Review VO – Black Lightning: Cold Dead Hands #1

Nouvelle mini-série cette semaine. En six numéros, cette dernière va mettre en scène Black Lightning aka Jefferson Pierce. A l’instar de Bane: Conquest, on ne retrouve nul autre que le scénariste à l’origine de la première apparition du personnage aux commandes : Tony Isabella. Une occasion de redonner de la visibilité à un personnage méconnu qui sera bientôt adapté sur petit écran. Cette mini-série semble vouloir attaquer de front les problèmes quotidiens auxquels certains américains font face, le tout avec un point de vue plutôt terre-à-terre si l’on en croit le résumé. Alors, qu’en est-il vraiment ?

Une famille au service d’un propos politique inutilisé

Le numéro commence d’emblée avec de l’action puis pose doucement l’intrigue. Si une bonne partie du numéro sert à introduire et à caractériser le vilain (on y reviendra), le reste permet de développer Pierce, fraîchement revenu à Cleveland, ainsi que sa famille, qui est au courant (haha, pas fais exprès) de la double vie du héros. C’est donc avec une solide dynamique qu’Isabella parvient à mettre en exergue certains faits de société via  les membres de cette famille. De la discrimination des femmes à celle des Noirs, le scénariste cherche à dénoncer de nombreuses choses au travers des personnages. Il y a une sorte d’effet « catalogue » de dénonciations qui fait assez artificiel. Je trouve que c’est un peu trop appuyé pour être correctement apprécié. On passe de la dangereuse omniprésence des téléphones portables et des réseaux sociaux dans le quotidien des habitants, à l’homme qui pense la femme incapable de gérer une situation délicate, au policier qui dégaine rapidement quand il voit un Noir en, finalement, trop peu de pages. C’est un listing sans réelle réflexion derrière. C’est vraiment dommage car il y a du potentiel. Néanmoins le cliffhanger nous laisse espérer un meilleur développement de certaines de ces thématiques, notamment les discriminations subies par les Noirs de la part des policiers, ce qui est toujours d’actualité.

Tenez, pour l’anecdote, Black Lightning est le premier personnage noir majeur de DC Comics. Mais à l’origine il devait s’agir d’un certain Black Bomber, un raciste blanc qui devenait noir sous le coup du stress. Une idée très vite abandonnée, je pense que vous avez une petite idée de la raison.

Un héros, un ennemi et un contexte simples

Jefferson Pierce est un héros qui revient après une longue période d’absence. Les habitants de Cleveland l’ont, pour la plupart, oublié (un peu comme les lecteurs finalement) même si l’on se demande comment cela est possible. Il fait face à une nouvelle vague d’ennemis très lourdement armés. Si le lecteur sait d’emblée qui se cache derrière tout cela, notre héros n’en sait strictement rien et il sera intéressant de le voir arriver au bout. C’est assez terre-à-terre dans le déroulement et en ce qui concerne le contexte de l’histoire. Il y a une petite vibe Under the Red Hood que ce soit au niveau des personnages ou de l’intrigue, et c’est vraiment plaisant. Des petites références à Batman ou Flash ici et là nous indiquent que le tout se passe bel et bien dans l’univers DC classique mais, sauf surprise dans les numéros suivants, cela se cantonnera à nous narrer l’histoire de Pierce et son combat à Cleveland sans aucune incursion d’un autre personnage du DCU. Le tout semble bien maîtrisé.

Pour revenir à l’aspect Under the Red Hood, ce sentiment est fortement dû à l’ennemi présenté dans ce numéro : Tobias Whale. Le parallèle avec Black Mask est assez flagrant : boss du crime de la ville, meurtres de sang froid et même la secrétaire flegmatique. Tout y est à la différence près qu’ici, c’est lui qui mène la danse. Le fait que ce vilain soit relativement peu connu permet au scénariste d’en faire ce qu’il veut et donc de nous surprendre. En effet, le personnage sera un élément clé de la réussite, ou non, de la mini-série. Il faudrait surtout éviter de tomber dans le caricatural. Pour l’instant, ce numéro nous présente un Whale bien caractérisé, intimidant et dangereux, en espérant que cela continue ainsi.

Une partie artistique des plus classiques

Aux dessins, on retrouve donc Clayton Henry, qui officie ici dans un mainstream satisfaisant. Si les illustrations ne sont pas saisissantes, la représentation de l’action et de la vie lambda des protagonistes est réussie. Sans grande prétention mais largement suffisant pour dépeindre un monde réaliste. Il n’y a pas vraiment grand-chose à dire si ce n’est que c’est correct.

Finalement cette mini-série débute très bien. On retrouve un héros expérimenté de retour dans une ville qui l’a oublié. On le suit dans son quotidien, ses aventures et ses relations avec sa famille. Très plaisant, que ce soit dans les premiers développements de personnages ou dans les scènes d’action, il demeure cependant un propos politique qui, s’il n’est pas dénué d’intérêt, reste sans réelle réflexion et se contente d’un simple listing qui ne permet pas de développer quoique ce soit pour l’instant. Néanmoins, le potentiel est là. Mini-série à suivre.