Les points positifs :
Les points négatifs :
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« Je me contenterais d’un monde qui a un peu de sens. » – Midnighter
- Scénario : Warren Ellis – Dessins : Tom Raney, Chris Sprouse, Bryan Hitch, Oscar Jimenez et autres – Couleurs : Gina Going, Mike Rockwitz, Laura Dupuy – Encrage: Randy Elliott et Richard Bennet
- Urban Comics – DC Essentiels – The Authority les années Stormwatch tome 2 – 28 avril 2017 – 432 pages – 35 € – Contient: Stormwatch V1 #48-50, Stormwatch Preview, Stormwatch V2 #1-11, WildCATS/Aliens #1
Urban Comics nous propose dans cet imposant pavé (qui vous musclera vos petits bras de lecteur chétif) la suite et la fin des séries Stormwatch par Warren Ellis, introduction inédite en France et essentielle pour accompagner les nouveaux venus de l’univers Wildstorm avant d’attaquer le monstre morceau qu’est The Authority. La patte de l’auteur britannique marque d’un fer brûlant ces 400 pages d’un récit qui transcende le comicbook actionner des années ’90 pour livrer un mélange de tous genres, une véritable foire de créativité qui se permet de parler de comics à plusieurs niveaux de lecture. Comment voulez-vous ne pas succomber à ça ?
On peut prendre plusieurs sens de lecture pour The Authority, les années Stormwatch. Dans un sens purement frontal, c’est à dire en se concentrant sur l’histoire et les personnages, un premier constat s’impose : quelle créativité, quelle aisance avec laquelle Warren Ellis travaille son univers. En deux numéros, d’entrée de jeu, les cartes sont rebattues, ce qu’on pensait savoir dans le premier tome est ré-ordonné, des vérités éclatent et tout est redistribué pour la plus grande partie de l’aventure. Chaque personnage avait déjà eu le temps d’être approfondi et c’est un travail qu’Ellis continue de faire en s’occupant de personnages restés, peut-être, un peu en retrait dans le précédent tome. Ce sont notamment des questions de responsabilités également qui vont rythmer les missions de Stormwatch, dont la légitimité est de plus en plus remise en cause, alors que se mêlent opérations secrètes, conflits d’intérêts et politique sournoise. On se situe bien loin du schéma super-héroïque classique, dans un monde où les super-humains ont un statut plutôt secret, ou on a du mal à voir clairement qui tire les cordes. Warren Ellis joue avec son univers qu’il maîtrise parfaitement et aborde des thématiques modernes qui touchent à la science actuelle (la génétique), à des idéaux philosophiques (le Jardin du Nevada) et autres considérations humanitaires (avec un conflit moral magnifiquement illustré dans l’histoire « Plaie béante »).
Mais au delà de ça, on ne peut que s’extasier également sur le discours culturel de Warren Ellis dans ses histoires, qui rappelleront également ce qu’il a pu faire avec Planetary. A de nombreuses reprises, les clin d’oeil appuyés aux personnages et concepts de DC Comics, notamment, sont clairement visibles et habilement retravaillés. Le combat que livre « Le Très-Haut », sorte de Superman qui serait resté coincé dans son idéologie du Golden Age, contre Stormwatch est magnifiquement démonstratif sur le rôle des super-héros, leurs capacités et cette volonté de maintenir un statu quo sans vouloir s’attaquer au problème de fond. L’apparition du couple mythique Midnighter et Apollo (un couple Superman/Batman au charisme dingue, malgré leur présence diffuse) au sein d’une proto-Justice League montée par Bendix est également très forte, notamment dans le discours de ces deux qui ont préféré rester cachés pour rendre le monde un peu meilleur. On retrouve également avec plaisir la Plaie, déjà aperçue dans Planetary, qui permet de composer avec le concept du Multivers avec une dimension dramatique qui pourra rappeler les Crisis de l’éditeur à deux lettres.
Au final, la poursuite des missions de Stormwatch, les bouleversements continus, les liens entre les personnages qui se font et se défont, les conflits personnels ou d’intérêt, les embrouilles politiques… le chemin tracé par Warren Ellis est au final on ne peut plus clair, et lorsque l’auteur a fini de jouer avec ses personnages, il envoie une nouvelle fois tout valdinguer, pour mieux nous préparer à la suite. Car l’idée d’avoir des héros au service des états étant maintenant bien brossée, il est temps de passer à une autre concept. Mais l’attente devra se faire pour aller poursuivre le récit d’Ellis et c’est bien là que le lecteur va devoir prendre son mal en patience. Pour nous faire patienter d’ailleurs, Urban nous propose le court crossover avec Aliens qui, s’il est sympathique dans son jusqu’au boutisme, n’est pas forcément incontournable (sauf pour les fans des xénomorphes ?), surtout que les dessins de Chris Sprouse, assez grossiers, ne rendent pas forcément honneur à ces deux univers. D’ailleurs en parlant des dessins, c’est toujours Tom Raney et collaborateurs (dont le, à l’époque bon, Bryan Hitch) que l’on retrouve, avec ce style 90’s marqué – dont l’auteur se moque ouvertement à plusieurs reprises d’ailleurs – qui pourrait ne pas plaire à certains. Mais là, vraiment, passez outre le style (surtout que la mise en scène et les détails sont en général de bonne facture, je note quelques passages très body horror véritablement superbes) parce que la lecture en vaut largement le coup.
Fallait-il une review pour vous convaincre que la suite et fin de Stormwatch par Warren Ellis est à lire absolument ? Pour le plaisir d’histoires qui surprennent de bout en bout, d’avoir des personnages charismatiques et travaillés, de pouvoir faire une lecture à plusieurs sens, et d’être présentés au couple Midnighter/Apollo, The Authority – Stormwatch T2 est à posséder dans votre bibliothèque. Alors mettez donc quelques euros de côté pour votre prochain passage en librairie !
Cette série me donne de plus en plus envie… ^^
Autant le T1 si on a des appréhensions quant au côté 90’s du titre ça a du mal à passer, autant là Ellis continue sa montée en puissance de façon telle que ça devrait convaincre ceux qui ne l’étaient pas
C’est un plaisir à lire, c’est plein de références (on pourra même apercevoir Peter Parker et Ben Urich, ou encore les X-Men), c’est une lecture fluide, les cases sont larges et aérées, et on arrive à la fin du livre sans s’en rendre compte ! Et après on dira qu’il n’y a que du caca dans les années 90… -_-
Je regrette cependant le manque d’émotion dans tout ça. Il y a des morts qui devraient être touchantes, mais je n’ai rien ressenti, la faute justement à un traitement trop superficiel des personnages pour avantager le concept politique de l’oeuvre. Au moins, sur ce point, c’est une réussite, et une fois n’est pas coutume, Ellis nous épargne ses dialogues anti-français
Un second tome que je trouve un poil meilleur que le premier sauf, une fois de plus, pour la façon dont les émotions des personnages sont gérées.