Faux Raccords #6 – Wonder Woman, déesse de la guerre tome 1 : Insurrection

Bonsoir et bienvenue dans le sixième numéro de la rubrique Faux Raccords ! Aujourd’hui, j’ai décidé de suivre une recommandation de mon collègue Watchful (que je remercie chaleureusement), nous allons donc nous attarder sur une œuvre des New 52, puisqu’il s’agit du premier tome de Wonder Woman, Déesse de la Guerre, paru le 15 janvier 2016 chez Urban, qui contient Wonder Woman #36-40 ainsi que le Wonder Woman Annual #1. Cela me permet aussi de rester dans le thème d’un certain film sorti récemment. Les dessins sont de David Finch.

Avant de commencer : si vous êtes sur un téléphone, il se peut que les positionnements du texte et des images partent un peu en free-style. Vous voilà avertis.

Et ça commence bien, vu que dès les premières pages il y a des erreurs. Comme par exemple les sandales de notre jeune homme au premier plan, celui avec le t-shirt orange.

Des nu-pieds.

Quoi ?

Ce sont des nu-pieds.

On s’en tamponne, le fait est que juste dessous…

Les nu-pieds ont changé de couleur.

Ah mon avis c’est juste un effet de lum…

Vous allez dire ça à chaque fois que je pointe une erreur de colorisation ? Sur la première image on voit clairement qu’elles sont roses, et il n’y a pas une trace de cette couleur sur la deuxième. Mon pantacourt même quand il fait sombre il change pas de couleur, hein.

Mais c’est pas ce que… Bon, tant pis.

Bon, si ça peut vous calmer, ici on a quelque chose d’une autre nature. Ici, Diana et en train de prendre une douche. On voit bien qu’elle tient le savon avec sa main droite.

Et si on observe la case juste après…

On voit qu’elle tient cette fois le savon dans sa main gauche.

L’ennui avec les comics, c’est qu’on ne sait pas exactement ce qui se passe entre les cases. Elle a très bien pu changer le savon de main.

Peut-être, mais en suivant ce postulat, la quasi-totalité des faux raccords sont remis en question. Donc si je peux vous donner un conseil : faîtes comme moi. Vous vous en foutez, et vous admettez que c’est un faux raccord.

Ah, là j’ai quelque chose de très rigolo. Regardez cette image, et plus précisément le clavier de l’ordinateur.

Ben quoi ?

Mais enfin, il n’a aucun sens ! Les touches n’ont absolument pas la même forme, ni la même taille. Sérieusement, c’est quoi ce « enter » en bas à droite ? Et juste à gauche cette touche qui est grosse comme quatre ? Et pourquoi les F1, F2, etc, sont allongées ? Il y a à peine la place pour en mettre huit. Et aussi…

Ok, ok, j’ai compris, c’est un clavier chelou.

Là aussi j’ai quelque chose de chouette. Ici, on est au tout début de l’histoire, dans le QG de la Justice League. Sur cette image, on peut voir Superman de suffisamment près pour admirer son col.

Retenez la forme de ce col, parce que si je fais un bon jusque dans la dernière partie de l’histoire…

Le col a changé. Il n’est plus aussi pointu que sur la première image.

Restons dans le QG, car cette scène recèle d’autres croustillants faux raccords. Comme celui-ci, par exemple. On reprend la même image que précédemment, mais cette fois on se concentre sur Wonder Woman, et plus particulièrement son collier.

Encore une fois, soyez attentif aux motifs précis de ce dernier, puis que ceux-ci ne sont pas identiques ici…

… et là.

Si on observe les creux du « W », on voit qu’il y a des petites pointes sur la première image, petites pointes qu’on ne retrouve pas sur la deuxième.

Concentrons-nous maintenant sur Cyborg.

Ben quoi, qu’est-ce qu’il a Cyborg ?

Lui rien, mais observez le clavier devant lui.

Ah, ok j…

Sérieusement, pourquoi il y a deux barres espaces ? Et c’est quoi ces quatre énormes touches en haut ? Et…

J’ai dit ok, j’ai compris !

On repart sur une erreur de colorisation, mais un peu plus flagrante cette fois. On quitte le QG pour arriver auprès d‘Aquaman et de Diana, qui sont dans un avion.

On dirait le début d’une blague nulle.

Diana tient un ours en peluche dans ses mains, qui est bien éclairé cette fois. Et on voit que l’ours est blanc.

Et si je tourne la page…

L’ours a changé de couleur, et a adopté une couleur qui tire sur le brun.

C’est peut-être comme ces cuillères magiques dans les paquets de céréales…

Qui changent de couleur lorsqu’on les passe sous l’eau chaude ? Vous l’aviez déjà sorti dans le Faux Raccords sur Flashpoint cette excuse.

On met un peu de côté les erreurs de colorisation pour le moment, pour enchaîner sur ma spécialité : les petits-détails-tellement-petits-que-tout-le-monde-même-le-dessinateur-s’en-tamponne. Regardez cette image, zoomez si besoin ou vérifiez dans un exemplaire en papier, vous devez admettre que Dessa (le personnage de droite) ne porte pas de boucles d’oreille sur la gauche.

Pourtant, si on s’attarde légèrement plus bas sur la page, on constate qu’elle en a vite enfilé une paire le temps de deux changements de cases !

Tu es sûr que ce sont des boucles d’oreilles ?

Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ?

Bah tient, boucles d’oreille un jour, boucles d’oreille toujours. En effet, sept pages plus tard, le dessinateur refait la même boulette. Si on observe ce gros plan sur… euh… je sais pas qui.

Appelons-la Marguerite, ça te va ?

Pourquoi pas. Si on observe ce gros plan sur Marguerite, on voit que sur chacune des boucles d’oreille est accrochée une seule et unique clef.

Pour son oreille gauche je suis pas si sûr, mais pour la droite oui.

Et bien à la page suivante, Marguerite fait le même coup que Dessa et en moins de deux accroche une nouvelle clef à chacune de ses oreilles !

Dans l’histoire ce personnage est juste appelé une fois « sorcière ». Donc son nom pourrait être n’importe quoi.

« Marguerite la sorcière »… Moi j’aime bien, pas vous ?

D’ailleurs, on a pas fini avec Marguerite la sorcière. Analysez attentivement cette image. La dame avec les cheveux roux va lui donner le bébé. Observez bien l’orientation du rejeton. Le vecteur pied-tête pointe vers la gauche de l’image, tandis que chez Marguerite, le vecteur main gauche-main droite pointe dans la direction opposée. Qu’est-ce que ça veut dire ? Que lorsque elle recevra le mioche, la main droite devrait accueillir les pieds et la gauche la tête. La tête de l’avorton devrait être sur la gauche de Marguerite.

Et si on jette un coup d’œil à la case juste après…

L’orientation du môme n’est plus respectée. Les vecteurs pied-tête et main gauche-main pointent désormais dans la même direction.

Peut-être que la rousse a vite retourné le gamin avant de le donner.

Mais c’est absurde comme explication ! Pourquoi elle aurait fait ça ?

Bah, c’est un rituel démoniaque, perso j’en ai jamais fait, mais peut-être qu’il est nécessaire que les bébés aient des positions précises… non ?

Sur cette double page que j’affiche en entier, on voit que Clark et Diana s’entraîne dans… euh… une zone avec des murs autour. Il y a un nom pour ça ?

Hum… Une terrasse ?

Pas vraiment, ce qui importe ici ce sont les murs. Sur la double page il semblerait qu’il y ait des murs dans les quatre directions. Et si je tourne la page…

Les murs ont disparu de l’arrière-plan ! On dirait que Clark et Diana se sont téléportés dans un terrain vague.

D’ailleurs, retenez cette scène dans un coin de votre tête, on va y revenir à la fin.

Partons sur Themyscira, pour cette gaffe qui va certainement vous plaire. Observez ce petit escalier dans la salle du trône. Il a un escalier en pierre qui comporte deux marches, et par-dessus se trouve un autre en bois qui en a trois. Et si je compare cette zone à la même mais beaucoup plus loin dans l’histoire…

Bim, faux raccord ! L’escalier en pierre a désormais quatre marches et celui en bois s’est fait remplacer par un tapis rouge.

Tu es sûr que c’est le même escalier ?

Affirmatif. C’est le seul escalier dans cette salle. Je vous invite à vérifier dans un exemplaire papier.

On en pas pas fini avec cette salle. Regardez cette fois les deux portions de tapis entourées sur l’image (un tapis beige et un tapis rouge). On voit qu’il y a une petite distance entre le bord du tapis beige et celui du rouge, quelques centimètres au plus.

Maintenant, j’avance de deux pages…

Et on constate que le tapis rouge a gagné plusieurs dizaines de centimètres par rapport au tapis beige.

Et on peut aussi voir que le carrelage au sol n’est pas exactement le même, lorsqu’on observe comment il est placé par rapport aux tapis.

Juste. Sur la première image, le tapis rouge recouvrait une seule ligne du carrelage sur sa largeur, et sur la deuxième, il en recouvre deux.

Ce n’est pas fini, il reste encore deux erreurs dans cette scène ! Ici, il a deux détails importants. Premièrement, les accoudoirs du trône central sont les prolongements des bords du tapis rouge. Deuxièmement, les quatre autres chaises n’ont pas de pieds. Elles sont posées à même le sol.

Et ici, rien ne va plus. Les bords du tapis rouge ne sont plus directement reliés au trône central, et les autre chaises sont cette fois dotées de pieds ! Et on dirait presque que l’escalier de pierre a perdu une marche, mais c’est discutable.

Ah pas mal, cinq erreurs en une scène !

Et elle nous réserve encore quelques surprises.

Concentrons-nous cette fois sur Diana. Vous vous souvenez du coup du collier qui changeait d’une scène à l’autre ? Et bien, admirez :

Vous vous doutez bien que je ne vais pas relever cette erreur systématiquement, ce serait beaucoup de travail pour pas grand chose. Donc il se peut que ce faux raccord revienne sans que je ne le mentionne, mais cela ne signifie pas que je ne l’ai pas vu, hein.

Restons sur cette page mais analysons cette fois les pieds de Wonder Woman. Si on observe l’ombre projetée pas sa jambe, on constate que cette dernière pointe exactement vers la droite de l’image. Le soleil est donc pil poil à la droite de Diana (à gauche de l’image).

Cependant, si on fait attention aux ombres projetées par la balustrade en arrière-plan, on voit qu’elles ne sont pas raccords. Elles sont un peu dirigées vers le bas de l’image, alors qu’elles devraient pointer vers la droite, comme l’ombre de la jambe gauche de Diana.

Je vous avais bien dit que cette scène n’avait pas dit son dernier mot. Ici, Wonder Woman a en face d’elle la vieille dame sur le trône, et derrière elle une statue. On ne la voit pas en entier, mais on devine qu’elle représente quelqu’un assis sur une chaise.

Je tourne la page. Attention, 3, 2, 1, …

Pouf, plus de statue !

Ça j’aime bien. Deux faux raccords en une seule image ! Ici, on voit très bien que Wonder Woman tient son épée dans la main gauche et à le lasso à sa droite.

Tiens d’ailleurs c’est curieux ça. J’ai toujours pensé que Diana était droitière.

Et il semblerait que vous ayez raison, car à peine deux pages plus loin…

Elle tient cette fois son épée dans la main droite ! Et pour le lasso, vous avez sûrement remarqué : il a disparu sur la deuxième image.

Peut-être qu’elle a laissé tombé son lasso et qu’elle a changé son épée de main.

Peut-être, mais qu’est-ce que j’ai dit au début ?

De s’en foutre et d’admettre que c’est un faux raccord. Mais je trouve quand même ça un peu facile.

Et puisqu’on est dans les changements main droite-main gauche, autant y rester. Diana et la Justice League sont en train de se battre avec ce monstre, qu’on va appeler Jean-Jacques.

Marguerite et Jean-Jacques… Après tout pourquoi pas.

Jean-Jacques tient une sorte d’épée, et on peut affirmer qu’il la tient avec sa main droite puisque sa main gauche (entourée) est bien visible.

Mais si j’avance un poil…

Il tient cette fois son épée dans la main droite. Il a donc fait l’erreur inverse de Diana.

Là ça joue, parce que les deux images sont très proches dans la chronologie de l’histoire. Mais pour le coup de Diana…

M’en fout, je fais ce que je veux.

Ça vous dit une erreur de colorisation ? Observez simplement les yeux de Diana sur ces deux images.

C’est assez léger, mais en étant suffisamment attentif on voit que sur la première image, son œil gauche tire un peu sur le orange, alors qu’il est clairement bleu sur la deuxième. J’invite ceux qui ont un exemplaire papier à vérifier par eux-même, c’est aux pages 96 et 97.

Voici une image dans laquelle le dessinateur a réussi à faire rentrer toute la Justice League. Je vais vous demander d’être particulièrement attentif aux positions de Batman et Superman. Parce que ce sont des petits malins, ces deux. À peine on a le dos tourné…

Qu’ils en profitent pour changer de place ! Sur la première image Bruce était derrière Clark, et c’est l’inverse sur la deuxième. Ils pensaient sûrement que personne ne les avait vu, mais c’est sans compter mon terrible sens de l’observation.

Ça alors, encore une erreur avec les ombres ! Décidément, j’en connais un qui n’a pas suivi les cours d’optique. En haut à droite de cette image, on distingue les rayons du soleil, et on voit qu’ils forment un angle assez faible par rapport au sol (moins de 45°).

Et maintenant regardez les ombres de ces quelques figurantes : ce ne sont pas du tout celles que des rayons avec un tel angle devrait projeter.

Et on va terminer sur du très lourd. Vous vous souvenez la scène d’entraînement entre Clark et Diana, que j’ai mentionné au début ? C’est la onzième erreur de ce dossier. Jetez vite un coup d’œil sur les image et revenez. C’est bon, c’est fait ? Maintenant, je vous affiche la couverture alternative de ce numéro (cliquez pour agrandir) :

Ah, c’est vrai que c’est flagrant ! Clark et Diana ne sont pas en costume, et l’entraînement se passe dans une zone à ciel ouvert, et pas dans cette espèce de hangar. Mais c’est une couverture. Le coup de la couverture qui ne correspond pas au contenu ça arrive souvent.

Peut-être, mais ce n’est pas une raison pour ne pas le mentionner.

Bilan : 25 erreurs dans cet album de 6 numéros, soit environ 4,2 erreurs par numéros, ce qui pour l’instant est le record. Merci à tous pour votre lecture, on se retrouve prochainement pour un nouveau Faux Raccords !