Review VF – Wonder Woman : Dieux et Mortels Tome 2

Pour l’arrivée de Wonder Woman au cinéma, on peut dire que l’éditeur Urban Comics a mis les bouchées doubles pour mettre au maximum l’Amazone en avant dans ses récentes publications. Après la période de vache maigre représentée par le run des Finch, les lecteurs français ont droit à des éditions de qualité, en témoignent les runs de Rucka (pré-Flashpoint et Rebirth), le Terre Un de Morrison et Paquette (on vous en parle ici) ou encore le run de George Pérez qui avait commencé il y a quelques mois seulement. Ce second tome comprend le reste des numéros écrits ET dessinés par Pérez, le run de l’auteur ayant continué par après – mais nous ne savons pas si Urban continuera la poursuite de cette publication.

Entre mythologie et affaires humaines

L’intitulé Dieux et Mortels pour cette série en deux tomes ne saurait porter un meilleur nom. Après avoir redéfini les origines de Diana et l’avoir fait affronter le Défi des Dieux, George Pérez va continuer, assisté de Len Wein pour les dialogues et de John Byrne à quelques moments, à poursuivre un ensemble d’histoires qui vont brasser encore plus loin dans la mythologie grecque rattachée à celle des Amazones, mais diversifie aussi les genres avec des histoires bien plus terre à terre ou qui embrassent au contraire un genre super-héroïque plus classique. Le mélange des genres permet de varier les plaisirs d’autant que l’écriture de Pérez est à la fois intelligente – parce qu’on ne s’inspire pas de mythologie sans avoir un minimum d’érudition – et dense à la fois. Comparé à des récits récents, on peut voir que la façon de raconter des histoires à l’époque post-Crisis démontre l’envie de l’auteur de proposer un récit complet et qui ne repose pas sur des mécaniques narratives à base de cliffhangers à répétition. Et on peut s’étonner alors de découvrir des numéros en quasi « tranche de vie » qui se suffisent à eux-même, sans donner l’impression de servir de transition. Mais juste que l’auteur avait un sujet à aborder, et qu’il le fait.

Il y a donc l’aspect mythologique pour lequel on sera une nouvelle fois servi. Oui, Pérez utilise certains des personnages vus dans le premier tome, en lien avec Arès, mais développe d’autres aspects, notamment lorsqu’il fait revenir la sorcière Circé – dans un arc en Grèce proprement haletant ; et en continuant de donner une parole importante aux fameux Dieux auxquels la foi des Amazones est sans faille et sera au coeur de plusieurs discours sur l’importance de cette foi, de la religion en générale. La dernière histoire dans laquelle Hermès abuse de sa condition aux yeux des mortels (Dieux, mortels, c’est bon, on est dedans !) permettra aussi la transition du run de Pérez avec leur disparition progressive. Et c’est aussi ce qui plaira avec cet ouvrage, c’est l’évolution des personnages quels qu’ils soient, l’auteur n’hésitant pas à faire des bouleversements importants – le plus marquant étant la « Grande migration cosmique » opérée par les dieux, ou l’ouverture de Themyscira au reste du monde.

Un mélange de genres également puisqu’à côté Pérez propose à Wonder Woman des adversaires que l’on pourrait juger plus classiques – Silver Swan – ou qui seront puisés dans le reste du DC Universe. Notons à cet égard le génial Action Comics #600 qui ramène l’Amazone et l’Homme d’Acier dans un face à face avec Darkseid ; et notamment les liens tissés par Pérez avec la mythologie grecque et le Fourth World de Kirby, qui donne une lecture bien plus dense et ouverte de cet aspect du DC Universe. Et comme le disait déjà mon collègue Darthfry dans sa précédente review, une autre force de Pérez est sa capacité à introduire des thématiques sérieuses au gré de ses histoires. Je parlais de l’importance de la foi, mais les affres amoureuses de l’adolescence, la ménopause, ou les ravages de la drogue (au travers d’un numéro one-shot sous forme d’enquête policière, là aussi délicieux), sont abordés – de façon plus ou moins discrète certes, mais jamais sans lourdeur.

Une Wonder Woman au firmament

Super-héroïne, quasi-divinité, ambassadrice d’un autre peuple, mais aussi femme et incarnation d’une certaine féminité, Wonder Woman est dépeinte sous tous ses contours par un George Pérez qui a encore beaucoup à dire sur elle, et notamment par le choix de ses adversaires. Que ce soit une autre qui soit simplement jalouse de la célébrité et popularité de l’Amazone, et du modèle de perfection qu’elle incarne malgré elle ; que ce soit par ses liens avec les dieux et l’histoire des amazones, ou par la puissance qu’elle possède qui est source de convoitise par des êtres puissants et malfaisants. Les valeurs véhiculées par Diana sont là aussi très fortes ; si on peut retrouver à quelques moments une guerrière farouche, c’est surtout une personne aimante (dans le sens large et universel de l’amour), ambassadrice de paix et d’ouverture au reste du monde, et profondément généreuse (cf son attitude avec Hermès) qui nous est dépeinte. Même si l’héroïne souffre encore d’une certaine naïveté liée à sa foi irrémédiable envers ses dieux – ce qui est intéressant car c’est vraiment dans ces rapports qu’on la voit douter, elle si forte autrement.

Mais si George Pérez s’attache à dépeindre les qualités humaines de cette demi-déesse (c’est encore là, l’expression du « Dieux et mortels » qui trouve parfaitement son sens), on n’en oublie pas non plus ses pouvoirs, et les moments très super-héroïques que Wonder Woman a à nous offrir. Avec un dernier arc en deux numéros qui offre l’un des passages les plus spectaculaires, en termes d’action, bien que la fin – qui signe la conclusion du tome – soit à la fois abrupte alors que le message sert très bien le propos véhiculé pendant ces deux gros ouvrages. A savoir, que nul n’est parfait malgré son statut : et que dieux et mortels ne sont pas si éloignés l’un de l’autre, Wonder Woman permettant aisément de faire le lien entre ces deux mondes.

Si dans l’ensemble, par son propos et la diversité des tons des histoires proposées, on se retrouve avec un pavé Ô combien savoureux à lire, il faudra néanmoins noter quelques petites baisses de régime et curieusement c’est le numéro Annual qui m’aura le moins plu. Pourtant il est très riche, et les artistes invités sont plutôt prestigieux. Mais lorsqu’on s’est habitué au style de Pérez tout du long, certains comme Arthur Adams (et ses corps féminins qui, ancrés dans leur époque, sont malgré tout affreux) ou John Bolton (dont le trait est trop gras et ne sied pas forcément à l’histoire proposée) jurent de trop avec le reste. Mais le numéro étant ce qu’il est, on passera outre ces quelques discontinuités graphiques. Après, il est certain que si le style de Pérez, vintage sans être daté – parce que la mise en scène et les traits sont bien travaillés – ne vous plaît pas, lire ces quelques 300 pages sera certainement plus compliqué. Mais ce serait vraiment dommage de passer à côté d’un tel recueil pour une question de dessins.

Enfin, le seul reproche que j’oserais faire également, mais il n’est pas imputable à ce livre, c’est l’absence (pour l’instant) de communication de la part d’Urban Comics pour une publication de la suite du run de Pérez lorsqu’il ne s’occupera que de l’écriture. Patience est mère de sûreté et pour l’instant je suis bien content d’avoir pu découvrir ce monument de l’histoire de l’Amazone.

Avec un second tome lui aussi bien épais, Wonder Woman : Dieux et Mortels Tome 2 nous montre une fois de plus le savoir faire de George Pérez sur Wonder Woman. Accompagné de collègues de qualité, mettant en valeur l’Amazone sur tous les fronts, variant les genres stylistiques, et offrant des discours intéressants sur des tendances qui restent actuelles, cet ouvrage est un condensé riche et dense de ce qui s’est fait de mieux sur l’amazone. Et pour peu que vous ne soyez pas effrayés par un style graphique un poil ancien (sans être vieillot, je le re-précise) et une écriture assez dense, alors il sera hors de question pour que vous sautiez le pas sur cette très belle pierre de l’Histoire de Wonder Woman. A lire sans hésitation.

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ArnoKikoo

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