Vas-y Marty, fais chauffer la Dolorean ! Ici c’est la review nostalgie. On va retrouver DC chez Panini. Essuyez vos larmes et remontons le temps, sept ans auparavant. Et sept ans, c’est terriblement loin question continuité. Vous-souvenez vous de La Nouvelle Krypton ? De Return of Bruce Wayne ? De Red Robin ? Si non, cela justifierait bien la réputation et l’oubli de cette mini-série. Une forme d’injustice envers cet album. « Recollons les morceaux ensemble !«
Histoire de convergence
World’s Finest a ce principe de team-up entre Batman et Superman. Cette rencontre entre les deux plus grands héros de la licence fait de World’s Finest un titre emblématique chez DC Comics. Un titre souvent décliné sous différentes formes, relancé, mais conserve en son sein quelques pépites. Cette mini-série de 2010 en est une, en quelque sorte. Et en quelque sorte seulement. Le titre n’est pas dénué de défauts, et se trouve prit entre divers complexités qui lui procure également un atout rare. 2010 est une succession de changements concernant le statut-quo chez DC Comics : Batman a disparu après Final Crisis, Superman est parti former la Nouvelle Krypton sur la Lune, Tim Drake est devenu Red Robin et s’éloigne de la Bat-Family.
Un atout parce que cette mini-série adapte son récit et se démarque d’une mini-série secondaire par sa pertinence et le rôle joué dans l’intrigue de la Nouvelle Krypton. Une lecture loin d’être essentielle, mais plaisante par les connections multiples de l’univers DC. Evidemment, le défaut étant de rendre la lecture plus compliquée pour ceux y cherchant un éloignement de l’univers partagé. Ces connexions s’expliquent par un jeu de rencontre entre les personnages issus de l’univers de Batman (qui est alors Dick Grayson) et Superman. Ce jeu créé par le scénariste Sterling Gates (Supergirl, Action Comics, Vibe) est un plaisir par la fluidité et le passage de flambeau apparaissant comme logique, et débouchant sur une menace finale symbolique (grosse référence au titre Superman/Batman : Ennemis Publics).
On ne s’étonnera pas d’apprendre qu’il a participé énormément à l’événement Le Nouvelle Krypton, d’où un rapport plus conséquent qu’aux autres connexions. Ainsi le premier numéro voit la rencontre entre Nightwing (Chris Kent, premier fils adoptif de Superman) et Red Robin (Tim Drake jeune adulte). Il s’agira aussi de retrouver Stephanie Brown sous le costume de Batgirl. Des éléments qui perturberont les lecteurs non-initiés, mais qui peuvent permettre une première rencontre. Red Robin se fixe l’objectif de retrouver Bruce Wayne, persuadé qu’il n’est pas mort et recherche des preuves, suit une piste. Ce premier numéro est également l’acquisition d’une de ces preuves, retraçant le parcours de son père adoptif. Une action qui s’accorde parfaitement avec sa série solo (inédite en VF).
Classique charmant
Un aspect commun s’en dégage. L’introduction des numéros est classique, mais dynamique. L’effet peut saisir le lecteur comme il peut le perturber. Mais on ne peut enlever la fluidité avec laquelle s’organise la menace sous le nez des héros. On peut s’attendre à des team-up forcés, ce que je n’ai pas vraiment ressenti. Les duos se forment par nécessité, par conflit (sans jamais tomber dans le combat stupide auquel on pourrait aussi s’attendre) ou par affinités. Des modèles de rencontre entre héros classiques, mais dont la variation permet de proposer quelque chose de légèrement différent. De plus, Sterling Gates réussit à rendre des rencontres pertinentes, et à maîtriser les multiples caractères de ses divers personnages.
La multiplicité est au rendez-vous dans cet album, avec un artiste par numéro pour un plaisir certain. Le passage d’une équipe à une autre, pour un nouvel artiste permet de bonnes découvertes. Cependant, on ne peut pas dire des artistes que leur travail soit du meilleur rendu, la faute à une colorisation Hi-Fi n’aidant pas certains artistes, et particulièrement l’artiste phare : Phil Noto. Pour les amateurs de l’artiste qui ont certainement lu Black Widow, nous sommes loin de ce niveau. Son style est plus « contrôlé », délimité par des traits plus marqués. On peut relever une hétérogénéité qui sera qualifiée de gênante pour ceux n’appréciant vraiment pas ces changement, mais le format s’y accorde ici et rend ces changements d’artistes justifiés et appréciables.
Si on peut discuter le choix douteux de publier cette mini-série, alors même qu’en France nous n’avions pas l’ensemble des connaissances pour en tirer un plaisir maximum, on appréciera l’éventail des dessinateurs, la présence de ces personnages secondaires rarement mis en avant dans les traductions françaises. Malgré un accès certes difficile pour certains, cette mini-série reste une très bonne surprise. Elle permet un point d’observation parfait à tout lecteur averti, curieux de voir ce qu’il en était de l’univers DC dans un tournant original et malheureusement oublié de beaucoup. Alors que ce soit en braderie ou par achats en ligne, saisissez l’occasion si elle vous est donnée.
Étonnant en effet de voir le soin apporté par Panini à rendre compte de la complexité de l’ère post-Final Crisis/Last Stand of New Krypton (je pense aux Monster Books et HS qui sortaient). Ils devaient se dire qu’il y avait peut-être 2-3 trucs à faire avec DC … (pour pinailler : WoK, c’est une série de Byrne et New Krypton n’a jamais été fondée sur la Lune, mais diamétralement opposée à la Terre dans le système solaire)
Bizarre. Ils disent pourtant qu’ils ont des kryptoniens sur la Lune.
Ce ne serait qu’un poste de surveillance alors ?
excellent j’aimerais bien revoir cet arc dans une belle edition d’Urban !
Pas sûr que ça revienne un jour. C’est loin d’être indispensable pour comprendre les récits auxquels il fait référence, mais s’y inscrit parfaitement. Alors je ne pense pas qu’Urban vienne s’embêter à rééditer cette mini-série, même si ce serait un très bon complément à New Krypton.