Les points positifs :
Les points négatifs :
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« Selon moi, il n’y a que deux angles qui comptent… Héros ou vermine. » – Duke Thomas
- Scénario : Lee Bermejo – Dessins : Rob Haynes et Jorge Corona. – Couleurs : Patricia Mulvihill
- Urban Comics – DC Renaissance – Batman Univers Hors-Série #4- 27 janvier 2017 – 120 pages – 5,90€
Après un troisième numéro consacré à la première partie de la série limitée We Are Robin, le magazine Batman Univers hors-série revient avec une quatrième publication, qui a vocation de terminer le récit (que vous n’aurez complété que si vous suivez aussi la version régulière de la revue). Alors que le premier arc prenait le temps d’explorer un peu le contexte de l’émergence des nouveaux « Robins » de fortune, qui cherchent à rendre Gotham meilleure, tout en fuyant les autorités, qui nient leur légitimité. Le décor étant planté, on entre cette fois dans le vif de sujet, alors que Duke Thomas et ses nouveaux amis doivent faire face à un adolescent totalement cinglé, qui compte imiter le Joker et semer le chaos à travers la ville. Ce récit est-il une réussite ? We Are Robin mérite-t-il de figurer dans les bonnes bibliothèques ? Faut-il plutôt garder les quelques euros que coûte ce magazine pour se payer une bière ? Vous allez le savoir tout de suite.
Ce petit hors-série est composé de l’arc We Are Joker, ainsi que de la conclusion du titre, soit les épisodes 8 à 12 de la série. Comme son nom l’indique, l’arc qui constitue la quasi-totalité de la pagination met en scène la naissance d’un groupe de vilains, imitateurs du Joker, qui naît suite au pétage de plombs d’un adolescent instable et atteint d’une déformation faciale, John Bender. Admirateur du Clown Prince du crime, ce dernier se lance dans une vague de crimes, créée des émules et devient l’ennemi juré des auto-proclamés Robins. Ce pitch simpliste peut sembler, a priori, plutôt intéressant, mais la narration, très linéaire, manque de punch et tout semble bien trop convenu. L’ensemble manque de surprise et ne vous aidera qu’à combler quelques minutes d’ennui. Ne vous attendez pas à de grandes révélations ou à un véritable renouveau du bat-verse, vous n’aurez qu’une simple copie des Jokerz de la série télévisée Batman Beyond, dans une version bien moins imaginative, et une brochette de « Robins » totalement insipides, menés par un Duke Thomas totalement anti-charismatique.
C’est d’ailleurs ce manque total de charisme et cette absence de caractérisation solide pour les jeunes héros de la série, qui sont fort oubliables, et ne semblent être que des caricatures maladroites, cumulant les stéréotypes ethniques les plus maladroits, ainsi que les idées reçues sur la jeunesse actuelle. L’écriture de Lee Bermejo est franchement maladroite, et sa dimension pseudo-sociale est totalement ratée, ce qui est étonnant quand on lit le travail du bonhomme sur Suiciders. De ce fait, on ne parvient absolument pas à s’attacher aux personnages, et l’on ne suit l’intrigue que par souci de voir si l’on trouve de réelles connexions avec le bat-verse. Au risque de vous révéler un petit élément, sachez qu’il existe un seul lien avec le titre principal, et je trouve d’ailleurs que c’est assez mal amené, et que ça dénature presque le personnage en question. Ne croyez cependant pas que ce comic-book est une purge totale, il s’agit simplement d’un produit moyen, qui se veut calibré pour le lectorat actuel, en mettant l’accent sur la jeunesse, les réseaux sociaux et le pseudo activisme politique, ce qui aurait pu être intéressant, mais reste totalement survolé et traité par dessus la jambe.
Ce n’est pas la partie graphique qui viendra changer la donne, puisque le style de Jorge Corona reste très singulier et ne colle pas vraiment à ce type de récit. Les personnages semblent grotesques, et je vous avoue que je n’adhère franchement pas à ce parti-pris, qui me fait davantae penser à de la caricature de presse qu’à du comic-book super-héroïque… Je reconnais toutefois que l’artiste à un bon coup de crayon, et que le découpage de Rob Haynes donne du rythme au récit, mais ça reste difficile à apprécier si l’on ne parvient pas à s’habituer à cette ambiance visuelle.
Alors qu’elle partait d’une idée originale, la série We Are Robin n’est, à mon humble avis, qu’un coup d’épée dans l’eau. Traitant avec maladresse des thématiques pourtant intéressantes, ce comic-book reste totalement dispensable puisqu’il n’apporte rien au bat-verse et ne fait que mettre en avant une bande de teenagers totalement remplaçables et oubliables. Ceci étant dit, le tarif proposé par Urban Comics, pour lire l’équivalent d’un TPB américain, est franchement intéressant, et si vous êtes curieux, ne vous retenez pas, ça reste plutôt lisible malgré d’évidents défauts.
Si je m’écoutais j’achèterais tous les Hs, même moyens… mais à la place j’écoute ma femme.