Review VO – Superman : Ending Battle

Urban a beau avoir la collection Geoff Johns présente Superman, on ne retrouve qu’un run d’une époque encore récente. Si on creuse dans les années 2000, on notera premièrement sa présence sur le titre Avengers, mais aussi quelques histoires de Superman. Une période plutôt complexe par ce système de publication difficile à suivre où une même histoire s’éparpille entre l’ensemble des titres Superman. Les lecteurs VF ont pu en avoir un aperçu avec les derniers Hors-Série Superman et cet étrange suivi d’une même aventure. Ne vous inquiétez pas, cet album est bien mieux construit que ces exemples de l’édition française – il faut juste se mettre à l’anglais !

Loving Your Enemies

Superman Ending Battle est un arc en huit parties, réparties entre ces nombreux titres, faisant de cet arc une histoire s’étant répartie sur deux moins seulement en fin d’année 2002. L’absence de cette histoire dans la gamme citée plus haut peut s’expliquer par la présence de Geoff Johns sur deux numéros uniquement. Joe Kelly, Joe Casey et Mark Schultz auront au même titre participé à l’écriture de cette aventure. Pour resituer l’histoire, Lex Luthor a été élu président, Pete Ross est vice-président, et Clark a quitté le Daily Planet. Ces éléments ne seront nécessaires que pour la première partie. Ce qui semble à l’origine être une attaque de la Maison Blanche, avec pour but celui de dénoncer un gouvernement cachant certaines de ses actions, se verra être en réalité une série d’attaques diverses visant l’entourage de Clark Kent.

Si vous avez lu Public Enemies, vous pourrez trouver une sorte d’introduction et un rapprochement concernant le contexte d’un Lex Luthor président. Néanmoins, ce statut de président n’a pas seulement la fonction de décor. Il amène un dialogue très intéressant entre lui et Superman remettant en question leurs querelles, où Luthor en vient à s’ouvrir face à ce qui semblait (et semble encore) être son ennemi juré. La comparaison avec Public Enemies est très intéressante, puisque ces séries ont cette forme de complémentarité. Superman cherche un retour aux sources, et défendre son entourage l’amène à retrouver ce qui lui était nécessaire. Et c’est le danger qui les guette qui lui fait prendre conscience du rôle que joue son entourage. De manière bien moins directe, on peut aussi y voir cette définition du Superman qui est ce qu’il est par l’influence qu’ont eu et ont encore ces personnages secondaires.

Et comme Public Enemies, ces thèmes auraient pu être plus développés. Les scénaristes ou les éditeurs, il est difficile de savoir de qui provient telle ou telle idée, préfèrent mettre en avant une action forte, constante, terriblement efficace. Ce n’est qu’en refermant l’album qu’on vient à se dire qu’il aurait été préférable d’avoir certaines idées un peu plus développées, même si cette action abusive a ce sens d’un Superman lassé et fatigué de vivre dans ce danger constant qui menace sa famille, ses amis, sa ville et lui-même. La lourdeur des affrontements se fait très peu ressentir lors de la lecture grâce à certains gags – l’apparition soudaine, ne tenant que sur une seule page, de Mr. Mxyzptlk est très drôle.

Never Ending Battle

Les pouvoirs de Superman et leur capacité de destruction sont deux facteurs bien mis en avant. Les amateurs des affrontements de Man of Steel y trouveront satisfaction. On retrouve ce Superman aux pouvoirs hors normes, misant plus sur l’efficacité, et des combats raccourcis. C’est sur ce point que la variété des scénaristes joue beaucoup. Joe Casey et Joe Kelly expédient les combats à un contre cent au profit de dialogues et « d’exploration », là où Geoff Johns et Mark Schultz favorisent les muscles saillants et cherchent à procurer dans ces combats une intensité créée à partir d’éléments plutôt originaux. Et sur ces deux plans, c’est gagné. Les doigts en forme de pistolet pour viser avec la vision laser, l’utilisation d’une bombe atomique, et le tout sans parler d’une vision cauchemardesque pour le boss final. Un méchant intelligent, qui, étrangement, sera l’ennemi où le combat sera le plus court.

Quatre séries, quatre équipes créatives, et quatre versions du story-telling. Premier soucis, cette variété fait cohabiter quatre styles différents. Si je n’ai pas été marqué par ces différences, car j’aime énormément ces quatre dessinateurs et leurs styles différents, leurs différents style vont jusqu’à créer des incohérences. Leur représentation de Superman est certes différente, et une habitude à voir différentes versions du héros fait que cela ne gène en rien. Cependant, pour certains ennemis, les voir passer d’une version où il s’agit d’un maigrichon baignant dans son manteau, avant d’être une montagne de muscles, a été l’élément le plus gênant sur ce plan. Non pas que je n’accepte pas cette version, mais qu’elle ne coïncide pas avec les capacités et la caractérisation du personnage. Brandon Badeaux, dans son second numéro, réussit à retranscrire l’intensité d’un combat décisif, jusqu’à pousser la représentation d’un Superman au bord de la folie. Il donne à l’histoire un aspect malsain justifié et presque nécessaire au numéro. Chaque équipe réussit à maintenir une tension, à faire vivre cette même intrigue à travers leurs manière.

On peut applaudir cette cohérence entre chaque numéro donnant à cette lecture en format relié un réel plaisir d’une histoire de Superman. Ending Battle ne sera pas cette histoire qui vous changera la vie, ni un classique dans l’histoire du personnage. Mais c’est un énorme délire. Un croisement entre un gros titre d’action intense avec une part dérangeante de plus en plus présente vers un final cohérent, mais qui pourra laisser à certains ce petit goût de Deus Ex Machina. Récit agréable qui ne vous marquera pas forcément, mais ose certaines choses qui en surprendrait plus d’un aujourd’hui.

Fin