Avec le retour de Tom Taylor sur la franchise, Injustice 2 est un petit cadeau chaque semaine à retrouver. Parce que l’auteur ose aller dans des directions très osées ; qu’il éviter certains écueils qu’on pourrait facilement retrouver dans le jeu principal ; qu’il arrive à rendre son histoire intéressante malgré certaines thématiques déjà bien usées ; et qu’il utilise à fond la diversité du DC Universe – et sait clairement tirer là où il faut sur la corde sensible des fans (cette dernière page, bordel). Avec une partie graphique qui fait le job correctement, on tient à une nouvelle fois un numéro réussi pour la 15e fois de suite.

Arthur Curry rencontre un groupe de parias/mutants d’Atlantis alors que Mera déchaîne sa rage contre la cité sous le joug du vil Rath. Dan Abnett tient les rênes solides de cet arc dans lequel vient se greffer maintenant une 3e partie. Tout en développant l’aspect sociétal des Atlantes, avec des thématiques malgré tout bien connues et qui n’apportent pas grand chose de neuf, si ce n’est à faire un parallèle évident avec le monde de la surface : comme quoi, nous ne sommes pas si différents. Un propos classique mais qui reste efficace avec un casting coloré et charismatique (Dolphin envoie du lourd dans les phases d’action) et un couple Aquaman/Mera qu’on a plus qu’envie de retrouver. Bien entendu, le script est plus que sublimé par le travail de Stjepan Sejic qui par son style, son découpage, et les effets visuels associés aux couleurs, emmène Aquaman sur des sommets graphiques rarement atteints : une petite merveille, et clairement ce que le héros mérite à une bonne année de sa venue au cinéma.

De façon curieuse, ce simili-interlude dans la War of Jokes and Riddles est plus plaisant à lire que l’intrigue principale. Tom King ne se concentre pas sur l’affrontement entre les deux super-vilains mais sur les retombées d’un personnage plutôt quelconque dont la vie va malgré tout être bouleversée. Pour un personnage vraiment obscur de cet univers, King livre un récit assez touchant sous forme d’une tragédie un poil fataliste, mais pleine d’empathie pour son personnage principal. Batman est là aussi effacé, impuissant comme depuis le début de cette histoire et il faudra encore attendre pour le voir se réveiller. L’écriture de King est toujours reconnaissable avec certains tics (les répétitions) mais le numéro reste vraiment plaisant et les dessins de Clay Mann font largement le boulot pour un titre de haut-niveau tel que celui là. Peut-être les couleurs mériteraient-elles d’être un peu moins vives, s’il fallait trouver quelque chose à redire. Batman par Tom King reste très plaisant à suivre, vous pouvez.

Si Batwoman a parfois pu se perdre en chemin, ce rebirth est une réussite à mes yeux pour le personnage. J’aime retrouver cette Kate qui pour l’instant reste mystérieuse, j’aime l’univers dans lequel elle est plongée, j’aime les personnages qui gravitent autour d’elle, j’aime l’ambiance qui se dégage de cette situation. Et si pour le coup l’écriture de Marguerite Bennett et James Tynion IV me comble, cela n’est rien en comparaison des planches magnifiques de Stephanie Hans. L’artiste dépeint les scènes d’une façon fantastique, en travaillant sur le langage corporel des personnages, leurs expressions, le décor, tout en laissant planer une espèce d’impression de douceur et de plénitude. Je trouve qu’on se laisse bercer par l’histoire que nous livre cette équipe créative depuis le début. Enfin du moins, moi je me laisse bercer et ça me fait du bien d’apprécier Batwoman, loin de la Batfamily, loin du tumulte et de la déchéance de Gotham.

Le mélange des genres continue cette semaine dans Cave Carson avec un chapitre qui propose un mash-up entre, évidemment, de la science-fiction, du survival à l’ancienne en mode aventure pulp qui garde des fondations qui font de l’oeil à l’univers de Lovecraft, mais aussi une utilisation de l’univers DC qui donne un parfum Elseworld à l’oeuvre. Tout ça pourrait vite apporter une impression de trop plein mais l’ensemble fonctionne très bien car Jon Rivera parvient à trouver le bon équilibre dans son récit sans trahir ses thèmes de prédilection. Le côté tragédie familial est donc bien traité et en se concentrant, en priorité, sur deux ou trois personnages l’auteur met en place de jolis moments de caractérisation. Tout ça sans se montrer timide pour autant quand il s’agit d’approfondir son univers avec des concepts intéressants. La contrepartie de ces choix, c’est que des personnages secondaires apparaissent encore sous-développés. A tel point que certains semblent plus être des ombres qu’autre chose. Néanmoins, la série s’appuie sur une écriture assez solide et sur un sens du rythme salutaire pour continuer de convaincre. D’autant plus que Michael Avon Oeming aux dessins et Nick Filardi aux couleurs réalisent, encore une fois, un travail impeccable.

Suite du road trip de Green Arrow, ce qui signifie nouveau team-up et nouvel artiste invité, avec un style plutôt efficace. Oliver Queen s’associe pour cette fois avec Wonder Woman, qui aura un rôle assez léger à jouer, mais qui n’aurait pas fonctionné avec un autre membre de la ligue, donc c’est réussi selon moi. L’intrigue prend de l’ampleur et gagne en intérêt petit à petit, avec le Ninth Circle qui montre de plus en plus leur pouvoir sur le gouvernement. Cependant, la sous-intrigue sur Emiko et Black Canary est sympathique, mais bien trop anecdotique, tout comme le premier passage avec Flash. Ça reste meilleur que le précédent numéro et on espère que cet arc continuera sur cette montée.

Green Lanterns ne va pas casser trois pattes à un canard avec ce numéro mais j’avoue que l’idée du scénariste est amusante. Le problème est qu’on passe une bonne partie du numéro à juste suivre Jessica et Simon sur une planète sur laquelle ils ont été envoyés suite aux évènements du dernier numéro. Ca fourmille de plein de bestioles, c’est très coloré et pas mal inventif, mais l’ensemble donne un peu dans le remplissage. Ca s’améliore par contre en seconde partie du numéro, avec des enjeux plus intéressants et une conclusion qui donne, pour une fois, vraiment envie d’en connaître plus. Même si on peut déplorer que le « cas Volthoom » ne soit toujours pas résolu, cette interlude dans l’histoire permet à l’auteur et son artiste de souffler un peu, et ça s’en ressent aussi pour le lecteur.

Passons sur le fait que vouloir inclure le papa et la maman d’Harley Quinn n’était pas la meilleure idée de ce comicbook, si tant est qu’il y a encore de bonnes idées dans ce mélange bordélique qui est, désolé pour les fans, lourd et indigeste au possible. Après plus de deux ans à tourner en rond, on continue toujours dans le même style hyper verbeux, faussement drôle – à quelques exceptions près, mais hé ! Power Girl est pas censée être là, respectez vous et la continuité ! – et qui n’est pas bien agréable visuellement. Le back-up peine à rattraper car on reconnaît encore l’hystérie de Palmiotti dans l’histoire, et le style imitation Timm ne suffit pas à convaincre. A réserver aux vrais fans et complétistes uniquement.

Nul. C’est tout ce que j’ai à dire pour résumer un one-shot qui ne vaut pas la peine d’être lu, même gratuitement. A l’occasion du 25ème numéro, DC propose donc un épisode d’une trentaine de pages comme lors des semaines précédentes pour d’autres séries. Après l’interlude très plaisant (autant scénaristiquement que visuellement) proposée il y a deux semaines, on retrouve Hitch sur la série phare du DCU qui continue de décevoir numéro après numéro. Encore une fois l’auteur va amener une énorme menace plus puissante et plus terrible que jamais, qui a jadis nécessitée l’intervention de tout le Green Lantern Corps ainsi que de tous les Gardiens afin d’être neutralisée. Et vous savez quoi ? Bah finalement cette menace est aussi dangereuse pour la Justice League qu’un braqueur de voiture. Hop ! en cinq minutes, montre en main, c’est plié grâce à la grande force qui se cache dans le cœur des membres de cette formidable équipe ! En l’occurrence, il s’agit de Simon Baz ici, qui a le droit à un développement par MacGuffin qui ne mène à rien si ce n’est un final ultra cliché. Ajoutez à cela des dialogues aussi facepalmants les uns que les autres, des dessins faits sous Paint et vous pouvez imaginer ce que ce numéro donne. En parallèle Batman cause destin avec Molly avec des citations de Watchmen et de Batman v Superman (oui, oui vous avez bien lu) alors que le monde menace (encore) d’être réduit à néant. Bon allez, un point positif : Mera fait partie de la Justice League maintenant mais elle est pourrait aussi bien ne pas être là tant elle ne sert à rien. Pas si positif ce point finalement. Vivement le départ de Hitch.

Tim Seeley nous avait laissé avec un cliffhanger assez facile, et je vous avais fait remarqué des similarités avec des vieux runs de Nightwing. Mais ici, Seeley va être plus malin. Déjà, il use d’une solution à la précédente fin qui pourrait passer pour un Deus Ex Machina s’il n’était pas justifié. Et finalement, les similitudes ne restent que des références car il va tourner les personnages vers autre chose. Hormis les prouesses de Nightwing, l’épisode va se centrer autour de sa relation avec Blockbuster qui va devenir sa nouvelle Nemesis. Et comme Seeley use de la préparation paiement, vous ne serez pas choqués de découvrir l’avenir de certains personnages. Quand les éléments sont posés et font réfléchir et qu’ils sont liés, moi, perso, je dis, c’est réussi et j’aime.

Aux dessins, un Minkyu Jung moins en forme que ce à quoi il nous a habitué, c’est dommage, mais toujours aussi prometteur. Il y a du talent sous cette plume. Une bonne conclusion à l’arc, une progression dans la vie de Dick et une entrée dans la suite des évènements. Un épisode anniversaire convaincant.

Début d’arc peu commun. Nous sommes en Juillet, et ce mois a son importance aux Etats-Unis. Il est vrai que peu de comics ont joué sur l’esprit patriotique de la chose, et que nous voyons de moins en moins de numéro du genre. Tomasi change la donne. Après un numéro sur un esprit familial comme nous avons pu en voir depuis déjà un moment, le scénariste reste dans la même veine avec une variante très intéressante, donnant à la famille Kent toute sa forme la plus normale. Où elle ne se démarque que par ses actions poussées par les valeurs qui l’anime. Un road-trip bien différent du All-Star Batman de Snyder, où Jon va découvrir le patrimoine culturel et certaines personnalités ayant fait l’histoire des Etats-Unis. On pourrait bien se limiter à l’approche ultra-patriotique, mais ce n’est pas réellement le cas. Tomasi met en avant la culture de son pays de manière très intelligente, et créé des face à face subtiles. Les personnalités sont choisies car en parallèle avec le caractère de personnages comme Lois Lane, de même, sans taper dans le scandale, établit une vérité et non une version propre et édulcorée de l’histoire du pays. Un numéro qui se justifie sur l’éducation de Jon, et approfondit son caractère. De même il permettra certainement à certains lecteurs de s’intéresser à l’Histoire, par l’intermédiaire de recherches diverses et d’oeuvres plus approfondies. La partie graphique est assurée par un Patrick Gleason qui semble raccorder son style avec celui de Jorge Jimenez – qui signe ici une superbe variant cover, au passage. Et autant j’aime le travail de ces deux artistes, autant je préfèrerais que Gleason conserve son style particulier. Peut-être s’agit-il ici d’un changement de direction temporaire, pour concorder avec un ton plus léger ou réaliste. Le tout reste très propre, et fait de ce numéro un très bon numéro de Superman, que certains pourront trouver un peu trop gentillet.

Lancement prometteur d’un nouvel arc avec la rencontre attendue entre Jon et les Teen Titans. Le duo entre Robin et Jon fait son chemin, leurs visions des choses jusqu’à la vision de leur amitié s’opposent et Tomasi va creuser plus profondément encore cet écart en partant de cette base qu’est la vie quotidienne. Si au fond, le numéro raconte bien peu de chose, il ne laisse pas place à l’ennui. Il laisse plutôt la sensation de prendre le temps qu’il faut pour accentuer l’attachement entre le lecteur et Jon. Le numéro touche, et c’est bien là l’essentiel, en plus d’être un objectif rarement atteint dans d’autres séries. Jorge Jimenez use de son style efficace faisant la part des choses entre Jon et Damian. Un artiste aussi impressionnant pour sa représentation aussi forte en sens malgré cette opposition entre le jour et la nuit, qui se développe par la luminosité chez Jon, et une obscurité dominante chez Damian. Si ce numéro bénéficie d’un très bon jeu de couleurs, on peut regretter un manque de dynamisme (ou de pages) pour une mise en page qui aurait pu être développée. En particulier lorsque l’on compare avec certains numéros précédents. Mais ne boudons pas notre plaisir, Super Sons est un régal, et semble, avec son cliffhanger, renouer avec un élément qui ne m’a pas été donné de voir dans un comic-book post-90’s.

Comme à son habitude, The Wild Storm nous revient pour une vingtaine de planches de très bonne facture. Le numéro commence fort, avec une des scènes de combat qui, pour ma part, est clairement la plus crue qu’il m’est été donné de voir depuis le relaunch de la série. Mr Cray est confronté cette semaine à deux agresseurs venant directement le débusquer dans son propre appartement. Bien que la bataille pourrait se réveler assez classique, le découpage de Davis-Hunt, quasi cinématographique, permet vraiment au lecteur de s’immerger dans l’action. La suite du numéro se construit majoritairement autour de la rencontre entre Marlowe et Angie Spica. Le dialogue, assez bien écrit, permet à la fois d’opérer un ralentissement dans le rythme du récit, mais aussi de prendre quelques instants afin de présenter les enjeux passés et à venir, tout en gardant une certaine dose de mystère notamment autour du personnage de Kenesha. De plus, cela laisse aussi au lecteur novice la possibilité aux lecteurs novices de s’y retrouver, ces derniers ayant pu se sentir un tantinet perdu en entrant dans cet univers inconnu qu’est Wildstorm. En clair, Warren Ellis se plaît énormément à travailler sur cette nouvelle l’histoire, Davis-Hunt également, et cela se ressent au travers de ce nouveau numéro de qualité.

Un nouvel arc se termine pour Trinity et malgré toutes les qualités évidentes de ce numéro, je dois confesser que je suis un peu déçu. La Justice League continue de combattre les mystérieux aliens prenant le contrôle de n’importe quelle forme de vie humanoïde et alors que Wonder Woman voit son esprit être manipulé, Batman et Superman tente quand bien que mal de sauver leurs amis. Ne se cachant même plus de son hommage constant à la saga Alien, l’histoire a le mérite d’être divertissante bien qu’il soit possible de regretter une fin arrivant un peu trop abruptement. Je n’ai rien contre une morale sur les apparences et les faux semblants, mais il est regrettable de ne pas avoir développé plus en profondeur l’origine et les motivations de ces deux formes de vie extraterrestres. En effet, l’antagoniste se retrouve ici totalement sous-exploité et trop vite expédié pour que la moindre tension arrive à se créer. Manapul semble aussi avoir du mal à être à son meilleur sur certaines planches et notamment au niveau des visages. Par ailleurs, l’annonce du Dark Universe avec Deadman, Zatanna et Constantine comme protagonistes principaux du prochain arc de la série m’emplie d’une hype immense et il me tarde de découvrir ça.