En aucun cas cet article ne se veut moralisateur, il constitue juste un récit honnête de mon parcours en tant que mâle blanc hétéro lambda vis à vis de l’homosexualité.
La lecture du comics Love Is Love sorti jeudi dernier (achetez le c’est bien et c’est pour la bonne cause) m’a fait me rappeler comment j’étais devenu modestement militant dans mon entourage pour les droits des homosexuels, et quel est le pire ennemi de cet cause: la méconnaissance.
J’ai grandit et passé mon adolescence dans les années 90, et à l’époque, il était très rare d’entendre parler de l’homosexualité, à peine avais-je conscience que mon chanteur préféré, Freddy Mercury, était gay. Et c’est dans cette joyeuse ignorance que j’ai grandi et évolué. Le fait de savoir bien plus tard que pour d’autres adolescents cette période est incontestablement beaucoup plus périlleuse et que mon ignorance y a peut être contribué me fait aujourd’hui monter le rouge aux joues. Car, jamais, au grand jamais cette ignorance ne peut être une excuse….
Mais, à l’époque, et je crois que c’est toujours le cas aujourd’hui, les insultes et jurons favori des adolescents, sont en général homophobe. Nous nous insultions à longueur de journée de « pédé », « tafiole » et j’en passe des meilleurs. Non pas que nous étions réellement homophobes, par ailleurs je ne pensais pas à mal en le faisant, je n’avais aucune idée de ce à quoi renvoyaient ces insultes précisément. Mais aujourd’hui, le fait de savoir quels dégâts auraient pu provoquer ce langage, sur un élève homosexuel (et statistiquement il y en avait), dans cette période délicate qui voit quatre fois plus d’adolescents gay se suicider que les autres, me fait me sentir très mal.
Bref, c’est dans cette ignorance crasse que j’ai passé mon adolescence et ma vie de jeune adulte. Mais un jour un événement et venu m’ouvrir les yeux et me faire prendre conscience de ma bêtise.
Là où je travaillais, nous étions un grand groupe d’amis, qui passait du temps ensemble et faisant pas mal la fête. J’avais remarqué que l’un d’entre eux semblait touché par sa rupture avec sa petite amie. Et c’est avec joie que j’accueillais la nouvelle portée par un autre ami, à savoir qu’il allait nous présenter quelqu’un avec qui il sortait. C’est comme ça que la chose nous avait été présentée, il allait nous présenter quelqu’un… Le soir avant de partir en centre ville, l’ami qui nous avait fait passer l’information se fit plus précis, notre ami commun allait nous présenter son copain.
Passé la stupéfaction (aux dernières nouvelles celui-ci se remettait de sa rupture avec sa copine), la curiosité l’a emporté pour la plupart d’entre nous et nous sommes allés boire ce verre. Je dis pour la plupart car j’ai découvert un des membres de ce groupe sous un nouveau jour. Celui-ci s’est énervé en découvrant la présence d’un gay parmi nous, s’emportant avec une grande violence… J’ai alors découvert une homophobie violente que je ne soupçonnait pas, naïvement…
J’ai gagné un ami ce jour là. Le compagnon de mon pote. Et j’ai aussi compris une chose qui peut paraître évidente, mais qui ne m’avais pas effleuré l’esprit, l’amour est le même quelque soit la façon dont on le vit ! Oui, je sais c’est con de ne le découvrir que passé 20 ans, mais je n’ai pas d’autres explications à donner que: c’est comme ça !
Notre groupe a continué son petit chemin, nous avons fêté le pacs de mes amis, les naissances de nos enfants et si nous nous sommes éparpillés aux quatre coins de la France, nos liens sont restés fort. Entre temps, un autre membre du groupe s’est découvert bisexuel, avons fait la connaissance d’un couple lesbien (avec qui le courant n’est pas passé) et de bien d’autres personnes, mais les liens sont restés très fort.
Tout cela, m’a au fil du temps, permis de comprendre que, sans le vouloir et plus par ignorance, j’avais pu faire du mal dans ma jeunesse. Alors aujourd’hui, j’essaie de faire reculer la première cause de l’homophobie, l’ignorance. D’abord en élevant mes enfants dans le respect de tout le monde (quand vous êtes élevés en voyant régulièrement un couple d’homme, ça aide), ensuite en portant ce que j’estime être la bonne parole auprès de tout le monde.
Mais la plus belle leçon m’a été donnée par ma fille à son entrée au collège. Une camarade lui a dit qu’elle était une lesbienne, pensant l’insulter. Ce à quoi ma fille à répondue dans un haussement d’épaule, « Et alors, si c’était vrai, quel serait le problème ? ». Me confiant après coup s’être sentie malheureuse pour cette camarade, qu’elle pensait jusqu’alors homosexuelle. Je lui ai alors appris que, souvent, les plus virulents était ceux qui n’assument pas leur sexualité…
Bref, si un gros bourrin comme moi, un homme hétéro, fan de football et d’arts martiaux peut prendre conscience de cela, je pense qu’à peu près tout le monde peut le faire, il suffit de prendre conscience d’une chose, l’amour entre adultes consentants, quelque soit la façon dont il s’exprime, est le même. Et pour conclure je citerai le philosophe Patrick Sébastien: » C’est génial, c’est que de l’amour ! »
Parce qu’il ne s’agit que de ça ! De l’amour, tout simplement. Love is love, on y revient.
Merci pour ces mots. Ton humeur fait chaud au coeur et plus de gens devraient réagir comme toi <3
Et comme sa fille aussi, peu de gens de son âge répondrait ça à ce genre de réflexion
C’est beau. Superbe cette humeur du lundi Darthfry ^^
All you need is love … Love is all you need <3
J’adore ce post sincèrement ! En tant que Pansexuel, bi-national franco-algérien, Musulman et fan de sports de combat et de jeux vidéo, je suis touché par ce que tu as écrit, d’autant plus que dans le monde des comics, certains lecteurs, en particulier en France ne se montrent pas aussi tolérants. De ce fait, savoir qu’un contributeur de ce site exprime avec brio ce message de tolérance… Que dis-je ? Ce message de VIVRE ENSEMBLE, m’aide vraiment à me sentir à l’aise. Malgré l’ouverture d’esprit de certains comics, jeux vidéo, séries, films, le public peut parfois rester au mieux ignorant au pire haineux. Merci beaucoup !
Je trouve que le monde du comics contient, comme peu de communauté, les extrêmes : des gens absolument ouverts à la tolérance, au vivre ensemble, le mettant en principe fondateur de leur vie et, de l’autre côté, la haine crasse de bon nombre de personnes. Il suffit de voir comment chaque tentative d’un couple homo est accueilli par une partie du public, comment chaque écriture engagée de Wonder Woman reçoit immédiatement des insultes.
Je trouve que tu as absolument raison sur ce point @mavhoc ! Je me souviens encore des réactions quand ils ont dit qu’Alan Scott était gay. Une chance que cela concernait celui de Terre 2 vu comment ils étaient énervés… Mais je suis content de voir des personnages tels que Batwoman, Constantine, The Ray, Aqualad, Poison Ivy, Harley Quinn, Catman, etc.
Je vais provoquer volontairement.
Mais pour favoriser le vivre ensemble, est-ce qu’il ne faudrait pas déjà un peu mettre de côté ces étiquettes genre « homosexuels », « pansexuel », etc…?
J’aime bien entendre parler de « sexualité vécue de manière différente » mais dès qu’on pose un mot pour le catégoriser, j’ai tendance à dire qu’on y met nous même une séparation.
Je pousse la réflexion un peu plus loin et je provoque un peu, ce n’est pas du tout pour remettre en question ton raisonnement, mais à chaque fois que j’entends des mots comme « pansexuel », « queer » etc (je ne connais pas la définition de ces mots) ça me fait dire que la catégorisation des gens suivant leur sexualité, leur religion, leur culture (et même maintenant la manière dont ils s’alimentent…), favorise l’ignorance, et donc la discrimination comme l’a si bien dis Darthfry.
Désolé j’emmerde le monde, mais j’ai vraiment du mal avec les terme « catégorisant ». Je suis éducateur spécialisé,je bosse avec des ados tous les jours et je comprends tout à fait le besoin d’identification, mais je pense qu’il pourrait être traité autrement.
Comme tu le dis, il y a un besoin d’identification. Or, je pense que reprocher à des catégories opprimées de s’identifier, de ce donner un nom c’est très mal venu (même quand c’est fait avec autant de politesse et de gentillesse que toi, ce qui change). Par exemple l’homosexualité en tant qu’identité sexuelle n’est apparu que suite à l’hétérosexualité même, le problème de se définir vient, toujours, des dominants qui peuvent ainsi ostraciser les dominés et revendiquer comme « normal » leur identification qui devient la norme et semble donc n’être même plus une identification, chose qu’elle est pourtant.
Des personnes se définissent LGBT parce que d’autres se définissent justement, au quotidien, de manière souvent subtile mais constante, comme ne l’étant pas. 99% des films ou des comics par exemple sont des manifestes en faveur des blancs cis-hétéros. Même si cela fait du mal à admettre quand on est soi-même blanc cis-hétéro faut l’accepter. C’est d’ailleurs tout le sens de cette chronique : comprendre qu’on est souvent coupable sans même le vouloir.
Sur la question de l’identification, tu l’as sûrement lu mais le Stigmate de Goffman peut donner des pistes pour comprendre l’appropriation d’un stigmate social comme arme de revendication de son identité personnelle.
Par contre si tous les contradicteurs avaient le même ton bienveillant que toi, sans aucun doute le monde serait plus beau :) Merci donc de ton message.
C’est une belle réponse et un point de vue qu’on a du mal à percevoir (même si je ne suis pas blanc ^^).
Mais je suis capable de l’entendre, tu m’offres des pistes de réflexion, à mon tour de te remercier de ta réponse!
Merci, je suis content que cela trouve autant d’écho chez vous !
Bon éditorial ce matin.
Une citation de Patoche sur DC planet : chek
Quoi de mieux pour commencer la semaine qu’une humeur aussi simple mais pleine de sens.
Le vie ne devrait elle pas être aussi simple que cela…
Ps: encore merci pour tous ce que vous faite pour partager votre passion de DC et Vertigo c est toujours avec un réel plaisir que je vous lis et vous écoute.
Peace & Love… & Comics
Beau texte.
Et love is love est effectivement une merveille.