Review VO – Dark Days : The Forge #1

Il y a quelques mois, Detective Comics #950 nous offrait dans ses dernières pages un teasing pour l’arrivée de sombres jours (Dark Days). Tim Drake sentait que Batman prépare un plan pour contrer quelque chose dont lui même n’avait pas forcément conscience. A présent, le premier one-shot qui prépare à l’event Dark Nights : Metal s’offre à nous, avec une richesse et le teasing d’un évènement sans précédent – oserions nous parler d’une nouvelle Crisis ? Et ce teasing est-il correctement orchestré ? Réponse dans ces 40 premières pages, qui auront au moins le mérite d’attiser furieusement notre curiosité.

Note : il sera préférable de lire la review après la lecture du numéro, tant il m’est impossible de ne pas mentionner certains points qui peuvent faire office de légers spoilers. Merci de votre compréhension.

Batman plus Batman que jamais

Nous retrouvons donc Scott Snyder, qui n’a jamais réellement voulu quitter son personnage fétiche, accompagné de son fidèle James Tynion IV qui a réussi à redorer le blason de Detective Comics depuis le relaunch Rebirth. L’histoire de ce numéro ne saurait être résumée facilement, si ce n’est que : quelque chose de grave se prépare, Batman semble être au courant et encore plus que d’habitude, a décidé de n’en parler à personne, si ce n’est dans les derniers moments, quand tout le monde commence à se douter de quelque chose. Le terme de Dark Days est plus qu’approprié car il est fait mention à de nombreuses reprises de choses sombres, tapies dans l’ombre, et si ça suffit à inquiéter le Chevalier Noir, ne devrions-nous pas tous être inquiets ? La parano et la méfiance de Batman est menée à son paroxysme, et Snyder en profite tout du long pour justifier ce qu’il avait déclaré il y a quelques temps – que tout ce qu’il avait écrit au cours de son run sur Batman avait préparé, à quelques occasion, à ce qu’il nous raconte aujourd’hui. De la Cour des Hiboux à Endgame, des éléments reliés à un « métal » nous apparaissent, mais la vision d’ensemble est encore loin d’être claire.

Scott Snyder et James Tynion IV veulent nous préparer à un event de très grande envergure, et ça se ressent dans un numéro extrêmement riche. D’une part, Snyder redonne une place à des personnages et concepts que nous n’avions pas revus depuis longtemps, qui brassent en long et large ce qui fait la force du DC Universe. Le métal dont il est question se retrouve dans de multiples artefacts propres à DC, des équipes sont ramenées sur le devant de la scène et on nous fait comprendre qu’elles ont bel et bien existé. Et en même temps, Snyder poursuit ses idées qu’il a voulues instaurer au long des dernières années. Contre toute attente, la place de Duke Thomas semble de plus en plus importante, le sort de ses parents est toujours d’actualité et ne sera toujours pas laissé de côté, mais Dark Days : The Forge #1 va encore plus loin.

Continuité, continuité, continuité !

Dark Days : The Forge #1 est une déclaration d’amour à l’histoire de DC, et s’il est agencé différemment par rapport à DC Universe : Rebirth #1 – qui avait d’autres objectifs – on sent que le cosmique, que les personnages obscurs, que l’histoire de l’éditeur est mise en avant. Du run de Grant Morrison à Crisis on Infinite Earths, en passant par le rappel que, hey, Earth 2 existe toujours ! – les items et thèmes sont distribués et la chose à retenir tient en un mot : promesses. Certains passages sont à ce titre plus explicites (ou plutôt, moins subtils) que d’autres tant on voit les effets d’annonces pour de futurs titres (le meilleur exemple étant celui des Immortal Men, dont la série a d’ores et déjà été annoncée). On se plaît à parcourir la densité du numéro, mais quelques problèmes subsistent. Dans un premier temps, c’est l’effet teasing qui vient presque à ras bord, avec l’impression d’avoir un catalogue de previews pour d’autres séries, sans que l’enchaînement entre tout ce qui nous est présenté soit encore très clair. Ca tombe bien pour quelque chose qui se veut dark.

L’autre effet du coup, c’est de se perdre parmi la quantité d’éléments présentés, d’autant plus que des lecteurs qui, soit découvrent DC avec Rebirth, soit n’ont pas forcément tout suivi ces derniers temps, pourront aisément se retrouver perdus. Pour ma part j’éprouve souvent un sentiment grisant à me sentir un peu dépassé, à aller ensuite faire des recherches pour bien comprendre de quoi il en retourne, mais ça ne sera pas le cas de tout le monde. Mais on ne peut pas enlever que, malgré une certaine loudeur qui en résulte, cette accumulation d’indices et de (jolies) révélations (cette dernière page, tout de même !) devraient avoir l’effet escompté sur le lectorat : l’envie de poursuivre la lecture. Parce que même s’il y a eu Darkseid War il n’y a pas si longtemps, ça fait un certain temps que DC ne nous a pas fait miroiter des enjeux aux proportions dantesques (l’image de la couverture n’en est qu’un aperçu), de l’ordre de la Crisis (et : le nom est droppé dans le numéro), et si j’ai un peu peur de la façon dont Metal sera éditorialement orchestré, il se pourrait vraiment qu’on ait droit à un très joli event, loins des ratés de Convergence ou de Forever Evil (qui n’était pas aussi dingue que ça, en vrai).

Du côté des dessins là aussi DC a voulu mettre les moyens, avec trois artistes dont la renommée n’est plus à faire, et qui ont réussi à prendre de leur temps pour se coller sur le numéro avec un certain soin. Par contre ce qui est sûr c’est que vous arriverez sans peine à distinguer qui a dessiné quoi, les artistes n’ayant pas du tout le même coup de crayon – et c’est dans l’agencement des pages, qui semble par moment avoir un peu été décidé au pif, que la lecture se révèle un peu indigeste. Rien de grave non plus – à titre personnel je trouve la partie de Kubert au début en dessous du reste et Romita se montre plus convaincant. Il reste dans l’ensemble de belles splash pages (ou quelques pages remplies) qui permettent d’amplifier l’effet de style que Snyder et Tynion ont voulu donner. Clairement la suite va se faire attendre, en espérant que l’auteur réussisse à ne pas trop s’éparpiller.

Curieusement Dark Days : The Forge #1 me rappelle d’une certaine façon DC Universe : Rebirth #1. Mais si Johns devait reconstruire tout un univers, ici ce sont les préparatifs d’un évènement aux conséquences catastrophiques – allez, disons le encore, une Crisis ? – qui sont distillés au long de ces pages. Très riche, dense, souffrant par moments d’une écriture lourde, mais avec une véritable embrassée de ce qui fait le charme de DC : le cosmique, la magie, l’histoire, la continuité, le multiverse, et l’inconnu. Un gros teaser qui donne vraiment envie de voir où vont aller les nouvelles idées d’un Scott Snyder qui pourrait bien nous surprendre en bien, après sa tentative de Bat-Chappie ratée.