Off My Mind #55 – L’effet Action Comics #987, pour quelles attentes ?

Cela fait trois ans que Oz est apparu, et un an de teasing infernal, après le lancement de Rebirth. La sensation d’un fil rouge trop usé, comme cette intrigue d’un Clark Kent mystère, se faisait sentir. L’arc s’est lancée avec Action Comics #987, et sera intégralement écrit par Dan Jurgens, et dessiné par Ryan Sook, au style particulièrement proche du Ian Churchill sur Marineman. Ce qui est étonnant pour un arc de cette importance. Mais qu’attendre de ce récit après avoir révélé l’identité de Oz, et ayant cette fonction de lien avec la présence confirmée des Watchmen dans l’univers DC, et plus particulièrement du Dr. Manhattan ? Un article de spéculations, d’inquiétudes, qui n’a pas la prétention de parole divine, mais bien celle d’essayer de positionner ses attentes face à l’arc en question.

Osez le magicien

Tout d’abord, des réponses. Oz est un personnage possédant (à priori) une importance primordiale sur l’univers DC, et le teasing massif ayant eu lieu se doit d’être à la hauteur. Le danger reste présent. Lorsque les derniers exemples sont Trinity War, et Forever Evil (on ne parle pas de Convergence ), tout porte à croire que les événements DC ne sont définitivement plus ce qu’ils étaient. Seuls les relaunch et reboot ont jusqu’ici fait leurs effets sur les ventes et les retours critiques – en général .

Si Oz Effect n’a pas cette prétention d’événement, Doomsday Clock, oui. Et le lien entre ces deux arcs n’est plus à faire. Ainsi, les lecteurs déçus par Oz Effect pourraient y voir les prémices d’un nouvel échec pour l’éditeur. Et si je parle de ce risque, c’est bien à propos des difficultés que semble entretenir l’éditeur – ou plutôt ses auteurs – à conclure ses/leurs récits.

Les exemples les plus connus sont les arcs de Scott Snyder sur Batman lors des New 52, mais le plus pertinent serait bien Dan Jurgens. Je sais bien que beaucoup ne sont pas de mon avis à ce sujet, mais malgré tout mon amour pour le scénariste, il faut bien avouer que ses dernières histoires sur Action Comics n’ont vraiment rien d’extraordinaire. Il en va de même pour celles qui m’ont plu. Je pense notamment à l’arc Men of Steel, qui, malgré bien des imperfections, entretenait un parfait rapport entre divertissement décérébré et la fantaisie de mondes inconnus, tout en jouant sur les rapports entre ses personnages. Mais depuis Superman Reborn, notre héros vêtu de Rouge et Bleu semble s’enfoncer dans un statut quo le résignant à vivre des aventures sans saveur.

Vers une histoire banale, pour un événement d’exception ?

Et si Dan Jurgens n’avait pas les caractéristiques nécessaire pour un arc de ce genre ? Non pas que je remette en doute les capacités et les talents de l’homme qui, à mes yeux, est avec John Byrne, Joe Shuster et Curt Swan, un dessinateur capable de représenter Superman avec toute sa symbolique et lui procure à travers une simple image, cette aura de surhomme. Mais si Dan Jurgens est un dessinateur aguerri, en tant que scénariste, l’artiste use de réflexes, de contextes semblables, d’un scénario à un autre. Une histoire de Superman par Dan Jurgens se retrouve généralement avec une situation critique pour le personnage, un danger qui se présente d’office comme insurmontable ou alors, aura des conséquences sur le futur du héros. Des éléments qui sonnent d’office comme déjà vu, allant jusqu’au cliché, mais qu’on retrouve toujours dans un arc de Jurgens, et bien d’autres. Dan Jurgens est ce type de scénariste qui opterait pour l’écriture, non pas d’une histoire, mais d’une odyssée. Ses aventures sont des péripéties, des exploits d’un dieu sur Terre, mêlés à des contextes et événements symboliques (La mort de Superman, Le mariage avec Lois, etc).

Il réussit a partager son sentiment de nostalgie et faire perdurer le symbole du super-héros phare de DC Comics. Pour autant, Oz Effect, malgré son rapport osé avec la mythologie de Superman, n’est pas ce type d’histoire où prédomine l’action et l’exploit. Qui sont des éléments que nous retrouverons plus tard avec Doomsday Clock.

Que devrait-être Oz Effect, sinon une raison de suivre Action Comics ? Rien de plus qu’une introduction. Une révélation, pour le coup choquante, comme ont pu le voir les lecteurs de cette première partie aux retours mitigés. Oz Effect n’est alors plus au statut d’attentes mais d’espoir, d’y voir non pas un arc d’affrontements mais d’explications, de révélations cohérentes pour contrer avec ce qui sonne comme un illogisme profond. L’espoir d’y voir un développement poussant Doomsday Clock vers l’événement de l’année et non pas une nouvelle déception. Et malgré tout mon respect pour Dan Jurgens, je crains fort que ce plot ne convienne pas à sa plume. En espérant un redressement cette semaine après un premier numéro laissant au mieux dubitatif, au pire très inquiet concernant les plans de l’éditeur, avec une deuxième partie qui saura rendre honneur aux personnages d’ores et déjà engagés dans une histoire qui ne pourra qu’avoir des conséquences, à moins de nous annoncer un Superman Reborn Bis ou d’oser un nouveau twist sur l’identité du personnage.

Ils sont capables de tout.