Review VO – Batman/Elmer Fudd Special #1

Dernière fournée de crossovers DC/Looney Tunes cette semaine contenant sans doute le plus intéressant de tous, à savoir celui qui voit la rencontre entre Batman le détective et Elmer Fudd le chasseur. Intéressant au vu de l’équipe créative que l’on retrouve sur ce one-shot. La preview donnait d’ores et déjà un aperçu de ce que King et Weeks allaient nous délivrer. Au menu, une Gotham City sombre, un humour (légèrement) malsain, des dialogues maîtrisés, une ambiance film noir. Cela comblait parfaitement les attentes que l’on pouvait avoir d’un comics Batman, le risque étant d’avoir un numéro ridicule par le sérieux de l’histoire quand on sait qu’il s’agit des Looney Tunes.

L’occasion pour King de s’amuser avec les mots, les situations et de faire preuve d’originalité était toute trouvée dans ce one-shot. C’est pourtant une intrigue des plus classiques qu’il choisit d’écrire. La copine d’Elmer Fudd a été assassinée. Un seul suspect que le chasseur va s’empresser de traquer : Bruce Wayne. Batman se retrouve donc personnellement impliqué et se lance lui aussi dans l’enquête. Cela fait plaisir de retrouver un Batman détective et, tout aussi important, concentré sur des menaces « simples » dans sa ville. Des menaces qui ne risquent pas de détruire tout Gotham City. Simple mais efficace même si l’on pouvait attendre un peu plus de folie étant donné la présence des Tunes. Des Tunes que le scénariste choisit de réécrire à sa manière. La preview nous donnait déjà un bon aperçu. De Bugs Bunny à Porky en passant par Taz ou Charlie le Coq, on a le droit à une réinvention complète des personnages, tout du moins au niveau de leur apparence car ils conservent tous plus ou moins la caractérisation que tout le monde leur connaît. Ils ne sont pas vraiment utiles au scénario, loin de là, mais l’occasion était trop belle pour passer à côté, sans quoi on aurait eu le droit à un numéro des plus basiques facilement oubliable. Là au contraire on a quelque chose de réellement original dont l’effort ne peut être que salué.

Weeks quant à lui nous délivre des dessins bons mais classiques ce qui renforce l’aspect film noir du numéro bien loin des dessins animés de Merrie Melodies. C’est une Gotham assez sombre qui nous est proposée bien que la majorité des scènes se passent en intérieur. Le gros point positif étant les moments d’action très dynamiques. L’artiste nous fait vivre des combats bien chorégraphiés tout en restant parfaitement lisibles. Les visages et expressions correspondent bien à ce que l’on pourrait attendre d’une version modernisée des Tunes et on ne peut qu’apprécier les jeux d’ombres qui correspondent à l’ambiance générale de l’histoire tout en y apportant un petit quelque chose.

Il s’agit donc d’une histoire qui a le mérite de proposer une bonne intrigue classique mais sans aucune situation absurde ou drôle ce qui est rattrapé par le back-up toujours écrit par Tom King. On a ici un pur épisode des Looney Tunes et c’est le cas de le dire puisque l’auteur ne fait que reprendre un des plus célèbres épisodes de Bugs Bunny sorti dans les années 50 (Rabbit Seasoning qu’il s’appelle pour les curieux) en mettant cette fois Batman à la place de Daffy Duck. Le pire c’est que ça fonctionne. C’est dans l’esprit de ce qui se faisait à l’époque, c’est drôle et les dialogues sont bons. Les dessins de Byron Vaughns correspondent à l’histoire même si je pense que le design de Batman a du mal à s’insérer dans cet univers ultra cartoon.

Ce Batman/Elmer Fudd est une réussite. On ne peut pas attendre grand-chose d’un tel crossover mais force est de constater que Tom King arrive à insérer les Tunes dans l’univers sombre du Chevalier Noir pour ensuite faire l’inverse. Mais si on peut avoir l’habitude d’un Batman comique et absurde, voir des versions « zack-snyderiennes » (ça va je rigole) de Bugs Bunny et consorts peut être troublant. Il est bon de voir l’investissement de Lee Weeks qui ne bâcle pas son travail en nous proposant un numéro de qualité artistiquement parlant. Les attentes, s’il y en a, sont comblées et même dépassées.