Gotham Saison 4 : Bilan de l’arc « A Dark Knight »

Qui aurait cru que Gotham pourrait durer aussi longtemps ? La série de la Fox, qui a débuté en 2014, a entamé en septembre 2017 sa quatrième saison. Après notre critique pour le premier épisode, il est désormais temps de faire le point sur cette première mi-saison, ce premier arc portant le subtil nom « A Dark Knight« . Ce bilan se divisera lui-même en différentes sous-parties correspondant aux arcs des différents personnages.

– Attention aux spoilers –

Bruce Wayne : entre justicier et playboy

Commençons avec celui qui donne son titre à cet arc, à celui dont l’interprète nous vend du rêve depuis la première saison : Bruce Wayne. Ce dernier commence la saison très fort puisqu’il entame sa carrière de justicier masqué, qui s’avérera finalement assez brève. Courte, mais pas sans conséquences. Bien entendu, il faut accepter d’entrée de jeu l’idée d’une précocité absolue dans la série, mais une fois cela fait, on se surprend à apprécier par moment ce que l’on voit, tout du moins au début de la saison. Le personnage sombre ensuite dans une phase qui le rend assez détestable. Tout d’abord, il n’hésite pas à sacrifier un enfant pour sa quête, ce qui peut être intéressant, mais est tout de même très choquant pour le personnage. Ce ne sera pas tout, puisque Ra’s Al Ghul, l’ennemi de quelques épisodes, se fera tuer par Bruce qui n’arrive décidément pas à tenir la règle qu’il s’est lui-même fixé : ne pas tuer. Une fin ridicule pour un vilain l’eut été tout autant, son but n’étant que de trouver « l’élu » qui pourra l’aider à mettre fin à sa vie. Il y a très probablement anguille sous roche, mais cela n’enlèvera pas une caractérisation de mauvais goût, que ce soit pour l’un ou l’autre.

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Ces meurtres feront en sorte que Bruce décidera de raccrocher le masque, détruit par ce qu’il est devenu. D’un postulat plus que bancal, on ne peut évidemment pas tirer quelque chose de merveilleux, mais il faut tout de même avouer que les scénaristes ont fait fort : Bruce Wayne est probablement plus détestable qu’il ne l’a jamais été. C’est là que se développe son aspect playboy, qu’il apprenait à utiliser comme une arme dans sa quête de justice, et dans lequel il s’engouffrera pour éponger sa peine. Une peine que son majordome essuiera de plein fouet malgré tous ses efforts : il semble ainsi que d’avoir tué Alfred ne suffit pas à Bruce. Même si cela est dans le fond assez mauvais, il faut tout de même admettre que cette intrigue parvient à se suivre avec un minimum d’intérêt par les moments très drôles qu’il amène, que ceux-ci soient volontaires ou non. Sans cette dose de ridicule bienvenue, la série se retrouverait finalement assez fade.

Jim Gordon v Oswald Cobblepot v Sofia Falcone: L’aube de l’injustice

Bien évidemment, l’intrigue principale reste celle qui concerne Jim Gordon, bien que tout soit lié d’une manière ou d’une autre. Comme nous l’avions vu dans la critique du premier épisode, la saison part du postulat que le Pingouin a réussi à créer une paix dans la ville en créant un système de licence de crime. Tout l’arc de la saison tournera ainsi autour de la dualité qu’a installé depuis la série dès ses débuts entre le Pingouin et Gordon, qui représentent deux formes d’ordre, mais aux convictions opposées. Dans le but de gagner la guerre, Gordon a fait appel à Sofia Falcone, qui livrera un double (triple/quatruple/on ne sait plus) jeu entre les différents personnages dans le but de s’assurer le pouvoir pour elle seule. Comme très souvent avec ce genre d’intrigues à multiples rebondissements et jeux, ceux-ci se font parfois assez téléphonés, mais se laissent suivre avec plaisir. En retournant à un arc plus urbain et terre-à-terre, Gotham parvient à ressusciter un intérêt difficile à maintenir, notamment en arrivant à jongler plutôt bien entre le sérieux et le loufoque.

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Cet intérêt est principalement dû aux protagonistes que l’arc met en avant, et notamment ses vilains. Sofia Falcone se trouve être un personnage charismatique et intéressant, bien qu’on pourrait lui reprocher de toujours se sortir des situations les plus difficiles. Oswald Cobblepot est fidèle à lui-même avec une extravagance que participe grandement à lui donner son interprète, dont la qualité de jeu continue d’être inconstante, tombant trop souvent dans le surjeu. Gordon, finalement, continue d’être le plus fade mais participe à l’équilibre fragile de l’arc. Néanmoins, le personnage a emprunté tellement de chemins tortueux qu’il est difficile de s’investir véritablement dans sa quête de justice, sans compter que McKenzie est toujours aussi monolithique (on t’aime bien quand même va). En sous-couche de ce trio se cache un nouveau vilain de la série : le docteur Pyg, un tueur en série sanglant qui choisit de s’en prendre à Gordon, déclarant être le seul à réellement partager son désir de détruire la corruption présente au sein du GCPD et de la ville. Grâce à un interprète qui croit en son personnage, celui-ci parvient à avoir une certain substance nécessaire à en faire la Némésis de Gordon le temps de quelques épisodes. Grâce à ce mélange, la série réussit à redistribuer les cartes pour une seconde mi-saison qui s’annonce donc quelque peu différente.

C’est l’histoire de Grundy qui entre dans un bar…

L’intrigue qui se prend le moins au sérieux est celle de l’Homme-Mystère, qui a tellement pris en importance dans la série qu’il est devenu impossible pour elle de s’en passer. Une fois décongelé et devenu idiot par ce processus, il fera la rencontre de Butch, désormais zombifié en Solomon Grundy. On passera alors une bonne partie de cet arc dans un bar qui organise des combats à mort, et où nos deux gugusses recroiseront le chemin de Lee Thompkins. Vous le sentez le forcing afin de faire rentrer tous les personnages ? S’il ne s’agissait que de Morena Baccarin, cela passerait, mais il faut également compter sur le retour de Tabita, Selina et Barbara. Personne ne sait pourquoi les scénaristes s’obstinent à la faire revenir même à travers la mort, et ce n’est pas cet arc qui nous donnera une raison, le personnage étant aussi, si ce n’est plus encore, ridicule qu’auparavant. Ce trio formera une première version des Birds of Prey qui fait peine à voir. Le chemin de ces deux « équipes » ne se croise qu’en fin d’arc, mais elles sont toutes deux significatives du traitement poussif de la série. Cela dit, si on peut s’amuser de l’histoire entourant Nygma, celle de Barbara est ennuyante au possible.

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Gotham, finalement, c’est une série fidèle à elle-même. Ceux qui n’accrochaient pas n’accrocheront pas plus avec cette saison, mais ceux qui sont toujours là aujourd’hui devraient trouver quelque chose d’à peu près satisfaisant. Ne faisons pas les haters inutilement : même si la série n’est pas bien folle pour toutes les raisons qu’on lui connaît, mieux vaut la juger pour ce qu’elle est (une adaptation très foireuse), même si un goût amer continue de se faire sentir. Ça a le mérite de divertir, de faire rire, et c’est déjà pas mal.