Review TV – Arrow S06E03 : Next of Kin

Troisième épisode pour la sixième saison de Arrow, et troisième review. Pourquoi cela, alors qu’elles sont beaucoup plus ponctuelles pour les autres séries ? Tout simplement parce que la série revoit actuellement son statu-quo, elle effectue des changements qui résonnent particulièrement sur la série elle-même. Et cette semaine, le changement n’est pas des moindres : Diggle devient Green Arrow à la place d’Oliver, qui lui se concentre sur son rôle de père. Voyons donc comment la série se débrouille avec ce postulat et ce qu’elle a à nous en dire.

Green Arrow : symbole ou héros ?

Le précédent épisode soulevait une question : Green Arrow était-il devenu un symbole plus qu’un héros ? C’est en tout cas ce qu’avait l’air de penser Oliver, qui, de par sa transmission du costume à John, assumait que la ville de Star City avait besoin d’un Green Arrow, quel qu’il soit, et que l’équipe sans ce symbole n’aurait pas l’impact qu’elle a actuellement. A partir de ce nouvel épisode, Next of Kin, il reste difficile d’y trouver une réponse, la question du symbole n’étant pas spécialement abordée. Il faudrait pour cela d’avantage se tourner vers les citoyens de la ville, ce que la série compte bien faire avec un référendum sur la question des justiciers, sur laquelle nous reviendrons après. Non, la série reste finalement très terre-à-terre en se concentrant bien sur ses personnages, et notamment Diggle, qui doit, après cinq saisons, passer de bras droit à leader de l’équipe. Un rôle difficile à assumer, d’autant plus à la vue de son état de santé mentale. Un développement qui pourrait paraître artificiel puisqu’il est évident qu’Oliver reprendra le costume dans quelques épisodes, mais qui se révèle intéressant à différents niveaux. Premièrement, parce que les scénaristes l’inscrivent sur la durée, là où on aurait pu penser qu’ils n’oseraient changer leur statu-quo plus d’un épisode. Mais cela se montre également intéressant quant à Diggle, qui retrouve ici un intérêt : enfin les scénaristes lui trouvent quelque chose à faire, là où il faisait figuration depuis un moment.

Un regain d’intérêt pour Diggle

Ainsi, une nouvelle problématique se pose pour le personnage : a-t-il ce qu’il faut pour être un leader ? En plus de développer Diggle, cela permet de créer une certaine dynamique dans le groupe, qui se retrouve à interagir entre eux pour autre chose que la mission en elle-même. C’est particulièrement Dinah Drake qui bénéficiera de cette relance d’intérêt pour Diggle puisqu’on lui trouve une certaine fibre de meneuse naturelle. Meneuse de l’ombre, mais meneuse quand même. Et cela fait plaisir de voir que la série se décide à utiliser ce personnage, qui était resté quelque peu dans l’ombre la saison dernière. Si l’on peut apprécier ce que la série tente de faire ici avec ce changement de dynamique de l’équipe, dont le problème de leadership apparaît naturel dans l’idée, on ne peut en dire autant de l’exécution. En effet, il semble que les scénaristes n’aient pas eu le courage de trouver des situations plus inspirées pour mettre Diggle dans le doute. Certes, Wild Dog remet cela en perspective en nous rappelant que l’organisation de l’équipe est essentielle à leur survie, mais tout de même, on ne peut s’empêcher de penser qu’un leader n’est pas indispensable à chaque choix. L’équipe est composée de nombreux membres, il n’y a donc aucun soucis à se séparer pour accomplir deux tâches différentes. Il n’est ainsi pas très logique de rejeter la faute sur Diggle, qui se retrouve à broyer du noir tel Oliver : une dynamique inversée entre les deux hommes qui se montre assez bien pensée, renvoyant aux débuts de la série.

Un développement quelque peu artificiel donc, mais qui reste quand même agréable à suivre. En réalité, il est surtout appréciable de voir que les scénaristes ont des choses à raconter avec ce nouveau postulat : ils semblent fournir un certain effort, ce qui n’était pas forcément gagné. Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls, puisque les chorégraphies et la réalisation sont soignées. Cet épisode signe d’ailleurs probablement les meilleurs combats offerts par cette saison : plus impactant et brutaux, on sent que les chorégraphes ont souhaité marquer une certaine transition, donner de la personnalité à ce nouveau Green Arrow, qui ne peut compter que sur ses compétences au corps-à-corps. Quant à la réalisation, on constate dès le début qu’elle se montre un minimum inventive, notamment avec le cri de Black Canary qui permet à Green Arrow d’être propulsé jusqu’au bâtiment voulu dans un rendu plutôt cool. Le faux plan-séquence de la dernière partie d’épisode s’inscrit lui aussi dans cette lignée, nous livrant un combat assez dynamique et original.

Oliver Queen, entre père et maire

Diggle Diggle Diggle… C’est bien gentil, mais quid d’Oliver ? Après cinq saisons à être torturé par les ténèbres de son cœur et de son âme, voici qu’il l’est par… le contrôle de maths de son fils ! Débarrassé de son fardeau, voici qu’on peut d’avantage s’appesantir sur son nouveau rôle de père. Cela paraîtra anodin, voir inutile aux yeux de certains, et il est vrai qu’il est assez déconcertant de retrouver Oliver dans cette situation, mais c’est aussi et surtout rafraîchissant. On lui découvre une nouvelle facette, quelque chose que l’on avait pas encore exploré auparavant, et cela prouve que le personnage a encore de la ressource, il y a encore des choses à raconter sur lui. Mais qui dit vie privée, dit aussi vie amoureuse… Nous arrivons donc au fatidique moment du retour d’Olicity. Cela ne fait plaisir à personne ici, mais il va falloir l’intégrer, la série compte poursuivre sur ce chemin. Néanmoins, rien d’agaçant ici même si on assiste à une relative remise en avant de Felicity : tout se fait assez naturellement et avec humour. Espérons que les scénaristes garderont cette sobriété.

Oliver n’est pas qu’un père, c’est aussi le maire de Star City. On continue donc également sur cet aspect de sa vie, qui ici, se mêle avec son ancienne vie de justicier d’une certaine manière, puisqu’il est question de l’intervention des justiciers, qui n’a rien d’illégale, mais dont on remet en cause la légitimité. Un parallèle est directement dressé entre la question de la nécessité d’avoir un Green Arrow au sein de l’équipe et la nécessité d’avoir des combattants du crime extérieurs à la police, donnant ainsi l’impression à cette dernière et aux habitants qu’elle ne peut se débrouiller sans cette aide. Malgré une approche un peu rapide et maladroite, il est assez intéressant de voir comment Oliver appréhende la situation en ne pouvant agir qu’en tant que maire, jusqu’à sa décision de laisser le peuple s’exprimer sur cette épineuse question. Voilà donc où la série pourra traiter de l’empreinte des actions des justiciers du point de vue du public, et par extension, du symbole que représente Green Arrow. Difficile de savoir jusqu’où ira la série, mais le potentiel est bien présent, et les thématiques amorcées intéressantes.

Un épisode qui se faisait attendre au tournant par son postulat inhabituel, mais qui relève le défi de manière convaincante, quoi qu’un peu artificielle, en plus de réussir à donner un nouveau souffle à certains personnages. Une situation qui profite donc à tout le monde, et même au spectateur, qui voit quelque chose d’à peu près inédit, scénaristiquement comme visuellement. Cette nouvelle saison d’Arrow prend un nouveau chemin qui sera décisif, mais qui se montre passionnant jusque là.