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Scénario : Philip Bruiser |
Réalisation : Michael Slovis |
Il serait difficile pour moi de dépeindre ce cinquième épisode autrement que par ces termes : les Feux de l’amour façon vitriol. Après la révélation d’un mariage liant Viktor, un mafieu local, et Tulip, l’amour de sa vie, Jessie voit rouge. L’occasion à la fois d’en apprendre plus sur le mystérieux passé de criminels de nos Bonny and Ecclesiastic Clyde préférés, mais aussi de se concentrer sur les liens unissants le trio de héros. En effet, pas de Eugene cette semaine, mais que l’on se rassure, nul besoin d’aller voir du côté de l’enfer pour trouver une atmosphère lourde et oppressante, Jessie s’en charge déjà. La performance de Dominic Cooper est véritablement glaçante. Froid, perdu dans un chaos émotionnel et menaçant de sombrer dans la folie, le pasteur est aussi terrifiant qu’imprévisible, et fait ressentir cette instabilité à la fois au spectateur, mais aussi aux autres personnages, totalement désemparés devant ce changement d’attitude. Seul Cassidy semble pouvoir remédier à cette situation de crise, et c’est pour le mieux. En effet, le rôle du vampire junkie gagne en consistance aidé par la performance de son interprète, tout en retenu, et permet de développer le pilier de bar aux lunettes rouges autrement que part son aspect humoristique. Du très bon en somme.
Mais plus que simplement faire avancer le scénario, c’est une véritable critique sociale à laquelle ce livre cet épisode par le biais de ses flashbacks. Une critique du temps qui passe et de la monotonie dans laquelle s’embourbe la population. Une critique d’une multitude de personnes partagées entre leur peur de quitter la stabilité d’un mode de vie qui ne leur convient pas mais qui ne trouvent pas la force de le faire. Michael Slovis joue avec le montage et le rythme afin de retranscrire cette sensation à l’écran, et appuie son propos par de nombreuses méta-références plus ou moins dissimulées telles que la diffusion de cours de peintures de Bob Ross sur l’écran cathodique de Jessie, renvoyant à l’endormissement progressif du monde. Parenthèse culture : Bob Ross, particulièrement connu dans le milieu de l’art américain, est un artiste dont les vidéos trouvent aujourd’hui, après sa mort, un second souffle dans la communauté ASMR pour leur effet assoupissant. En opposition au pasteur, Tulip offre une alternative à l’attitude de son compagnon. Poursuivant une vie malsaine et dangereuse pour elle, mais épanouissante d’un point de vue intellectuel et émotionnel, la tueuse à gage refuse de se laisser aller à l’apathie générale et vivre par procuration en idolâtrant un modèle comme le fait Jessie avec John Wayne. Le retour du Saint of Killer en fin d’épisode permet à l’intrigue d’enfin renouer à ce qui fait le sel de la série, une inarrêtable course en avant à la recherche de Dieu, et ce n’est pas pour me déplaire.
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En effet, de très bons épisodes ! J’ai particulièrement aimé le fait que la série réutilise son montage propre à l’enfer pour décrire le quotidien de Jesse et Tulip.
Et très bonnes critiques Blue, vraiment !