Review VO – Dark Days : the Casting #1

Après un premier one-shot paru le mois dernierScott Snyder revient avec un second numéro du même genre (mais en fait, une suite directe) chargé de continuer l’installation de Dark Nights : Metal, l’event estival et plus encore qui débutera le mois prochain. L’auteur, et son acolyte James Tynion IV, continuent le teasing de plus belle, avec une dimension plus conspirationiste et qui creuse encore plus la continuité de DC tout en préparant l’arrivée de la ligne Dark Matter. Un grand fourre-tout réussi ? Discutons-en.

On peut découper ce numéro sur trois histoires principales. D’un côté Hawkman continue d’expliquer sa longue découverte de l’importance du fameux « métal » au long de l’histoire, et de la grande menace à laquelle il est relié ; Batman de son côté poursuit sa quête pour aller voir ce qui se cache dans l’ombre ; tandis que Hal Jordan et Duke Thomas font une rencontre inattendue dans la cave au fond de la Batcave. Une fois de plus, ce numéro est caractérisé par une très grande densité, que ce soit dans les dialogues, les écrits de Carter Hall, ou dans l’intégralité des faits auquel font appel les scénaristes pour le lecteur. Qu’on se le dise, si le numéro devrait pouvoir être accessible à quiconque ne se posant pas trop de questions, il fait énormément appel aux connaisseurs de la continuité DC et se permet même, pas mal, de la malmener. A cela on opposera deux réactions : soit on est content de voir, comme dans le premier numéro, Snyder faire appel à des concepts obscurs qui vont être remis en avant, ou à des histoires et éléments cultes de l’histoire de DC ; soit on soupire car Snyder fait une nouvelle fois fi du travail des autres et risque, à force de tout mélanger, de créer un nouveau creux dans la continuité pourtant si chère aux lecteurs.

Review VO - Dark Days : the Casting #1 18Il y a bien sûr la possibilité d’un entre deux. Il faut reconnaître que certains passages donnent vraiment envie de croire aux nouvelles promesses de Metal. Il y a une énorme vibe au run de Grant Morrison qui pourrait faire vivre les idées de l’auteur écossais à travers un nouveau filtre. Il y a le teasing, incessant et qui démarre dès la première page, pour des personnages qu’on a envie de retrouver depuis très longtemps. Mais il y a aussi ces effets de mélange ; Snyder par exemple nous rend perplexe sur la situation et l’histoire de Hawkman ; sur les origines de Shazam alors que Johns les avait redéfinies il n’y a pas si longtemps ; sur la place même de son fameux nth metal au sein de l’univers DC, alors que j’ai l’impression que Snyder tente de le transformer en sorte de simili-brume tératogène (celle des Inhumains de la concurrence) pour former sa nouvelle génération de méta-humains. A cela s’associe aussi une impression de gros mélange puisque le métal occupe tellement de positions différents qu’on se demande quelle est sa véritable finalité, et si Snyder va réussir à apporter une révélation qui tienne la route. Quant à cette fameuse place, pardonnez mon opinion, mais je préfère que l’univers DC tourne autour d’un grand bonhomme bleu plutôt qu’une roche métallique. C’est une question de goûts.

Si le numéro se révèle une fois de plus riche également en teasing (l’effet catalogue ne disparaît pas) pour le futur de DC, je l’ai trouvé quand même moins intéressant que le one-shot prédécesseur. La faute à une écriture plutôt lourde compte tenu de sa densité, et un plot qui, malgré ce sur quoi il s’appuie, manque d’âme avec les bases toutes trouvées d’une grande conspiration obscure, qui n’a pas l’air si originale que ça. Dans ce numéro un brin boursouflé, il faut le dire, les attentes commencent à se mêler à des craintes. Mais on a la preuve que Snyder réussit malgré tout à développer des idées sur un long terme. La façon dont il associe de nombreux éléments de son run à d’autres passages emblématiques de la continuité DC est assez appréciable, même si ses envies de n’en faire qu’à sa tête sans prendre en compte ce que les autres ont écrit agace également. On ne peut pas s’empêcher de voir un effet de contre-event envers le Doomsday Clock arrivant de Johns, tant les proportions de ce que Snyder raconte semblent vouloir aller vers un certain gigantisme. Et cette impression de se mêler aux origines mêmes du DC Universe et de l’un de ses personnages les plus emblématiques ne permet pas de savoir sur quel pied danser. Il est certain qu’en termes d’enjeux, on devrait être servis, mais c’est sur l’histoire qu’on risque de tomber des nues.

Review VO - Dark Days : the Casting #1 19Mais le plus gros reproche que je pourrais faire à ce numéro c’est cette impression de répétition par rapport à Dark Days : the Forge #1, avec une structure véritablement similaire, un propos qui reste malgré tout assez cryptique, l’accumulation de références/teasing à outrance. Tout va dans une même direction, et quelques éléments de réponse sont apportés, mais dans l’ensemble ça reste malgré tout chiche, et il faut dire que ce qui était teasé dans le précédent one-shot était, à mon sens, bien plus intéressant qu’ici. L’idée que Snyder veut faire en tout cas sa propre Crisis reste bien présente, et il faudra donc que l’auteur confirme son double essai le mois prochain.

Il me reste donc à vous parler des dessins, et c’est là qu’une nouvelle fois le bât blesse. Certes, la répartition entre les artistes suit ici une meilleure logique, chacun étant attribué à une des trois parties que je mentionnais précédemment – et Andy Kubert s’occupant du dernier quart du numéro. Si John Romita Jr., quoi qu’on pense de son style, se montre plutôt en forme (il l’avait déjà été sur All-Star Batman et on est dans cette optique là) avec des cases détaillées et des personnages qui ne sont pas trop déformés, c’est de l’autre côté que ça pêche. D’une part Jim Lee est encore une fois certainement pressé par le temps et on voit bien qu’il n’a pas consacré autant d’efforts sur toutes ses planches, avec un trait qui devient même tremblotant. D’autre part Andy Kubert garde un style très proche de son dernier travail sur DKIII (par comparaison, on est très loin de ce qu’il faisait sur Damian : Son of Batman) mais si l’hommage au style de Miller était compréhensible sur cette oeuvre, il n’a pas de sens ici et c’est surtout une impression d’avoir été à la va-vite qui prédomine, et ce n’est pas l’encrage de Klaus Janson, bien épais, qui rattrape le tout. On peut donc dire que graphiquement, pour réunir trois artistes de grande renommée de la sorte, ce n’est pas vraiment à la haute de ce qu’on pourrait attendre.

Dark Days : the Casting #1 reste assez appréciable pour sa richesse et ses appels à la continuité et au run de Grant Morrison, et aussi pour les ambitions à peine cachées derrière Dark Nights : Metal. Mais l’écriture se révèle lourde, l’histoire pêche en originalité et surtout l’effet de répétition avec le premier one-shot (qui était supérieur) ne lui rend pas service. Ajoutons à cela un trio d’artistes dont seul un membre semble y mettre du coeur à la tâche, et vous comprendrez ce « passable » qui justifie le fait d’aller lire ce comicbook pour bien se préparer à Metal. Mais en tant que comicbook lui même, l’impression restera mitigée.

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Vittorini
6 années il y a

La mention passable ne me semble pas galvaudée. J’ai bien envie d’être enthousiaste pour Dark Nights mais je reste assez dubitatif sur tout ce qui nous est présenté. J’ai l’impression d’être dans un restau’ vachement sympa, qui propose plein de plats atypiques mais qui, mis bout à bout, donnent un ensemble très décontenançant, pour ne pas dire incohérent. L’analogie avec les Inhumans est d’ailleurs foutrement bien trouvée pour expliquer toute cette mythologie qu’il tente de bâtir autour des métaux mais, là encore, on se demande vraiment si ça a sa place dans le DCU, a fortiori, comme tu le rappelles, à quelques mois de Doomsday Clock (l’idée d’un concours au kikimeter n’est pas improbable). Bref, tout ça est bien « riche », bien que ton terme fourre-tout soit plus approprié, mais je ne suis pas sûr d’être intéressé par une énième réécriture du Batman, un Duke Thomas au centre du DCU ou encore une RetCon de cet univers autour de ces intrigues sur les métaux. Après, c’est toujours divertissant de suivre quelqu’un se lancer dans un projet un peu incongru et capillotracté alors autant suivre avec attention jusqu’où Snyder ira cette fois ^^’

ian0delond
6 années il y a

Je l’ai lu rapidement, je n’ai pas lu grand chose du run de Snyder sur Batman.

Je ne suis pas emballé. En tout cas j’ai pas d’envie d’aimer cette histoire. J’ai l’impression que ça veut faire les ponts entre différent trucs qui ne devraient pas être reliés.
Mettre du Shazam, Joker, Plasticman, Panthéon grec dans un immense complot qui tourne autour de Batman, ça va peut être rigolo le temps de son histoire de dino-laser, mais j’ai peur qu’à terme ça finisse par faire de tout ses éléments une soupe qui a un peu toujours le même goût.

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