Off my mind #60 – La trilogie Batman de Nolan : le jour où tout a basculé

The Dark Knight

Le succès de Christopher Nolan n’est plus à prouver. Considéré comme l’un des meilleurs de sa génération, le réalisateur ne pouvait pas passer à côté d’un des personnages les plus emblématiques de la pop culture. Pour Warner Bros, il s’est donc attaqué au Chevalier Noir, avec la réussite autant commerciale que critique que l’on connaît. Pourtant, la participation de Christopher Nolan à la filmographie DC aura coûté cher, en tuant dans l’oeuf, sans le vouloir, toute tentative de construction du DCEU.

Batman : année zéro

Tout commence en 2003. Le paysage cinématographique du superhéros est largement différent de celui qu’on subit aujourd’hui. L’univers partagé n’existe pas. Aucune pierre (d’infinité, le coquin) n’est posée. La seule trilogie marquante de l’époque – comprendre des années 2000 – était celle de l’homme-araignée chère à Sam Raimi. L’idée des studios Warner est alors de faire revenir sur le devant de la scène de cinéma le Dark Knight après le kitsch et tout autant honteux Batman et Robin. Warner souhaite faire oublier ce douloureux épisode, et se lance dans un tas d’idées qui potentiellement aurait pu être une réussite. Ils évoquent ainsi la possibilité d’adapter Batman : Year One de Frank Miller en série animée, ou même de placer sur grand écran (attention, alerte) Batman vs Superman, en le confiant à Wolfgang Petersen (l’Histoire sans fin). Mais aucune de ces idées ne verra le jour. Heureusement ou malheureusement, c’est selon. Les studios ont aussi envisagé l’idée d’un Batman plus vieux (sorte de Batfleck avant l’heure) sous les traits de Clint Eastwood – qui refusera le rôle – et dirigé par les Wachowski qui ne le feront pas non plus, donnant toute leur concentration à Matrix. La relance de Batman est une fois de plus un échec.

Batman Begins

Il faudra alors attendre 2003 pour voir un projet DC tenir la route entre les mains donc de Christopher Nolan. A cette époque, le futur réalisateur n’est pas encore le type bankable qu’on côtoie depuis puisque seuls deux longs-métrages (Insomnia et Memento) sont à mettre à son actif. Après deux années de production, Batman Begins voit le jour. Le film est plutôt bien reçu, sans faire trop de vagues puisqu’il finira sa course, avec 206 millions de dollars sur le sol US, assez loin des mastodontes de l’année 2005 : l’épisode III de Star Wars, et Harry Potter et la coupe de feu. Mais il est important de souligner que ce score reste pourtant mémorable pour l’époque, à l’heure où 200 millions serait un raté pour une fin d’exploitation de blockbuster. Batman Begins constituera pourtant une référence pour les studios et même certains réalisateurs puisque certains noms comme Jon Favreau (Iron Man) ou Sam Mendes (Skyfall) le citeront pour décrire leurs différents projets. L’univers Batman se trouve donc bien sur la piste de lancement, pour décoller brusquement en 2008.

The Dark Knight : point de no return

Dès 2006, Christopher Nolan repart au travail afin de préparer le premier live-action où Batman ne figure pas dans le titre afin de donner naissance à The Dark Knight en août 2008. Le résultat financier se place à des années lumière de son prédécesseur Batman Begins, le Chevalier Noir roule à coups de tumbler sur le box office, finissant largement en tête cette année-là avec un peu plus d’un milliard, loin, très loin devant le premier film de l’univers cinématographique de Marvel : Iron Man. Si le dépassement de cette barre symbolique n’est pas une première – Titanic l’ayant fait avant lui, ce cap reste marquant puisque c’est une première pour un film de superhéros. The Dark Knight a changé la donne : les fans attendent désormais autre chose qu’une bat credit card pour donner de l’ampleur au Chevalier Noir.

The Dark Knight

En plus du succès financier, le deuxième long métrage Batman de Christopher Nolan s’avère être un succès critique. Un succès critique sans précédent, au-delà de toutes les attentes de Warner Bros. Pour ce que ça vaut, à une époque dans laquelle Wonder Woman part en campagne pour les Oscars, The Dark Kight remporte deux précieuses statuettes, dont une à titre posthume pour Heath Ledger et sa performance en Joker. Il n’y a pas une seule explication tangible à ce succès. On pourrait avancer l’argument dark and gritty pour expliquer son succès, mais ce ne serait pas le seul. Il faudrait aussi discuter du fait que ce film ait été réalisé pour des adultes, et ne serait pas vraiment un film de niche. Preuve en est que les Oscars classent le film dans le genre dramatique plutôt que film de superhéros. Toujours est-il que ce Dark Knight est le constat d’une chose : le désengagement d’un studio de production joue sûrement un rôle prépondérant dans la réussite d’un film. Christopher Nolan était probablement le seul chef à bord, Warner Bros lui laissant les mains libres sur le projet, épousant même le genre sérieux à contenu philosophique, loin des itérations précédentes plutôt kitsch de Batman. L’idée de ne pas interférer avec le travail d’un réalisateur a d’ailleurs été reprise récemment avec intelligence pour Logan, une certaine réussite critique en résultant. The Dark Knight aura changé la facette du paysage cinématographique du comicbook. Ou du moins celle de l’attente des fans.

Final Crisis

La trilogie Batman de Christopher Nolan s’achève avec The Dark Knight Rises dépassant une nouvelle fois, sans la surprise du milliard cependant, le milliard. Nous sommes en 2012 et alors que le Marvel Cinematic Universe bat son plein avec les Avengers, les plans de Warner Bros ne sont pas totalement définis – toujours pas d’ailleurs – concernant l’adaptation de son propre univers. Et donc de celui de DC. Sur recommandation de Christopher Nolan (avec sa participation d’ailleurs), Zack Snyder met Superman dans les starting blocks avec Man of Steel. Les fans attendent forcément le premier film du DCEU (qui n’existe pas pour Warner Bros d’ailleurs) au tournant, projetant ainsi la réussite du Dark Knight sur cette nouvelle itération de l’homme d’acier.

Man of Steel

Mais le succès critique n’est pas au rendez-vous à une période dans laquelle Marvel est presque devenue la norme, et le pic du milliard est bien loin d’être atteint. Si certaines explications ont par ailleurs été données, force est de constater que la réussite insolente du réalisateur Christopher Nolan (aux références qui en imposent depuis) couplée à celle du concurrent ont sûrement achevé tout espoir d’un univers stable – connecté ou non, reconnu maintenant comme bâtard dans sa construction – et non pas uniquement à cause de la présence de réalisateurs à la personnalité aussi différente que Joss Whedon et Zack Snyder, donnant l’impression d’un cavalier sans tête. Un univers oscillant tantôt entre le réalisme nolanien, et des tonalités plus colorées. Au milieu de tout ça, se trouvent tant les amateurs de cinéma que les lecteurs assidus de comics, qui ne savent plus vraiment où donner de la tête, si ce n’est la tourner vers le passé afin de comprendre comment le drame Justice League a pu arriver.

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Para le pacifique Parademon
6 années il y a

Comment ça « reconnu bâtard dans sa construction » ?

Para le pacifique Parademon
6 années il y a
Répondre à  Twelve

Mais tu parles de JL là. Alors que ta phrase de l’article évoque l’univers. Qui est totalement cohérente entre MOS et BVS.

LaurentDo
LaurentDo
6 années il y a

« Le drame Justice League » c’est un peu exagéré…

The Obsessive
6 années il y a
Répondre à  Twelve

Toutes proportions gardées, je ne trouve pas exagéré de parler de « drame » pour qualifier Justice League. Ce projet avait un potentiel de dingue, il était attendu par les fans de DC depuis extrêmement longtemps, bien au-delà de son annonce officielle par Snyder. On a pas le droit de se contenter de ce film passable, bâti sur un standard éculé depuis déjà plusieurs années, et suant les intentions nauséabondes d’un studio nihiliste. Si beaucoup continuent à défendre la vision de Snyder, c’est parce qu’elle proposait quelque chose de différent, incitait le spectateur à réfléchir, à ressentir, et à grandir. Cette horreur sortie le 15 novembre dernier, c’est tout l’inverse. C’est le retour au divertissement sucré, facile, et jetable. Continuons d’accepter des films dans ce genre, et nous aurons tué le genre avant la fin de la prochaine décennie.

scouser76
scouser76
6 années il y a

Article un peu « biaise » qui oublie (volontairement?) le changement de direction a la tete du studio (et la politique qui va avec) entre MoS et BvS. L’ancienne direction serait reste je ne pense pas que l’on aurait pas eu cette gestion chaotique a courrir derriere la formule miracle du succes au box office comme un poulet sans tete.
Mais ce n’est que mon avis…

scouser76
scouser76
6 années il y a
Répondre à  Twelve

Ce que je veux dire par la, c’est que la gestion du studio sans ligne directrice claire a entraine le chaos en coulisses qui a donne le resultat que l’on connait aujourd’hui. Ce n’est pas d’enchainer suite a la trilogie de Nolan qui a plombe le DCEU, c’est de vouloir partir dans tout les sens sans etre sur de ce qui est voulu, de « casser » les creatifs qui etaient censes avoir les mains libres, d’ecouter tout et son contraire, de vouloir satisfaire tout le monde, de vouloir copier une recette sans comprendre que ces ingredients ne fonctionnent avec cette recette, etc…

scouser76
scouser76
6 années il y a
Répondre à  Twelve

Je rentrai pas dans le concours de bites DC/Marvel, juste dans le fait que Nolan avait beneficie d’une assez grande liberte artistique, chose que DCEU a plus ou moins eu au debut avec MoS, mais qui par la suite est passee par la fenetre.
Dans l’absolu je suis d’accord on devrait pouvoir aborder tout les styles avec DC, c’est une question de dosage. Chose que visiblement on ne comprend pas en hauts lieux.

scouser76
scouser76
6 années il y a
Répondre à  Twelve

Preuve quand meme que les decideurs sont des incapables notoires, c’est que le cut cine de BvS se fait massacrer, le extended cut, lui, est quand meme mieux recu. On monte Suicide n’importe comment et en rajoutant des scenes supplementaires bancales, la aussi le film se fait massacrer (mais fait du $$$), lecon evidemment non retenue sur JL puisque on recommence (en pire) pour refaire presque tout le film dans une direction opposee a ses intentions et arriver a un plantage ou la encore le film se fait ereinter (au pire) ou est un non evenement (au mieux).

Vakarian
Vakarian
6 années il y a

De mon point de vue, Justice League n’est pas un mauvais film, mais Nolan a mis la barre trop haute. Du coup, aucune comparaison n’est possible.
Pour ma part, je pense que DC aurait dû continuer à miser sur des films d' »auteurs » pour se distinguer de Marvel plutôt que de vouloir les copier.

Scorpio
Scorpio
6 années il y a

De mon point de vue, il manque une référence aux 2 premiers films X-Men qui ont aussi ouvert la voix à cette vision de film de super héros ancrés dans un monde réel au début des années 2000.
Sur le DCEU en lui-même, je pense qu’ils sont allés trop vite.
Je me rend compte qu’au final le grand public ne connait pas forcément la justice league.
Donc relancer Batman aussi tôt après l’itération de Nolan n’était pas judicieux.
Enfin tellement d’arguments pour expliquer ce qui se passe aujourd’hui avec la réception de JL.

Vakarian
Vakarian
6 années il y a
Répondre à  Scorpio

C’est exactement ça : les gens non familiers de DC qui ont vu le film ont pu être perdus. J’ai rencontré un gars qui m’a dit : « Batman, Superman, on connaît, Wonder Woman y a eu un film, Flash, on connaît parce qu’il y a une série, mais Aquaman, je connais pas trop, et le robot, c’était qui ? »

Jo Ker
Jo Ker
6 années il y a

Très bon article, merci. Je pense que le point important ici est le contexte de départ. Quand Nolan s’est lancé, il n’y avait pas vraiment de point de comparaison en face, du coup on l’a laissé faire malgré son maigre CV à l’époque, sa formule a bien marché et la suite on la connaît. Plus important, Nolan qui était la tête pensante devait avoir bien réfléchi à sa ligne directrice.
Par contre pour Snyder et le DCEU, il y avait Marvel qui brassait des milliards en face et quelqu’un chez Warner a du se dire « Hé les gars, nous aussi on a e écurie de super héros, y’a moyen de se faire du blé avec !!! ». On a eu MoS de Snyder qui n’a pas fait aussi bien que les mecs d’en face et que Nolan (au box office j’entends). Et je pense que c’est lors de la production de BvS que la question de la ligne directrice a été soulevée (mais pas résolue jusqu’à aujourd’hui). Et là bim : (dé)montage au sécateur pour BvS, bricolage de dernière minute pour SS, et la palme d’or bien sûr pour JL avec la direction par deux réalisateurs aux styles quasiment opposés, qui aboutit à un gâchis monumental.
Le pire est que pour la suite, rien ne garantie que le pire est derrière nous.

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