Review VF – Batman : La nuit des Monstres

Premier crossover de l’ère Rebirth, Night of the Monster Men (ou La nuit des Monstres dans nos grises contrées) est sorti dans le but de développer les relations au sein de la Bat-Family, de conclure des intrigues ainsi que d’accroître la visibilité de certains personnages mineurs. Pour ce faire, Steve Orlando chapeaute le tout en travaillant avec les auteurs des trois séries respectives. Alors qu’en est-il ?

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L’esprit d’équipe

En six numéros, Orlando se devait de donner son moment à chacun des protagonistes (soit huit en tout), en plus de développer une intrigue qui se tienne. Puisque certains éléments ont été introduits dans des tomes précédemment sortis, à savoir Batman Rebirth Tome 1 et Detective Comics Tome 1, le scénariste a tous les outils nécessaires pour délivrer une intrigue solide. Maintenant qu’en est-il de l’exécution ?

Spoilers dans le paragraphe suivant si vous n’avez pas lu Detective Comics Tome 1 !

Une tempête s’approche de Gotham et toute la Bat-Family s’active afin de pouvoir assurer la sécurité des habitants ainsi que leur évacuation. C’est aussi l’occasion de penser à autre chose après la mort apparente de Red Robin. C’est clairement autour de ce point précis que tout tourne. Pour Batman c’est la mort de trop. Il ne peut plus se permettre de perdre d’autres personnes qu’il a entraînées dans sa mission. Il va se montrer très protecteur vis-à-vis des sidekicks notamment. Cette attitude va se retrouver confrontée à celle de Batwoman, beaucoup plus pragmatique. On prend du plaisir à suivre chacun des héros et à les voir affronter les situations qui se présentent à eux. D’un côté, on a les adultes expérimentés que sont Batman, Batwoman et Nightwing, et d’un autre côté, on a les jeunes héros, impulsifs, emplis de bonnes intentions mais qui ne peuvent se passer des ordres de leurs mentors. On arrive à s’identifier à certains alors qu’on trouve que d’autres n’ont pas le comportement adéquat. C’est comme si on évoluait aux côtés de cette équipe. Pour le coup, Orlando arrive à rendre ses personnages très humains.

Finalement, les monstres ne sont que des prétextes pour réunir l’équipe afin de pouvoir développer certaines relations et pousser la caractérisation de quelques personnages.

Malheureusement, il réside dans l’écriture une rigidité, au niveau des dialogues ou dans la façon d’amener certaines situations. Certaines scènes ne servent qu’à présenter quelque chose que l’auteur veut montrer sans que cela n’apporte rien à l’histoire. Les caractérisations sont bonnes, mais perfectibles. De plus, il subsiste encore une tendance qui amène Batman dans des situations où le « too much » règne. Des armures improbables, des armes cachées dans la ville et sorties de nulle part, et d’autres choses encore. Pourquoi toujours vouloir mettre Batman dans des situations qui en deviennent absurdes à force ? Une accumulation de situations incongrues qui feront tiquer à la lecture.

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Gotham City prend (de nouveau) très cher

Vous en avez assez des destructions répétées que subit Gotham ? Eh bien, ça ne change pas ici ! C’est devenu une sorte de norme de faire péter toute la ville ces dernières années afin de montrer que la menace est très dangereuse (on se demanderait presque pourquoi Gotham City reste aussi peuplée). Si le début reste plutôt soft, l’histoire va vite aller vers de la destruction à tout va. Je trouve que les meilleures histoires sur Batman sont celles qui ont une portée « restreinte ». Des menaces à la portée de Batman et de la Bat-Family. Trop de destructions tue la destruction. Lorsque cet outil scénaristique est utilisé, il s’agit normalement de souligner la gravité de la situation à laquelle est confrontée le héros, ou de montrer la puissance de l’ennemi, mais de manière occasionnelle. Néanmoins, cet outil a été complètement usé, à tel point qu’il n’a plus aucun impact sur le lecteur qui, je pense, ne s’attardera pas sur ces pages représentant des dizaines et des dizaines de bâtiments réduits en poussière.

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Visuellement intéressant

Trois dessinateurs, aux styles parfois proches, parfois plus distincts, se relaient sur chacune de ces séries nous offrant une représentation de l’action vraiment jolie. Rossmo, sur la série Batman, fait un excellent travail, tant au niveau des dessins que de la mise en page. La colorisation arrive à sublimer le travail du dessinateur. Mention spéciale aux magnifiques splash pages qui représentent les monstres. Juste impressionnant. Dans un style un peu plus académique, Antonio, qui officie sur la série Nightwing, est moins surprenant que Rossmo mais le tout reste relativement acceptable, même si l’artiste ne fait pas vraiment d’efforts. Accompagnés d’une colorisation plus sobre et d’un encrage assez lourd, les dessins en deviennent plus classiques, et plus adaptés pour représenter une ville telle que Gotham City. Et enfin, McDonald sur Detective Comics est à mi-chemin entre les deux précédents artistes. Ses dessins sont plutôt réussis mais la mise en page et les décors sont un peu trop surchargés pour être digestes. Finalement, les trois dessinateurs se complètent et nous offrent un beau spectacle.

Alors que vaut ce crossover ? Une lecture agréable, mais à l’écriture encore un peu trop rigide. Il manque une certaine subtilité dans la narration ici ou là. Orlando veut introduire certaines choses et il le fait, même si le contexte ne s’y prête pas. Il sera intéressant de noter que l’on ne remarque pas l’influence des trois autres auteurs. Cela permet de garder une unité scénaristique appréciable. Au milieu d’une nouvelle destruction de Gotham City, la Bat-Family arrive à trouver une dynamique de groupe plaisante à suivre. Le tome permet également d’enrichir les intrigues lancées dans Batman et Detective Comics. Bref, il y a de quoi passer un bon moment devant un crossover somme toute réussi dans l’ensemble.

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Chipster
Chipster
6 années il y a

Clairement too much comme event. Si l’ensemble se tient sur ces monstres, la partie sur les habitants « possédés » avec Spoiler et Cain n’a juste aucun intérêt dans l’histoire et ne sert vraiment de prétexte qu’à leur donner un rôle à jouer.
Sur la destruction, le seul côté que j’ai « apprécié » c’est qu’une bonne partie est portée sur la protection et l’évacuation des habitants, tandis que souvent les héros sont simplement concentrés sur leur adversaire.
Par contre j’ai trouvé la fin extrêmement expédiée, limite incompréhensible sur la résolution.

LPU
LPU
6 années il y a

Ça c’est « Bon » et Green Arrow Rebirth T1 c’est « Bon ». Là je vous suis pas.

D’une manière générale, je trouve qu’en ce moment, DC (et tout le monde en fait) surexpose à mort Batman et, comme il est dit dans l’article, le côté « too-much » est tout ce que je retiendrai de ce mini-event/cross-over complètement pété et oubliable (et oublié).

Sasahara
Sasahara
6 années il y a

malgré les monstres, les excès, l’intérêt est de montrer la Bat-Family en action, comme un groupe soudé, et donc un Batman obligé de jouer collectif, même chez lui à Gotham. (c’est le rôle de ces scènes dans les grottes: Batwoman dit à Batman qui veut y aller: « Spoiler et Orphan sont sur place, on les a entrainées pour ça! » et Batman se plie à ses ordres. Le côté militaire de Kate donne une cohésion au groupe.
Tant de comics sur des groupes célèbres (JLA,SS) qui dysfonctionnent à donf et là un groupe sans existence officielle mais qui fonctionne, ça change!
De plus c’est un crossover de 3 séries et on le remarque à peine (c’est un compliment!) les persos apparaissent dans tous les chapitres, c’est fluide- et les dessins sont parfaits !

vinreel
vinreel
6 années il y a

Review: Batman – La Nuit des Monstres

Dans Batman – Tome 1, Hugo Strange et le Psycho-Pirate échappent à Amanda Waller, semant la désolation et le chaos sur Gotham. Le docteur Hugo Strange cède alors le Psycho-Pirate à Bane, en échange de son précieux Venin, lui permettant ainsi de mettre en oeuvre son plan machiavélique pour abattre Batman. C’est dans ce contexte que se démarre Batman – La Nuit des Monstres, crossover des séries Batman, Detective Comics et Nightwing. Cette histoire sera l’occasion pour le scénariste Steve Orlando de confronter Batman et ses alliés à des menaces monstrueuses et gigantesques, dans une cité de Gotham frappée par des intempéries inédites depuis l’An Zéro.

Steve Orlando se sert donc de cette double menace – météorologique et monstrueuse – pour mettre en avant les alliés de Batman, en particuliers Batwoman et Nightwing, a qui le récit fait la part belle. C’est l’occasion de montrer que non, Batman n’est pas seul à défendre Gotham, et que lorsque cela est nécessaire, tous ses alliés peuvent mettre en commun leurs talents, et travailler ainsi ensemble à la résolution d’enquête, où pour combattre des Kaijus. Le récit n’est pas particulièrement profond, en témoigne un dernier chapitre présentant les motivations de Hugo Strange assez vite expédié. Non, Steve Orlando ne cherche pas à marquer la continuité des aventures de Batman, il cherche avant tout à présenter un bon divertissement, très spectaculaire, faisant la part belle à l’action et aux gadgets high-tech utilisés par le chevalier noir. L’ambition est donc de présenter une aventure commune à tous les défenseurs de Gotham, de les voir travailler ensemble à protéger cette ville de Gotham si particulière, qui va au cours du dernier acte littéralement prendre part aux combats contre ces monstres géants qui l’assaillent – les buildings Wayne équipés de canons se mettant à tirer sur le dernier monstre.

On est dans une narration très proche de ce qu’a pu faire Scott Snyder durant les New 52, avec un récit résolument spectaculaire, et une personnification de la ville qui en faisant un acteur à part entière du récit. Dans Batman – La Nuit des Monstres, la cité inondée et frappée par une pluie battante, ce qui fait écho à la situation de Gotham durant l’An Zéro, avec sa végétation dense et sauvage, qui la transformait en un véritable terrain de jeu pour Batman. Ici aussi Gotham est aussi un terrain de jeu pour les personnages, la catastrophe frappant la ville justifiant l’évacuation de tous ses habitations, ce qui permet ainsi au scénariste de se laisser aller à des scènes de destruction massive, avec ces monstres allant de quelques dizaines à plusieurs centaines de mètres de haut.

Concernant les différents acteurs du récit, Steve Orlando donne un temps de présence suffisant à chacun, et s’il n’hésite pas à les séparer pour le besoin de l’intrigue, il fait en sorte de garder les mêmes personnages au même endroit autant que faire se peut, afin de ne pas perdre le lecteur dans d’incessants va-et-vient. Le récit peut ainsi se diviser en 3 parties relativement distinctes, qui se rejoignent à la fin: Batman et Batwoman affrontant des monstres à Gotham, Spoiler et Orphan veillant sur les habitants évacués dans une grotte, et Nightwing chargé d’enquêter sur l’origine de ces fameux monstres.

Pour la partie graphique, plusieurs artistes se relaient tout au long de ce récit, et tous offrent de belles planches, planches sublimées par la colorisation de Ivan Plasencia pour les chapitres de la série Batman. Le mariage entre l’esthétique très particulière de l’univers de Batman et celle propre à l’univers des monstres (difformes, défiant les lois de la physique, par définition monstrueux) est très réussis, et l’ensemble ne détonne pas autant qu’on pourrait le croire de prime abord. Reste qu’étant donné l’échelle de la menace, les scènes de destruction sont parfois trop généreuses, et on finit légèrement assommé de voir tant d’explosions et d’immeubles s’effondrer, comme après un repas bien copieux.

Avec Batman – La Nuit des Monstres, on assiste à un intermède divertissant pour les principales séries de Batman, permettant de voir tous ces personnages intérargir ensemble, renforçant ainsi la cohérence de cet univers interconnecté. C’est aussi l’occasion de confronter Batman a une menace dont il n’a pas l’habitude, à savoir de véritables monstres, lui qui fait plus souvent face à des humains aux pulsions monstrueuses. Un récit qui ne fera pas date, mais qui honore les objectifs qu’il s’était fixé: divertir son audience.

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