L’univers Hanna-Barbera lance une seconde vague cette année avec l’arrivée de nouveaux titres. Entre Future Quest Presents et ses quelques One-Shots par-ci par-là, la nouvelle licence plus aussi nouvelle prend un nouveau tournant bien plus détaché du fun. Parmi ces nouveautés, les Jetson était certainement le titre le plus attendu.
Tellement Vrai : XXIIème siècle
Grands absents des premiers titres parus, les Jetson sont pourtant un des titres les plus populaires aux Etats-Unis. Avec la série de 1961, un film en 1990 puis un long-métrage animé crossover avec les Pierrafeu, la série a su perdurer malgré tout et conserver un aspect classique de la série animée américaine. Qu’en est-il ici ? Les Jetson sont très associés à ce qui semble être plus qu’un choix scénaristique, mais une ligne éditoriale. La famille est présentée au cas par cas, dans une situation quotidienne. C’est le principe même de la série, qui était de raconter le quotidien d’une famille américaine type dans un univers futuriste dystopique (dans une seconde lecture) avec une portée humoristique dominante. Jimmy Palmiotti justement, semble accentuer cette vision dystopique et diriger le récit vers une inversion des genres que proposait déjà la série. Un humour léger reste présent, mais laissant une très grande place à un ton plus sérieux, et à la réflexion sur le monde, son évolution et les solutions réalisables.
Adult Swim
Un titre plus adulte que ce que peut laisser paraître la couverture d’Amanda Conner. Les personnages ne font cependant que répondre à leurs caractéristiques d’antan, par respect à l’oeuvre d’origine. Ce qui est au final le plus dérangeant. La série animée se voulait être une fine satyre de la situation sociale et fait donc entrer chaque personnage dans un type réduisant son caractère à un principe. Le père est bon travailleur et croule sous la charge imposée de son patron. La femme est gentille, et prête à tout pour sa famille. La fille aînée est coquette et tombe amoureuse du premier venu, alors que son jeune frère est un surdoué. Portrait familial conventionnel à en faire peur. Alors que je redoutais la présence au scénario de Palmiotti, ce premier numéro se révèle être une assez bonne surprise dans les sujets qui seront probablement traités par la suite. Les sujets soulevés ici sont pourtant déjà touchants, et bien trouvés, incluant la conservation d’œuvres d’art après un « Déluge« , ou encore l’humanité à travers le robot.
Du côté des dessins, Pier Brito a un style assez déconcertant, qui nous empêche d’adhérer à l’humour (peu présent de toute manière) mais intègre bien le ton plus sérieux de l’histoire racontée ici. Malgré toutes les louanges envers le coloriste Alex Sinclair, son travail ici est assez étrange. On passe vite d’un décor aux traits précis avec une domination des couleurs vives, charmantes, pour un dessin ensuite aux traits multipliés créant presque une dominante sombre, dramatique qui n’a pas lieu d’être dans ce numéro. Le dessin se dresse comme une barrière à franchir pour atteindre le ressenti. Si ce n’est pas réellement dérangeant actuellement, et que le résultat reste bon malgré tout, on peut craindre par la suite une gêne entre ce que le scénariste cherche à produire et ce que les artistes réussiront à transmettre.
Un premier numéro intriguant, plein de promesses, mais aux quelques défauts qui pourraient se révéler dérangeant par la suite. On attendra au tournant un scénariste souvent léger dans le traitement de sujet, qui pourrait inverser sa tendance pour en faire la force de ce titre. Le cliffhanger est un bouleversement de la situation initiale, supposant un sujet faisant l’objet de polémique depuis bien longtemps – sauf mauvaise interprétation de ma part. Il serait néanmoins plus qu’appréciable de voir un comic-book prendre fermement position dans ce débat, ou un autre, dans un titre à portée critique.
Tu soulignes ce que je craignais quand j’ai lu la preview du titre à savoir le manque d’engagement de Palmiotti. Mais c’est ce qu’il avait annoncé, donc j’ai un doute sur le fait qu’il pousse la double lecture plus loin. A voir par la suite.