Review VO – Doomsday Clock #1

Ce qui était une vaste blague depuis une vingtaine d’années devient réalité. « C’est aussi improbable qu’une suite à Watchmen !« . Le monde devient fou. Les réactions ont été diverses à l’annonce, et pourtant, l’éditeur a déployé les grands moyens avec une publicité sur diverses plate-formes. Des propos rassurants de tous les abords, jusqu’aux premières réceptions aux Etats-Unis, mais qu’en est-il réellement ? Pour en parler de manière plus concrète, autant vous prévenir, les spoilers sont de sortie.

Exercice d’imitation

Review VO - Doomsday Clock #1 13Watchmen est une oeuvre écrite par Alan Moore et dessinée par Dave Gibbons. L’écriture d’Alan Moore a su utiliser au mieux l’art séquentiel avec finesse, mêlant le fond et la forme dans une alchimie capable de créer de l’or. Le défi est osé, et Geoff Johns se lance dans une arène, seul face à des centaines de milliers de fans aux aguets. Dans la forme, Geoff Johns rend parfaitement hommage à l’oeuvre. Les cases se succèdent, forment une scène, et on sent un lien avec l’art cinématographique. L’imitation se ressent jusque dans le dessin de Gary Frank, très soigné, irréprochable, et une colorisation qui tente de s’accorder à celle de Gibbons mais dans l’idée d’une publication moderne. Adieu couleurs vives et unies, Brad Anderson nous servira néanmoins les nuances pour nous rappeler qu’il s’agit bel et bien de l’univers des Watchmen. A noter que sur ce plan, les couleurs se trouvent fournies d’effets de reflets bien trop nombreux, dénaturant le travail de Gary Frank.

Les références pleuvent envers l’oeuvre originale, par des symboles, un léger tacle à Trump qui accorde un ton de révolte mais bien trop léger. Un détail, certes, mais qui aurait pu faire de ces personnages des figures de révolte contre une situation géopolitique réelle dans un monde fictif. Ce premier numéro se présente immédiatement comme Le manque d’engagement chez Geoff Johns par rapport à Alan Moore et cela se remarque d’office. Johns semble chercher à créer un produit en respectant une oeuvre culte, en connaissance des risques, alors qu’Alan Moore cherchait une forme d’art. Ce qui se ressent dans la construction même du récit. Là où Alan Moore trouvait cette harmonie du fond et de la forme, qui donne à Watchmen cette impression de fusion totale et d’une parfaite compréhension entre le scénariste et le dessinateur, Geoff Johns semble ne tenir compte que de la forme avec les talents de Gary Frank, ainsi qu’un découpage similaire.

Un rapport créateur de problème dans les dialogues. On retrouve la diction de Rorschach sans jamais retrouver la force de ses phrases, ni son vocabulaire sale. Johns nous livre une sorte de Watchmen penchés vers un aspect, à priori, plus humain, plus spectaculaire, et un humour à la fois fidèle dans sa forme, mais bien trop présent. Ce qui fait terriblement tâche à côté du phrasé d’Alan Moore et témoigne du fossé présent entre le métier de scénariste et d’auteur. L’aspect de crise se retrouve presque oubliée au profit d’une sorte de cliffhanger et d’un fil rouge qui aura pour but de retrouver la figure mythique de l’équipe et possiblement, créatrice de l’univers DC.

Le Teasing, force unique de Geoff Johns ?

Review VO - Doomsday Clock #1 14Ce premier numéro de Doomsday Clock cherche à nous éblouir par tous les moyens et trouver sa place comme un numéro supplémentaire de la maxi-série Watchmen. Abstraction faite de cette poudre lancée au visage, il faut dire qu’il ne reste plus grand chose. Il ne reste même plus rien d’autre que du Geoff Johns. C’est à dire, des petits morceaux d’intrigue éparpillées, dans le but d’intéresser le lecteur et le laisser croire à une quelconque matière. Une erreur que le scénariste n’a de cesse de répéter à moindre mesure ici. Si on peut reprocher cette technique, on ne peut reprocher son effet concernant ce numéro. L’attente a été si forte, si longue (et le sera encore longtemps), qu’on ne peut s’empêcher à la fois de rester sur notre faim après cette lecture, mais aussi de chercher le sens dans la moindre case. Ce qui est au fond un défaut en soi, puisque le manque de contenu ne permet pas de donner de la valeur à une interprétation ou théorie précise. Et a le don de nous laisser dans un flou complet pour la suite.

Soigner un aspect du titre n’en fait un bon numéro. De plus le lecteur ne cherche pas à être ébloui, mais à être émerveillé, ce qui passe par plusieurs facteurs dans la création d’une bande-dessinée. Ce premier numéro qu’on pourrait qualifier de « trop introductif » n’est qu’une très légère présentation du contexte. L’intérêt se trouve principalement dans sa comparaison avec l’oeuvre d’origine et le traitement dont Geoff Johns fait preuve. Une comparaison dont le résultat et la distance entre l’approche de l’univers des comics par un artiste d’il y a vingt ans, et d’un artiste actuel. A vous de juger.

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Watchful

Watchful

Rédacteur depuis 2015, j'écris dans le but de partager ma passion pour les comics et entretenir ce sentiment de découverte. Bercé par Batman, mon cœur se dirige toujours vers l'éditeur aux deux lettres capitales.
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Bat-Dylan
6 années il y a

Bonjour, je m’excuse mais je n’est ABSOLUMENT rien compris a ce numéro, je ne comprend pas en quoi cela continue l’intrigue de Rebirth. De plus je suis un peu largué je me demande si Diana a les mêmes origines que dans les New 52 (fille de Zeus) ou si elle a les origines pre-new 52 (sculptée dans la glaise) je me demande aussi si elle et Sup on eu une relation parce-que le Superman New 52 est mort mais depuis Superman Reborn on a la continuité du Superman pre-new 52 dans la continuité Rebirth et New 52, de plus dans WW annual #1 on nous présente la première rencontre de la Trinity et on voit bien que c’est différent des New 52 donc voila je suis perdu :-/ Mais je tiens a préciser que J’ADORE les comics Rebirth c’est SUPER COOL

Bat-Dylan
6 années il y a
Répondre à  Watchful

Oui tu as repondu a mes questions ?merci beaucoup c’est très gentil je t’en remercie ? du coup je vais relire Darkseid War ? Merci encore ?

Vittorini
6 années il y a

J’avoue ne pas trop comprendre les reproches pour ce premier numéro. S’il est trop introductif, il faut quand même rappeler que Johns doit remettre en place tout un contexte pour le lecteur lambda qui n’a peut-être pas lu l’oeuvre originelle, ce qu’il fait en 4 pages. Pour le reste, aucun teasing facile ou de démesure pour te pousser à revenir le mois prochain, chose à laquelle nous ne sommes plus forcément habitués après avoir bouffé autant de Snyder, au contraire l’auteur pose juste ses billes, en lançant diverses intrigues, tout en dressant des parallèles intéressants et en essayant de nous faire deviner l’agenda de chaque Watchman. Concernant ces personnages, je trouve leur utilisation plutôt bien foutue. Tu le relèves toi-même, « Kovacs » est loin d’être aussi caustique, mais le récit nous explique très bien pourquoi. Malgré le fait que l’exercice de style soit largement réussi, Johns se dédouane grâce à son personnage très probablement perturbé par ce que lui a fait subir Ozy. Même chose pour ce dernier, s’il est quelque peu différent, on comprend bien vite pourquoi. J’attendrai également un peu avant de juger hâtivement le fond du récit mais, dans tous les cas, Johns n’a jamais eu pour prétention d’être aussi subversif que Moore, il est avant tout là pour nous parler de comics et ce que ces symboles représentent. A ce titre, il me semble que l’allusion à Warden Two n’est pas innocente.
Pour ma part, j’ai justement beaucoup apprécié ce numéro tout en sobriété qui se veut rassurant et n’est qu’une simple invitation qui tente avant tout de convaincre par la qualité de son écriture plutôt que par du teasing putassier, comme on peut le voir en ce moment sur Metal. Sobriété qui n’empêche en rien de délivrer une belle épopée du genre.

Cielo
6 années il y a
Répondre à  Vittorini

J’allais commencer à écrire mon petit avis également, mais après t’avoir lu je me suis dit que je n’avais pas vraiment grand chose à ajouter. Je trouve ce numéro plutôt réussi et que justement ça nous change un peu de ce qu’on peut retrouver en ce moment chez DC est c’est vraiment très agréable et passable je trouve ça un peu trop  » méchant « , mais après ça va avec ta critique et ton point de vue donc bon :). En tout cas j’ai vraiment hâte de voir la suite.

TheHolyBat
6 années il y a

« trop introductif » ; « du teasing », les gars c’est que l’issue 1…

vous avez lu Watchmen ? XD

TheHolyBat
6 années il y a
Répondre à  Watchful

Tout s’explique ! MDR ^^

Winterwing
6 années il y a

Un #1 plutôt prometteur ! Si tous les numéros continuent sur la même lignée, Doomsday Clock sera une réussite pour moi. Ma plus grosse appréhension, c’est que ça tourne à la fanfiction bien grasse en mode « la justice ligue contre lé watchman ! ne manquer pas batman contre nite owl ! ».
Mais pour l’instant c’est cool. Frank est excellent. Johns en fait un poil trop en essayant de copier la narration de Moore (plus particulièrement les premières pages). Après, il est trop tôt pour hurler au génie. Mais ce #1 donne envie de revenir pour les numéros suivants et c’est déjà une première réussite !

el_zanque
el_zanque
6 années il y a

Merci pour cette chronique, je partage l’avis de l’auteur dans les grandes lignes, on est dans de l’exploitation (plus ou moins habile, chacun son goût…), et pas dans une oeuvre originale (je trouve le elseworld de nightwing dont le tome 3 est sorti le même jour bien plus réjouissant, personnellement…). Attention, certaines phrases sont un peu incompréhensibles ( « une comparaison dont le résultat… ») Et certaines phrases un peu bizarres ( je ne sais pas si on parle vraiment de poudre au visage ou si on peut faire preuve d’un traitement, mais c »est un peu pour chicaner que je te dis ça, c’est juste un conseil amical, à l’écrit, la simplicité est une vertu, sauf si on s’appelle Marcel Proust?)

mavhoc
6 années il y a

Par définition, une suite d’une grande oeuvre, voulant trop coller à cette oeuvre, ne peut pas obtenir l’aura et la grandeur. En cela Watchful a raison et je m’étonne que tant de gens s’y opposent : bien sûr que Johns n’a pas compris Watchmen, sinon il n’aurait pas fait ce comics. Il ne l’a pas compris non en tant que lecteur mais bien en tant que scénariste/auteur. Faire une suite à Watchmen c’est oublier que la nature même de Watchmen doit se terminer avec cette suspension de réponse, en autre. C’est oublier l’anormalité propre de l’œuvre.

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