En 1980, deux ans après la sortie du premier film, Superman II débarque dans les salles obscures sous le regard attentif du public prêt à être émerveillé par les nouvelles aventures cinématographiques de l’homme d’acier. Ce que les spectateurs ne savent pas encore, c’est qu’ils vont vite déchanter.
Pour replacer le film dans son contexte, il est nécessaire de comprendre que cette suite n’a pas été mise en chantier après le succès commercial et critique de Superman I, mais a été développée en même temps que ce dernier. En effet, chose courante à l’époque, Richard Donner a réalisé les deux films en même temps, assisté de Richard Lester. Néanmoins, Donner est très vite obligé de se concentrer uniquement sur le premier film et un différend avec les studios l’exclut du second. Ce moment marque une suite de problèmes et de tragédies qui vont s’abattre successivement sur la nouvelle itération des aventures de Superman. En 1979, Lester récupère le projet mais lui et ses employeurs se retrouvent confrontés à une impasse juridique : le nouveau réalisateur ne peut être crédité au générique, Donner ayant déjà réalisé environ 75% du film. De ce fait, le scénario original est plus ou moins retouché et Lester commence à retourner des scènes du film afin d’augmenter sa participation dans le processus de réalisation et voir son nom apparaître sur l’affiche. Malheureusement, après avoir mis du temps à redémarrer le tournage suite aux nombreux différends juridiques et à la mort de Geoffrey Unsworth alors directeur de la photographie sur le film, le 1er juin 1979, lors du premier jour de reshoot sous la direction de Lester, John Barry, le chef décorateur, décède aussi – si vous avez rigolé de ce malheur, ayez un peu honte tout de même.
Enfer à produire mais réussite commerciale, le film ayant rapporté 190 Millions de dollars au Box office pour 54 Millions de budget, il est maintenant temps de savoir si malgré ces différents coups du sort et imbroglios juridiques, les studios ont accouché d’un film de qualité. Et la réponse et non !
Pour résumer le scénario, s’inscrivant dans la continuité du premier, Zod et deux de ses acolytes s’échappent de la Zone Fantôme dans laquelle ils ont été enfermés par Jor-El puis, après avoir débarqué sur Terre et découvert leurs nouveaux pouvoirs, décident de dominer le monde. Pendant ce temps, Superman et Lois vivent le grand amour dans la forteresse de solitude. Alors par quoi commencer ?
Premièrement, Lester décide de faire table rase de l’ambiance que Donner s’était évertué à installer, gommant toutes traces d’epicness afin de laisser place à un humour omniprésent. Ainsi, les méchants ne sont utilisés que comme source humoristique avec des sous-fifres totalement stupides et du comique de situation. Par exemple quelques minutes après l’arrivée des kryptoniens, Ursa s’amuse à battre des rednecks à un tournoi de bras de fer dans un bar miteux, tout cela devant un Zod levant une énième fois les yeux au ciel, totalement atterré par tant de stupidité – tout comme le spectateur d’ailleurs. De ce fait, toute tension se retrouve évincée du film, les méchants n’étant jamais assez crédibles pour constituer une véritable menace.
Deuxièmement, l’amourette entre Clark et Lois est totalement mise au premier plan, et la relation entre les deux personnages subit une caractérisation mièvre et frôlant le pastiche. En effet, un peu moins de la moitié de film est uniquement basée sur une alternance entre des scènes montrant Zod détruire le monde et Superman vivant le parfait amour guimauve avec Lois, sans se soucier à aucun moment de ce qu’il peut arriver à la surface du globe. Ainsi, ayant sans doute désactivé sa super ouïe, l’homme d’acier passe son temps à aller chercher des fleurs, préparer un dîner à sa copine en plein milieu de la Forteresse de Solitude ou pratiquer le coït dans un lit aux draps argentés qui ne pourraient avoir qu’un effet anaphrodisiaque sur une personne avec un tant soit peu de goût. De plus, il est même assez triste de voir Christopher Reeve et Margot Kidder, tous deux très impliqués dans le projet, se retrouver à jouer dans ce marasme scénaristique d’une pauvreté inexorable.
Troisièmement, plus qu’une mauvaise caractérisation de tous les personnages, Superman finissant par tuer Zod en l’écrasant contre une paroi de la Forteresse de Solitude avant de le laisser glisser dans une crevasse, le problème majeur se manifeste en particulier dans l’acte final : Richard Lester et les scénaristes n’ont sans doute jamais lu un comics sur l’homme d’acier de leur vie. En effet, les 30 dernières minutes voient se côtoyer une sorte de mauvais sentaï et la fête du slip des pouvoirs. Clark balance sur Zod des logos Superman se transformant en bâches/filets, arrive à se téléporter et se multiplier, et les kryptoniens se découvrent le pouvoir de jeter des lasers avec les mains et de pratiquer la télékinésie, rien que ça. Mais le comble du comble arrive après la défaite des méchants. Afin de faire oublier tous ses souvenirs à Lois, Clark arrive avec un baiser langoureux à les lui faire oublier par la magie du scénario.
Alors voilà, vous l’avez compris, c’est mauvais, très mauvais même. Et vous voulez savoir le pire ? J’ai passé énormément de moments gênants sous silence, comme ce passage où Clark perd ses pouvoirs et se fait passer à tabac par un mec sans même essayer un tant soit peu de se défendre. Pourtant, malgré tous ses défauts, Superman II n’est absolument pas le pire film de la saga. Ce désastre, qui aurait pu facilement être évité sans l’ingérence des studios et l’orgueil de Lester, marquera tellement Donner, le réalisateur original, que ce dernier décidera bien des années plus tard, en 2005, d’éditer une nouvelle version du film. Cette nouvelle édition, nommée The Richard Donner Cut, reprend le montage original du film, se servant des scènes déjà réalisées par Donner, mais aussi des enregistrements de casting pour les passages entre Superman et Lois. Ainsi, il aura fallu attendre 25 longues années pour que les spectateurs découvrent le film considéré par les fans comme la véritable version de Superman II…
Le début c’est un peu le meilleur moment du film. La superbe transformation de clark kent en courant pour sauver lois pieger dans la tour effeil. Ca c’était magique putain !
Sauf que même la version Donner cut est nul. Le pire c’est le début avec plus de 10min de résumé du premier film et un générique trop long.
La version Donner retrouve une narration qui colle plus avec celle du 1er film, mais vu son statut de film inachevé ca ne reste qu’un bonus ou au mieux un workprint deluxe. Le gros probleme de cette version c’est comme le dit Stingray une intro beaucoup trop longue (Le resume en generique de la version Lester passe largement mieux), des scenes pas tres geniales non plus (le saut dans le vide de Lois pour demasquer Clark), une partie centrale qui se traine un peu, cette idee stupide de Kal El qui renonce a ses pouvoirs (Ben oui mon gars! Elle est love de Superman pas de Clark!), mais au moins ca amene une belle scene avec Jor El et Kal El dans la version Donner.
En l’etat des deux montages je donne une legere avance au Lester,qui, malgre ses defauts a pour lui d’etre un film complet et fini.
L’ideal serait une version hybride des deux montages, mais bon, vu que Donner a voulu supprimer au maximum ce qui a ete fait par Lester on est condamnes a n’avoir que ces deux choix (sauf en cherchant des fan edits sur le net).
ah oui le film où Superman tue Zod de manière totalement OSEF…
mais non Man of steel est bien plus choquant enfin, oulala !
Il tue les kryptoniens avec le sourire en plus! et en faisant des vannes! (J’ose meme pas imaginer les reactions si ca sortait aujourd’hui… Ou peu etre pas? Puisque maintenant un bon film de super heros se mesure a son pourcentage en blagues et punchlines si l’on en croit certains…)
Bon y’a 2/3 amateurs des orifices de mouches qui vont nous dire que non, ils sont pas mort puisque on les vois apres en arriere plan dans une scene coupee d’un montage TV australien… Mais bon, le film c’est ils tombent dans la glace, point, dead, fini.
Amusant aussi de voir que visiblement a l’epoque Superman qui se debarrasse des bad guys comme ca, ca ne choquait pas grand monde. Autre epoque ou l’on etait peu etre moins matraques par le PC?
« En effet, chose courante à l’époque, Richard Donner a réalisé les deux films en même temps, assisté de Richard Lester. »
Chose courante ?? Euh non, pas du tout.
« à l’époque », je sais pas si la nuance est importante, ça me le semble.
Sinon tu as peut-être des exemples pour argumenter ? :)
bah justement il n y en a pas. Il y en a eu apres mais en 78, c etait pas du tout une tendance
Donc oui j’avais bien compris la « nuance »
Alors pour répondre à ta question, de tête, je peux par exemple prendre l’exemple des James Bond « vivre et laisser mourir » sortie en décembre 1973 et « L’homme au pistolet d’or » sortie en 1974. Bien que le tournage ne débute en grande pompe qu’en 1974, les studios avaient déjà compris qu’il serait difficile d’accéder à cette partie du monde à cause de la guerre du Vietnam grandissante et ont donc mandaté un caméraman, sous les ordres de Guy Hamilton, réalisateur des deux films, pour aller filmer dans la baie de Honk Hong en octobre/novembre alors que le processus de production n’était pas terminé.
Un exemple datant de 5 ans avant Superman avec une sequence ne suffit pas a definir une tendance « courante de l epoque » a mon avis.
En fait c est bien avec Superman que cette idee de reduire les couts de production en tournant des films back to back est apparue. Reprise apres par Zemeckis, Jackson, Cameron….
Cela montre que cela existait déjà depuis belle lurette. On a vu se développer après la seconde guerre un mélange entre la forme film et la forme série. Dans les années 50, on a eu les films Don Camillo qui se sont succèdés en 52/53, tournés aux même en droit par le même réal. Au Japon, quelques années avant Superman 2, ils ont fait encor mieux puisqu’ils ont sorti la saga Female Scorpion avec 2 films réalisés en même temps par la même personne et sortis la même années à 5 ou 6 mois de différence -ils ont d’ailleurs réhitérés la formule l’année suivante. Et ça, ce n’est rien par rapport à ce que le pays du soleil levant a produit juste avant : la saga gamora avec un film par an pendant 5 ans par la même réal… ça a été un bordel monstre pour s’y retrouver parmi les plans tournés pour les différents films x) Et pour se rapprocher de la fameuse date des années 80, tu as la trilogie The Brave archer en 1978 avec les deux premiers volets tournés en même temps. Alors oui, pour apporter de la nuance, il est vrai que le phénomène était plus démocratisé en Asie qu’en Amérique, mais cette double réalisation de Donner était aussi en partie due au fait que le film était conçu comme un dyptique, Superman I et II pouvant être considérés au final comme une seule et grande aventure. Le deuxième film est connu pour son echec résultant de cette double production. Ce qui est normal et n’incombe pas à Donner, le projet était juste trop massif avec ces diverses effets spéciaux et compagnie. Néanmoins, 4/5 ans avant Superman I, Richard Lester avait réalisé lui aussi un diptyque quant à lui acclamé par la critique et dont les deux film avaient été tournés en même temps : les 3 mousquetaire (1973-1974). En analysant ça on comprend que Lester a été amené à bosser sur ce Superman II par les studios, espérant le voir reprendre la baraque en train de se casser la gueule. Ainsi, pour moi, Superman II n’a pas démocratisé ce processus de production mais est surtout resté célèbre pour être le plus gros plantage connu de tentative de double réalisation ^^ Voilà voilà, gros pavé, désolé ^^
Ne t’excuse pas pour la longueur, j’ai trouvé ta réponse tres interessante.
Pour le coup Lester a été embauché pour « surveiller » Donner qui avait du mal a tenir ses délais et était sous pression constante du Studio. L’exemple que tu donnes des 3 mousquetaires est aussi un peu different car il a été coupé en deux en post-prod de mémoire car jugé trop long (un peu comme Kill Bill). Il n’y avait pas de volonté d en faire un dyptique des le depart.
Je n’avais pas pensé au cinéma asiatique et c’est vrai que l exemple est pertinent même si il faut bien reconnaitre que les budgets des films de La Shaw sont sans aucune mesure avec Superman ^^.