Review Cinéma – The Losers

Hauts les coeurs les amis, la dégringolade inversée de cette DC-filmographie va cheminant vers le mieux, puisqu’après le pire et le nul, on arrive sur le compromis : pas tout à fait bon, pas forcément mauvais non plus, un métrage que Tarantino harcelé par un passant en sortant d’un restau’ à une heure tardive qualifiera volontiers de « dumb fun », accordant à un métrage oublié le crédit et la catchphrase qu’il aurait pu recevoir si la production avait su bien le vendre : The Losers, de Sylvain White, sorti en 2010.

Fact Checking

The Losers est au départ un comics d’Angy Diggle et Jock, un duo d’auteurs efficace qui signeront ensemble les origines définitives de Green Arrodans le très appréciable Year One et une mini en huit chez Image baptisée Snapchat. Côté caméra, l’oeuvre est confiée à un français, Sylvain White, dont la courte carrière de réalisateur passera par La Marque des Anges avec Gérard Depardieu et Joey Starr, Stomp on the Yard et surtout, I’ll Always Know What You Did Last Summer en 2006, troisième opus de la saga Souviens Toi l’Été Dernier, sans les acteurs principaux de Souviens Toi l’Été Dernier, où ce brave pêcheur Ben Willis qui est encore encore en vie s’en prend à nouveau à un groupe de jeunes ados, parce que les tueurs en séries n’arrivent décidément pas à cotiser d’annuités suffisantes pour se payer de beaux jours dans un pays chaud. Maudite sois tu, réforme des retraites.

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Cela étant dit, cet intéressant choix de faiseur consacré n’était pas forcément le plus gros risque que pouvait subir le film. Projet initié en 2007 par Tim Curry, qui n’est pas étranger au monde du film de super-héros puisqu’il est responsable des deux premiers films Les 4 Fantastiques. Remplacé par Peter Berg, qui certes a signé Hancock et c’était chouette, mais quelques années plus tard c’était Battleship et avouez que vous vous en souvenez, jusqu’à ce que Sylvain White prenne finalement sa suite. Authentique fan de comics, le bonhomme travaillait en secret sur une adaptation de Ronin de Frank Miller (qui ne verra en définitive pas le jour), et s’attaqua dans les phases de pré-prod’ à une lecture des comics The Losers, desquels il devînt fan, d’où une certaine fidélité à l’oeuvre malgré de nombreux écarts évidents.

La production allouant un budget assez risible au projet (25 millions), White put manifestement travailler de son côté, leur rôle intervenant cependant dans les choix de plan de sortie du film, qui ne fera pas grand bruit à sa sortie. Étouffé par de plus grosses productions, The Losers se plantera commercialement et condamnera les projets de White qui espérait un succès pouvant mettre une suite en chantier, son film à lui n’adaptant que les deux premiers volumes du comics. Bref, ce point historique mis de côté, ça parle de quoi, The Losers ?

Pity the Fool

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Le film a davantage que le comics la tête d’une Agence Tous Risques déclassée : des militaires des Forces Spéciales avec différentes spécialités exécutent des opérations en Amérique du Sud, où, après avoir botté le cul d’un narco-trafiquant local, ils se voient trahis par leur hiérarchie. Déclarés morts, les ex-soldats vont désormais devoir laver leur honneur, démasquer le vilain qui les a mis dans ce pétrin, et se venger – ouais, effectivement, c’est complètement l’Agence Tous Risques déclassée. Sauf que c’est Idris Elba qui joue le black de l’équipe, et là, tu respectes garçon.

Le casting n’a en effet pas de quoi rougir, il est même deux fois plus intéressants pour un fan d’adaptations de comics. On y retrouve Jeffrey Dean MorganChris EvansZoe Saldana et Idris Elba, avec en méchant Jason Patrick (plus ou moins le evil Jason Clarke du film), tout ça sans badges tâchés de sang, bouclier étoilé, slow sur du Sam Cooke ni « SON OF ODIN ! », ce qui est à la fois décevant et pas trop grave, on aurait eu du mal à tout situer dans la narration.

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Si les acteurs sont bons, on peut se poser la question du cinéaste. White fait un boulot assez correct pour coller à l’esthétique de Jock. En détail le plus évident, des couleurs hyper saturées, des angles de caméra improbables et certaines scènes aux effets de distorsions pour épouser les pauses et les silhouettes du dessinateur hyper stylisé. Dans le reste, on retrouve une école de réalisation de blockbuster « à la Wanted », dans l’exagération des effets, parfois mêlé de shaky cam, à d’autres moments de zooms impossibles ou de ralentis fumeux. Le film en fait trop et donne tout ce qu’il a, comme une explosion de satisfaction du réalisateur qui affirme son bonheur d’être là avec tous ces nouveaux jouets. Maladroit mais constant son boulot, le gars fait ce que ferait tout bon réalisateur Français arrivé à Hollywood : il donne au public ce qu’il veut voir, des explosions, du punch et du rythme, souvent trop saccadé ou trop abondant.

Mais, c’est surtout le scénario qui pose problème ici. Plusieurs concessions sont faites au comics (en particulier du côté du méchant et du personnage incarné par Saldanna) pour simplifier ou polir le trait. On sentait dans The Losers en BD un côté enjoué mais cynique, façon Kick Ass, de se répandre dans une violence qui adopte un côté presque critique de la Gun Nation. The Losers le film fait à peu près l’inverse : on sent que le public cible est Américain. Le vilain grotesque et parodique rappelle les mauvaises heures de l’archétype du beau salaud, tourné en dérision par un nombre considérable de vilains ratés, et le ton général du film et de ses personnages maintiennent l’idée que le but est avant tout d’être fun et con. Ce qui n’est pas préjudiciable en soi, mais comme le film fait tout en exagéré, c’est exagérément fun, ou exagérément con.

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Maintenant, il reste de bons moments tirés de la BD, dont le réalisateur reste admiratif et ça se sent. Les acteurs se répondent bien et on sent le pédigrés de visages jamais en haut de l’affiche mais souvent très efficaces se trouver sur certaines scènes et certains échanges. De même, à différents moments, le film assume complètement son côté comic books par des inserts volontaires dans ce domaine. Mis à part le deus ex machina du sniper, un scénario clé en main qui vous évoquera forcément des oeuvres passées et encore une fois, cette envie d’en faire trop, quitte à faire beauf, le métrage a au final une bonne gueule de plaisir coupable. Comme piégé entre Red et Kick Ass, un film qui sent d’un côté la commande et de l’autre l’envie de ses équipes. Il lui reste ce qu’il faut de sincérité pour ne pas être déplaisant, et même souvent réussi, pour peu qu’on ne lui en demande pas trop.

Malheureusement ou heureusement, The Losers sera bel et bien un échec commercial à sa sortie. 29 millions de recettes pour un budget de 25, soit un échec comparable à celui du Green Lantern – et pourtant Dieu sait que si tous deux ont de gros défauts, sur l’échelle de l’échec ils représentent bien deux poids deux mesures. Une des raisons de la cote d’amour que se tape The Losers auprès du public vient justement de ça : il ne mérite pas un pareil échec. Aussi maladroit et boursouflé que soit son écriture ou sa réalisation, les deux manifestent d’une envie de bien faire, d’une interprétation premier degré d’un comics auquel il tente tout de même de rester assez fidèle, et de s’inscrire dans une continuité d’actionners créatif sans la maîtrise visuelle nécessaire au succès de l’épreuve. En attendant, il reste une des rares adaptations de Vertigo qu’on se mate volontiers entre deux bières et une pizza, un vrai film-canapé qui rejoint Dredd et Scott Pilgrim dans la catégorie « adaptation sincère bananées plus qu’elles n’auraient du ». 

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Corentin

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