Il est toujours difficile pour moi de trouver les mots pour vous vendre une œuvre artistique, surtout lorsqu’elle provient du label Vertigo. La plupart d’entre vous ne cliqueront pas sur cette review, d’autres le feront, mais n’arriveront pas jusqu’à ces lignes, préférant directement passer à la conclusion. Je ne me fais aucune illusion à ce sujet, ne vous en faites pas. Pour les autres, il m’incombe la lourde charge de vous pousser à lire un des grands pans méconnus de DC Comics, très éloigné d’un guignol habillé en chauve-souris et ayant un problème avec ses parents, ou d’un blondinet activiste anti-surimi se baladant avec son trident. Aujourd’hui, parlons de ce premier tome de The Unwritten.
Harry Potter à l’école des Fables
Avec l’approche d’Halloween, il est clair qu’Urban cherche à mettre à l’honneur la partie mystique de chez Vertigo, et le fait d’une belle manière en donnant plus de visibilité au travail de Mike Carey que, en plus de cette œuvre, vous pouvez retrouver ce mois-ci en VF sur Hellblazer. Néanmoins, au lieu de perdre tout le monde en diatribe sur ce grand monsieur, mettons-nous au travail en expliquant de quoi parle The Unwritten. Imaginez si Harry Potter et Fables avaient fusionné dans un livre écrit par un auteur aujourd’hui mystérieusement disparu. Imaginez que le héros dudit récit, Tommy Taylor, soit inspiré du fils de l’écrivain, Tom, et que ce dernier ait décidé de capitaliser dessus. Imaginez maintenant que ces histoires ne soient peut être pas si irréelles que ça, et que la barrière séparant le réel de l’imaginaire soit progressivement en train de voler en éclats. Voilà de quoi traite ce premier tome. Vous vous en doutez déjà avec l’orientation que prend cette review, mon avis est plus que positif, mais il va falloir maintenant expliquer pourquoi. The Unwritten est le résultat d’un travail de recherche massif fait par un passionné, partant d’une volonté de réunir sous une même bannière toutes les histoires ayant jamais été écrites, qu’elles soient totalement fictives ou non. Ainsi, le tout s’avère extrêmement référencé et peut s’apprécier à plusieurs niveaux, qu’il soit découvert par un féru d’histoire un peu rêveur, ou un fan voyant ses œuvres préférées détournées. Mention spéciale à Tommy se retrouvant à planter sa baguette dans l’œil de son Ron d’infortune, afin de se défendre.
Le sentiment d’assister à quelque chose de grand
Contrairement à un premier tome de Fables cloisonnant les héros, la première impression apparaissant au fil des planches est le sentiment d’assister à quelque chose de grand dont il sera, même à la fin de ces 300 pages, difficile de comprendre les tenants et aboutissants, les lecteurs partageant la même incompréhension que le héros devant la succession d’événements présentés ici. Mais plus que son onirisme latent, c’est à une véritable critique sociale que livre Mike Carey au travers de son héros. Une critique des médias, une critique de l’effet de masse et de la stupidité que cela peut engendrer, une critique de l’aveuglement et du besoin qu’ont certains de se trouver, en temps de crise, des prophètes de pacotille afin de se rassurer. Les réseaux sociaux et leur fonctionnement sont aussi parfaitement retranscrits. Bien entendu, tout ce récit n’aurait pu voir le jour sans le travail de Peter Gross, dessinateur accompli, allant jusqu’à modifier son trait afin de différencier le présent et le passé. Par ailleurs, il est possible à certains moments de déplorer une baisse qualitative en fonction du travail qu’a du fournir l’artiste sur les planches précédentes et suivantes. Heureusement, le tout est brillamment rattrapé par la colorisation de Christopher Chuckry, connu des fans de Star Wars pour avoir travaillé sur bon nombre de comics de la franchise intergalactique.
Ça y est, arrive le moment fatidique de vous conseiller ou non ce livre, après une review plus que concise afin d’éviter tout spoilers. Si vous êtes un amateur d’onirisme, d’Histoire avec un grand H, de contes de fées, cette histoire est faite pour vous. Si vous avez apprécié Sandman et surtout Fables, avec lequel The Unwritten partage un numéro crossover, foncez. Si enfin, vous cherchez une fable sociale bien référencée et un scénario bien ficelé, laissez-vous tenter. Néanmoins, petite précision afin que vous vous engagiez en connaissance de cause. Ce tome comprenant 12 numéros et la série en comprenant 71, l’intégralité sera contenue en 5 tomes. Ah, et au fait, avant de nous quitter, bien qu’il soit précisé que The Unwritten est conseillé aux 6 ans et plus, ce n’est pas adapté, vraiment pas.
Lisez du Vertigo, lisez du Unwritten, et à une prochaine fois !
Je me posais la question si je devais l’acheter ou pas, le synopsis étant assez intriguant, mais là avec cette review je suis vendu ! Je passe à l’achat dès que je peux !
Content d’apprendre qu’une review, Vertigo qui plus est, ait pu être utile ^^
En plus de Peter Gross, il ne faut pas oublier de citer Yuko Shimizu qui réalise toutes les (magnifiques) couvertures de la série. :-)
Lors de ta conclusion tu dis : voici arrive le moment…
Pour moi tu l’as déjàs fait au premier paragraphe de ton article (de la ligne 5 à la 10, là ou tu pose les bases de Unwritten) le speech que tu en fait je trouve est suffisamment accrocheur pour quelqu’un qui à un peu d’imagination.
Très intéressant, à suivre, espérons que cela ne finisse pas en soufflé et en effet dommage que cela ne sorte pas déjà en hardcover.