The Script Of #5 : Roy Thomas

JSA, mon amour

Retour à Août 1981. Dans un mois sortira le premier numéro de All-Star Squardon avec sa couverture emblématique de Rich Buckler qui figure encore parmi les plus grandes couvertures chez DC Comics. Justice League of America #193, un numéro étrangement signé par Gerry Conway lors de son très long et très bon run, accueille un supplément de quinze pages de Special All-Star Squadron. Une Preview de la prochaine série de Roy Thomas qui verra le retour de la Justice Society. La publicité concernant les deux prochains titres de Roy Thomas pullulent, preuve d’un succès garanti et d’une grande confiance en ces projets par la maison. Ce retour est évidemment du à Roy Thomas, mais surtout au contexte. La Justice Society est portée disparue depuis 1977, et ne donne que de faibles signes de vie de temps à autres dans diverses séries secondaires ou dans les rencontres annuelles avec la Justice League. DC Comics a pourtant tenté de redonner un titre à l’équipe dans un projet de nouvelle série avec l’idée de mettre Gerry Conway, qui avait créé Power Girl en 1976. Alors l’arrivée de Roy Thomas et son projet de redonner vie à la Justice Society tombait à pique.

Si il s’agit de passion pure pour Roy Thomas, la maison d’édition y voyait une opportunité. A ce moment, Roy avait l’envie soudaine de se replonger dans les Invaders qu’il a pu écrire quelques années auparavant. C’est de là qu’il tient cette idée de replacer la Justice Society dans ce contexte de Seconde Guerre Mondiale qui plaît à son éditeur, Len Wein. Une réutilisation au final de cette recette qui avait fait le succès de la série Invaders. Personnages d’un temps passé dans leur contexte, avec une écriture soignée et moderne offrant de nouvelles aventures et de nouveaux rebondissements pouvant avoir des répercutions sur le futur. Le fait qu’il s’agisse d’un univers tout entier mis à sa disposition, Roy est libre de faire ce qu’il souhaite des héros de son enfance. Ce qui est certainement la raison principale de son succès avec ce titre.

Roy est décidé à s’associer avec son ami Rich Buckler (Fantastice Four, Avengers). Il le veut en dessinateur à tout prix. DC le lui accorde. Jerry Ordway, très attiré par le projet (il émettra même plus tard une certaine déception de ne pas avoir été éditeur du titre), en devient l’encreur. Mais Roy Thomas voit Jerry Ordway d’un mauvais œil une fois annoncé, car imposé par l’éditeur d’une certaine manière. Une méfiance qui s’explique par de mauvaises expériences passées chez Marvel. Roy demande à voir les travaux de Jerry et est impressionné. Une fois la couverture réalisée par l’artiste, Roy tombe dès lors, amoureux et y voit son protégé à travers la réalisation de son rêve : écrire les personnages qui ont façonnés sa passion depuis l’enfance. Il a trouvé l’artiste et l’encreur avec lequel le réaliser.

Roy a réussit à faire de All-Star Squadron, non pas une équipe de quelques personnages, mais bien un univers du Golden Age reprenant tous les héros de son enfance dans une même équipe brisant toute lassitude possible au cours des numéros grâce à un groupe actif en constante évolution. Et plus Roy faisait évoluer son univers, plus il avait envie d’inclure d’autres personnages à ses histoires. Il ne pourra d’ailleurs pas amener autant de héros qu’il le voulait, rejoindre l’escadron, puisque l’éditeur lui refusera Wonder Woman, Shazam et d’autres.

Le poste d’artiste sera bien souvent menacé. Len Wein veut que Joe Kubert réalise les couvertures de la série, ce à quoi Rich Buckler s’oppose ouvertement. La couverture de Rich Buckler prévue pour le second numéro est remplacée par celle de Joe Kubert. Rich s’adresse personnellement à Joe Kubert et lui dit qu’il s’occupera lui-même des couverture de All-Star Squadron. Rich remplira cette tâche jusqu’à son départ après le cinquième numéro faute à de fortes tensions avec Len Wein. Joe Kubert reprend de suite son poste aux couverture du titre. Roy, bien plus tard, exprimera son incompréhension face au système de chez DC Comics qui pouvait demander à un autre artiste de réaliser les couvertures d’une série dont l’artiste s’occupant des pages intérieurs était différent. Cependant, il ne s’est jamais plaint des couvertures de Joe Kubert, exprimant même le regret qu’il eut été occupé par des titres liés à la guerre, le rendant indisponible pour dessiner All-Star Squadron. Roy, qui vivait éloigné des bureaux de chez DC Comics, n’était pas au courant de ce qui se déroulait là bas. Ce qui pouvait provoquer un sentiment d’être comme exclus de ce système, mais qui représentait cette mentalité d’écrire librement et des séries en marge avec des personnages qu’on ne retrouvait pas ou peu dans d’autres séries. La contrainte est qu’il n’était au courant de rien. Il se retrouve donc sans artiste, sans être au courant. Len Wein prend les choses en main et laisse un message à Roy indiquant que Rich était remplacé par Adrian Gonzales, et qu’il allait l’aimer.

Un nom complètement inconnu de Roy, alors que leurs chemins se sont croisés auparavant sur Batman #340, alors que Roy s’occupait des dialogues, Adrian était encreur. Adrian réalisait un numéro de temps à autre sur diverses séries pour dépanner. Len Wein l’amène ici pour sa première série régulière, ce qui avait de quoi inquiéter fortement Roy. Roy aimait beaucoup Len Wein pour la liberté qu’il lui accordait concernant l’écriture et les sujets abordées. Sur All-Star, le seul détail sur lequel ils n’étaient pas d’accord était la couleur rouge sur le costume de Atom que Roy voulait être orange. Une fois vu les travaux d’Adrian, Roy est rassuré et adopte son nouvel artiste. L’arrivée d’Adrian est malheureusement plus difficile pour Jerry, encore encreur. Il quitte son poste après dix numéros. Deux numéros après son départ, c’est au tour d’Adrian de quitter All-Star Squadron. Jerry revient à la charge dessiner et encrer le titre le temps de huit numéros. Le titre a donc connu une histoire bien plus perturbée qu’on ne pourrait l’imaginer, mais a vu des moments forts. On pourra retrouver plus tard Jerry et Rich au dessin le temps d’un numéro ou deux, Don Heck mais aussi le jeune Todd McFarlane à ses débuts au #47. Et après 67 numéros et 3 Annuals, la série s’arrête en Mars 1987.

Captain Cassegrain

Parmi les divers projets de l’éditeur, un n’était pas destiné à Roy Thomas. Le scénariste était surtout connu pour Conan et donc restait dans les petits papiers concernant des projets d’heroic-fantasy. DC souhaite, à l’époque, marcher sur le domaine des comics Archie en proposant un comics du même type. Certainement dans l’idée de mélanger deux succès de ces années là, l’éditeur finira par aller voir Roy Thomas en lui demandant de réfléchir à ce qu’ils attendaient comme étant un comics humoristique dans un univers d’héroïc-fantasy. Roy, ayant une vie déjà très chargé accepte d’y réfléchir. Le projet se change rapidement en comics destiné aux enfants. Roy Thomas expliquera la création, comme toujours, très complexe, du titre avec une ribambelle de noms. Ces informations sont mises de côté puisque pour diverses raisons personnelles, et la participation à son évolution fut multiple. On apprendra plus tard que Roy Thomas avait déjà travaillé, dans les années 60, sur un projet similaire de lapin super-héros. Un projet visant à être également un comics pour enfants, surfant sur le succès des cartoons de l’époque comme Super Mouse.

La série se fera avec plusieurs artistes : Scott Shaw, Alfredo Alcala et Stan Goldberg. Roy et Dann avaient rencontrés Scott Shaw lors d’un dîner. Il ne se sentait pas capable de faire ce titre régulier, et il regrette de ne pas avoir eut le courage d’essayer. Roy a donc ensuite fait appel à ces deux autres artistes pour tenir le rythme du titre. Captain Carrot passera du comics/cartoon à super-héros inscrit dans le multivers (il rencontre Superman dès ses premières aventures), devenu icône de la parodie de super-héros chez DC pour finir aujourd’hui dans le Multiversity de Morrison. Fin 80’s, Jenette Khan, alors éditeur en chef propose, lors d’une réunion, de vendre Captain Carrot pour en faire une série live. Heureusement rien de cela ne s’est produit, mais de cette idée, CBS a dit être intéressé pour un projet de série animée focalisée sur le personnage de Captain Carrot et son Crew.

Une Trinité qui vous veut du bien

Revenons en arrière. Car si entre 1981 et 1987, Roy Thomas signe sa plus grande oeuvre chez DC, il ne se limite cependant pas à deux titres et continue de participer à l’écriture de plusieurs séries. Il exprime un certain dégoût pour des personnages comme Batman ou Superman. Ils possèdent plusieurs titres où ils sont seuls héros d’une aventure différente, ce qui lui donne l’impression que seul l’éditeur peut créer quelque chose de construit. Imaginer écrire ces personnages lui procurait déjà le sentiment d’avoir les mains liées. Pourtant, en 1982, il arrive sur le titre Wonder Woman. Avant qu’il n’arrive, c’était son ami Gerry Conway qui écrivait sur ce titre. Gerry souhaitait changer d’artiste, qui était alors Jose Delbo (avec lequel Gerry écrira plus tard des aventures de Conan en 1990).

Durant son run, Gerry a pris plusieurs directions différentes sur un cours laps de temps, qui ont fait que l’éditeur voyait déjà son scénariste d’un mauvais œil. Ses réclamations répétées, et les tensions multiples entre l’éditeur, le scénariste et l’artiste ont fait que l’éditeur a décidé de changer et d’artiste, et de scénariste, faisant appel à Roy Thomas et Gene Colan pour les remplacer. Roy savait que Gerry aurait souhaité rester sur le titre, et se sentait mal pour lui. Malgré le poste de Roy en tant que scénariste du titre, leur amitié n’en a pas souffert. Wonder Woman #288 marque l’arrivée de cette nouvelle équipe créative.

Mais dès le numéro suivant, Paul Levitz inclus de courtes histoires empiétant sur le nombre de pages du titre. Sur un total d’environ vingt-cinq pages, une aventure de Huntress en prend huit. Roy trouve ça scandaleux, que le titre de la plus grande héroïne ne possédant qu’un seul titre à son nom se voit piétiné par d’autres personnages faisant de ce titre un recueil d’histoires ne concernant que les super-héroïnes que la licence. Alors que Huntress pourrait voir ses aventures publiées dans une série faite pour recueillir ce genre d’histoire courte. Roy veut redonner à Wonder Woman sa place dans sa série régulière. Il proteste auprès de Paul Levitz. Ensemble ils écrivent un arc en trois parties, avec la participation de Marv Wolfman, redonnant à Wonder Woman la place qu’elle mérite.

Dès le mois suivant, Huntress fait son retour et les aventures de Wonder Woman sont de nouveau amputées de huit pages. Roy Thomas quittera le titre après Wonder Woman #296. Gene Colan le suit. Les deux artistes ne trouvaient pas leur travail respecté par l’éditeur. Malgré cela, l’éditeur fera appelle à Roy Thomas pour scénariser Wonder Woman #300. Il acceptera et on retrouvera sa femme, Dann, créditée en tant que co-scénariste ce qui fait d’elle la première femme ayant participé officiellement à l’écriture du titre Wonder Woman. Le couple est accompagné de Dan Mischkin, scénariste ayant remplacé Roy suite à son départ, et de Gene Colan au dessin, revenu avec Roy Thomas pour l’occasion.