L’humeur du Lundi #39 – A quelle crisis sera-t-on mangé en fin d’année ?

Avec les deux premiers one-shots Dark Days à présent publiés (et donc, lecteurs VF ou non à jour, je ne vous conseille pas de lire la suite de ce billet), nous pouvons avoir un meilleur aperçu de ce que Dark Nights : Metal aura à nous raconter le mois prochain, avec Scott Snyder et Greg Capullo. Non, je rigole : en vrai on n’en a aucune idée, tant ces deux numéros auront été des empilements d’idées les unes sur les autres qui partent un peu dans tous les sens malgré une ligne directrice tracée : le Nth metal est en fait la chose la plus importante de l’univers DC.

En tout cas c’est ce qu’on pourrait nous faire croire, et loin de moi l’idée de vouloir critiquer à l’avance le travail de Snyder, ou l’idée même de mettre autant d’enjeux sur ce métal. Si on ne peut pas vraiment voir dans quoi Metal va nous entraîner, on peut en revanche sentir les proportions de cet event, qui pourtant n’avait pas été revendiqué de la sorte à ses débuts.

Mais avec neuf one-shots (dont huit portant Batman dans leur titre), et presque une dizaine de tie-ins, l’impact de Metal sur le DC Universe ne sera pas anodin, et on peut déjà parler de Crisis à cette heure, puisque le nom a été entendu (avec ou sans le préfixe « dark ») à plusieurs reprises dans les pages de Dark Days. Une véritable crise en préparation, donc, à peine un an et quelques après la relance Rebirth de l’éditeur à deux lettres ? On pourrait contre argumenter en disant que nous n’avons pas connu de véritable crise depuis Final Crisis (à part la méta-crise éditoriale que peut représenter Convergence, mais ne déterrons pas les cadavres de la sorte, ça fait mauvais genre), soit au moins huit bonnes années. Certes. Mais l’idée d’une crise basée sur le travail de Morrison – et de mes pressentiments, le démon Barbatos qui serait aux fondements de l’histoire de DC, façonnant Batman bien avant son existence propre – remaniée par Snyder a des perspectives autant intéressantes (pour le matériau de base) qu’angoissantes (pour l’inconstance de Snyder ces dernières années).

Il y a plusieurs mois j’évoquais déjà l’idée que cette Crisis en devenir était le fruit d’un conflit éditorial entre Geoff Johns, architecte désigné du relaunch Rebirth, de sa trame narrative et du lien l’unissant au Watchmen d’Alan Moore, et Dan Didio qui après avoir bien digéré ses échecs à la DC You a envie de refaire des siennes. A bien y regarder, pourtant, on s’aperçoit que les deux projets de chacun (Didio s’appuyant sur Snyder parce que hé, pas fou le mec, personne achèterait une Crisis qu’il écrirait), à savoir Doomsday Clock et Dark Nights/Dark Matter de l’autre, pourraient bien être compatibles. Du moins, pour le lecteur. Et je ne parle même pas des histoires puisque comme je le disais au début, on ne peut avoir aucune idée de ce qui va nous être proposés.

Mais en regardant le planning de publications pour Metal, on s’aperçoit que de septembre à novembre compris, les étals de DC Comics seront occupés par cet event, avant que les sorties ne diminuent par après pour ne proposer que les derniers numéros du titre principal. Et que la metal frenzy stoppe sur le mois de novembre, alors que Doomsday Clock débute à la fin de ce même mois, me renvoie à une image de passage de relais. A la « hop, j’ai bien occupé l’attention des lecteurs, à ton tour de le faire ». Une sorte de coopération éditoriale dont on verrait bientôt les teneurs, puisqu’il y a fort à parier que Doomsday Clock ne se limitera pas qu’à un seul titre, et que de potentiels détails arriveront en fin de semaine avec la SDCC.

Mais si les publications ne s’empiètent pas tellement quand on y regarde bien, il restera bien sûr la question des histoires. D’un côté, des pistes on été amenées depuis plus d’un an, par Johns puis par d’autres auteurs à touches régulières, en voulant créer un lien entre deux univers gigantesques et qu’on pensait indépendants jusqu’à présent. De l’autre, Snyder nous explique qu’en fait tout ce qu’il a écrit depuis 5 ans est lié, et que c’est lié à un artefact censé être en fait l’une des choses les plus importantes de l’univers DC. Outre cet apparent forcing, j’ai quand même du mal à m’imaginer que Snyder imaginait déjà il y a six ans, en écrivant la Cour des Hiboux, les évènements de Metal à plus ou moins long terme. Sans vouloir lui faire de procès d’intention, car j’imagine aussi que la trame de Rebirth n’avait pas été préparée très à l’avance – parce que la catastrophe Convergence ne pouvait pas avoir été anticipée non plus.

En résulte la question que j’ai posée en titre : quelle Crisis sera le véritable évènement de cette fin d’année chez DC Comics, à la fois pour l’éditeur, mais pour les lecteurs ? Les deux histoires vont-elles réussir à s’ordonner ensemble, ou au moins à ne pas se contredire ? Johns restera-t-il véritable architecte du Rebirth ou va-t-il, comme avec Darkseid War, partir dans sa propre continuité DC ? Les problèmes éditoriaux chers à l’éditeur, portés disparus depuis un an et demi, vont-ils pouvoir faire leur retour en grâce ? Au delà de ces interrogations, on espèrera surtout que la qualité sera au rendez-vous dans les deux cas. Bien que je suppose qu’un plus grand nombre de lecteur se montrera #TeamJohns que #TeamSnyder… n’est-ce pas ?