elle se rendit compte qu’elle n’était plus à New York, mais dans sa contrée d’origine, le Kenya. Comprenant qu’elle était la proie d’une illusion lancée par Mastermind, elle réussit à s’en défaire, reprit ses esprits, et réalisa soudain que ses ennemis avaient disparu. Elle crut d’abord à une nouvelle attaque mentale, mais Wolverine lui confirma qu’il ne sentait plus la présence de la Confrérie. Surgissant comme par magie, Santa Claus était là, tenant dans ses mains des figurines ayant les traits des membres du groupe créé par Magneto. Le Père Noël avoua alors leur avoir donné cette apparence. C’était lui l’ultime mutant.

Puis, en un instant, nos héros se retrouvèrent téléportés dehors, ne se rappelant de rien depuis leur départ du manoir. La neige s’était mise à tomber. L’équipe de Charles Xavier, se rendant à la patinoire du Rockefeller Center, rencontra sur place un couple follement amoureux. Ils n’étaient à l’évidence pas les seuls X-Men sur place, Jean Grey et Scott Summers étaient là aussi. Il était temps de s’amuser et de festoyer. Quel joli Noël cela allait être !

Ce conte de Noël était présent en ouverture du Holiday Special de 1991. Et oui, c’était tout gentil tout mignon, et c’est sans doute pour le mieux, car le reste du magasine propose des moments un peu… comment dire… curieux, et pas forcément dans le bon sens du terme. L’idée de faire des numéros en rapport avec la période des fêtes de fin d’année est en soit une bonne idée, encore faut-il que la série s’y prête…

Sans parler de celui où un gosse aveugle se fait tabasser par des brigands en plein milieu d’un cimetière…

– Oh oh oh Billy, je vois un petit garçon qui a été sage cette année !
– Père… Père Noël, alors vous existez ?!
– Evidemment mon petit, qui pourrait créer autant de jouets à l’année et les distribuer en une nuit ?
– *tousse* Des petits chinois… *tousse*
– Toujours aussi cynique Blue, toujours aussi cynique, mais je passe pour cette fois ! Par contre jeune femme, en plus de ne pas croire en moi, vous vous êtes délibérément attaquée aux espoirs de cet enfant. Je ne puis passer sur un tel crime, et tout crime mérite châtiment ! Joanie Jordan, êtes-vous prête à être punie ?
– Attendez, quoi ? C’est une blague ? Blue, c’est une blague j’espère?
– Père… Père Noël, Monsieur, arrêtez s’il vous plait ! Joanie est… est gentille, et une super-héroïne !
– Ma chère, votre ami ne peut rien pour vous ! Quant à toi Billy, mon garçon, il est nécessaire que tu apprennes qu’il y a des règles en ce monde, et que tu te dois de t’y soumettre !
– Une seconde le vieux, qu’est-ce que vous allez lui faire ?
– La transformer en figurine, la mettre sous verre, et la garder une centaine d’années, peut être plus, peut être légèrement moins !
– QUOI ? BLUE, FAIS QUELQUE CHOSE !
– C’est bon, c’est bon, je m’en charge. Écoutez papi, je ne peux pas vous laisser faire ça !
– Et que comptes-tu faire mon garçon ? Je peux te téléporter, te changer en jouet, maîtriser les éléments.  Explique-moi comment tu penses pouvoir arrêter le plus puissant mutant de tous les temps ?
– B… Blue, j’ai peur !
– T’inquiète, on va s’en sortir.
– Co… Comment ?
– Une histoire, ça te dit ? Celle-ci m’a été conté par ArnoKikoo il y a longtemps !
– Il… Il y a longtemps ? Il… Il est si vieux que ça Arno ? 
– Si tu savais… Pour se barrer d’Alsace et partir chez Comicsblog, il a carrément fait péter la carte vermeil ! 

La même année 1991, chez le concurrent direct de la maison des idées sort lui aussi un numéro spécial de Noël. En effet, DC publie une histoire qui tranche radicalement avec le ton de celles de Marvel. Enfin, du Marvel Classique, parce que l’éditeur a aussi ses moments de bravoure comme le peu connu Bizarre Adventures #34 avec les personnages d’Anti-Santa et Son of Santa (vus plus haut, mais ça, ça sera pour l’année prochaine !). Ainsi, au début des années 90, sort le numéro Lobo Paramilitary Christmas Special, écrit par Keith Giffen et Alan Grant, et dessiné par Simon Bisley. Et autant le dire tout de suite, ce n’est certainement pas pour tout le monde. À noter que ce conte de Noël a même fait l’objet d’un court-métrage.

Il était une fois un gentil tueur Czarnien nommé Lobo. Accompagné de son fidèle molosse, il parcourait la galaxie à la recherche de choses essentielles de la vie, c’est à dire le sexe, le meurtre, et le fric, sans pour autant être un politicien. Un jour, sa route le mena à un bar mal famé où il devait rencontrer un mystérieux inconnu. Ce dernier se révéla être un lapin alcoolique, mais pas n’importe quel lapin, le Lapin de Pâques. Ce dernier lui fit une proposition : éliminer le Père Noël qui faisait de l’ombre à toutes les autres fêtes et commençait à tuer leurs business. Contre la coquette somme proposée en guise de rémunération, Lobo accepta logiquement.

Le chef de Noël se cachait dans son usine, centre névralgique de sa petite dictature condamnée par Amnesty International, et cultivait la malnutrition chez les habitants afin qu’ils ne puissent se rebeller. Le tueur à gages observait les lieux du haut de son promontoire avant d’enfin se décider à attaquer. Les balles de sniper eurent raison des gardes dont les têtes volèrent en éclat, et les pains de C4 se chargèrent de la clôture électrifiée. Malheureusement pour le Czarnien, l’alerte fut rapidement donnée et il dut faire face à de nombreux lutins armés jusqu’aux dents. Seul léger détail, les travailleurs de Santa bluffaient, et n’étaient équipés que de pistolets factices…

… ceux de Lobo quand à eux étaient bien réels.

Les membres des petits serviteurs volaient dans tous les sens pendant que l’homme à la peau grise continuait à défourailler tout ce qui bougeait, aidé de son fidèle clébard qui n’hésitait pas à se remplir la panse. Un bon réveillon de Noël en somme. Une fois débarrassé de tout ce beau monde, avançant dans les étages à coup de bastos, Lobo finit par tomber sur sa cible. Santa Claus, ou Kris pour les intimes, fumait un cigare dans un grand fauteuil protégé par un gorille.

Le Père Noël était sûr de lui. Provoquant son adversaire, il réussit à lui faire baisser son flingue, et proposa au Czarnien de l’affronter à la loyale, d’homme à homme, à l’arme blanche. Néanmoins, Kris n’avait pas prévu que son assaillant soit aussi fort. En effet, le gentil tueur lui fit sortir un œil de son orbite à coups de poings, puis continua à le travailler au foie, avant de finalement le décapiter. Suivi de son animal de compagnie et du gorille s’étant rallié à lui par la force des choses, Lobo découvrit la liste des individus qui avaient été méchants durant l’année, mais aussi la réserve privée de bombes atomiques de la dictature qu’il venait de faire tomber. Il mit les engins de mort dans un énorme sac et se dirigea vers la grange qui renfermait les reines. Malheureusement, Rudolph refusa de diriger le traineau. Le Czarnien lui mit donc une balle en plein tête, ce qui calma les autres qui acceptèrent de l’aider. Le chasseur de primes était donc fin prêt. Il décolla à l’aide du vaisseau du Père Noël puis bombarda les méchants, et par conséquent, les populations civiles innocentes, avec les armes atomiques. Fin.

– Alors, on se dégonfle le vieux ?
– C’était… C’était un autre Santa Claus, d’une autre Terre, pas moi ! Je vais te… Je vais vous…
– En effet, une autre Terre, mais tu sais quoi ? Ça tombe bien, parce qu’il se trouve qu’Amalgam possède aussi son Lobo, un canard certes, mais un Lobo quand même, qu’il est un de mes amis et que je viens de le croiser il y a peu au bar à l’autre bout de la rue. Alors, vous vous sentez chanceux, assez pour tenter le coup et nous attaquer ?
– Tu… Je… Je vous maudis mon garçon !
– C’est ça, maintenant foutez le camp avant que je ne lâche la bête sur vous !
– Oh oh oh… Je reviendrai un jour vous briser les os !
– Ça y est, enfin, bon débarras. Et maintenant, pour une fois dans l’année, je vais vous offrir un véritable miracle de Noël, je vais m’excuser ! Billy, j’ai bien conscience que le gamin que tu es va être marqué à vie à la fois par la dernière histoire que je viens de raconter, mais aussi par le souvenir des menaces que je viens de proférer envers une de tes idoles. Et pour tout cela, je suis désolé !
– C’est… C’est pas grave, il était pas si cool que ça de toute façon et il… il me faisait un peu peur !
– Parfait ! Joanie… Je suis désolé de m’être comporté comme un abruti, d’avoir bidouillé le multivers pour faire jouer à Ben Affleck les rôles de Daredevil et de Batman dans le même film, puis d’avoir foutu le bordel chez Vampirella et Catwoman, et enfin d’avoir passé deux mois de vacances sur Amalgam-Earth… Je n’en suis pas fier et pour cela, j’espère que tu me pardonneras !
– Viens par là !
– Ok d’acco… Aïe, mais tu m’as giflé ?!
– Voilà, maintenant c’est bon. Enfin, à moins ce que tu aies autre chose à m’avouer !
– Joanie, je suis désolé…
– De quoi ?
– Je crois que les cadeaux de Noël, c’est mort pour cette année…
– Crétin ! Tu m’as fais peur !
– Tu sais, Spawn l’avait prédit, nous nous remettons toujours ensemble à Noël !
– Parce que nous sommes de nouveau ensemble ?
– Je peux encore recommencer à courir à travers les univers si tu veux !
– Pfff… Tais-toi et embrasse-moi, imbécile !
– Beurk…
– Billy, ça suffit ! Joyeux Noël, Joanie Jordan !
– Joyeux Noël, Blue Boy !

FIN DU WINTER FINALE

Comme d’habitude, n’hésitez pas à laisser un commentaire, ça fait toujours plaisir. Lisez des comics, lisez du Lobo et du X-Men, et joyeux Noël à tous et à toutes !