« Qui veut être la première fille de pute à implorer Jésus? »
- Scénario : Aaron Jason – Dessin: Guéra R.M. – Couleurs : Lee Loughridge
- VERTIGO CLASSIQUES – Scalped Tome 1 – 22 Juin 2012 – 128 pages – 14 €
Dans une réserve indienne où 80% de la population est au chômage et dans laquelle les habitants otages vivent 15 ans de moins que la moyenne nationale il existe un chef. Président du conseil tribal, shérif de la police tribale, président du comité de gestion de Prairie Rose, trésorier du programme de sécurité routière et PDG du Crazy Horse Casino flambant neuf, Red Crow fait la pluie et le beau temps dans cette réserve indienne du nom de Prairie Rose. 15 ans auparavant, Dashiell Bad Horse fuit cette pauvreté. Aujourd’hui il est de retour. Malheureusement rien n’a changé…
Rongée par la prostitution, l’alcool et la corruption (non ce n’est pas un reportage Enquêtes Exclusives…), Prairie Rose est en proie à un mal sans visage. D’un côté les traditionalistes qui veulent revendiquer leur ethnicité et de l’autre les trafiquants en tout genre qui ne veulent pas que l’on interfère avec leurs business. Dashiell Bad Horse débarque à nouveau dans cette joyeuse communauté après 15 ans d’absence. Cette même communauté qui l’a vue grandir, cette terre sur laquelle il a fait ses premiers pas, ne semblent plus vouloir de lui. Pourtant, lui a une mission, une mission bien plus complexe et compliquée qu’elle ne parait.
Ici pas question de facilités, pas de noir, pas de blanc, pas de rouge. Toute en nuances et dans une violence inouïe, les résidents tentent de vivre comme ils le peuvent. Red Crow, parrain de tous les trafics possibles et imaginables au sein de la réserve doit ouvrir dans quelques jours son casino de 97 millions de dollars. Ne pouvant se permettre d’histoire lors de cette ouverture, il va tout faire pour calmer les ardeurs des traditionalistes et maitriser la prolifération des laboratoires de méthadone.
Il va alors engager le fameux Bad Horse, sociopathe totalement incontrôlable dont l’instinct primaire de survie combinée à son inconscience le rendent complètement imprévisible et mortellement dangereux. Sauf que tout n’est pas ce qu’il parait être au pays des indiens. Dashiell n’est pas réellement qui il prétend être et ne veux qu’une seule chose, s’en aller loin, très loin.
Les dessins de R.M. Guéra, bien que paraissant assez brouillons, sont totalement dans le ton de la série. Puissants, malsains, ils suintent la misère, l’alcool, la violence et le sexe dans une exubérance tantôt froide, tantôt presque chaleureuse. Il est parfois difficile de reconnaitre certains personnages mais dans l’ensemble ce n’est pas particulièrement rédhibitoire.
En plus d’une sympathique préface signé du très talentueux Brian K. Vaughan, la présence en fin de tome d’une très courte « leçon » d’histoire est très appréciable puisqu’elle permet de pouvoir replacer le titre dans une certaine réalité. Scalped est bien une série documenté mais il n’en reste pas moins une fiction qui prend des libertés avec cette réalité.
Ce tome #1 fait très bien son travail d’introduction des personnages, du contexte et plante une ambiance coup de poing. Jason Aaron réalise un récit critique au vitriol d’une société à l’agonie, mourante d’un cancer qui la ronge de l’intérieure. La narration enchaine les coups et fini par vous achevez avec une dernière page qui risque de ne pas laisser indifférent, aussi bien le lecteur, que les personnages impliqués.
Un avis de plus c’est bien aussi!
Crier au génie pour Scalped devient maintenant une routine implacable. Parti sceptique à la découverte de cette série, j’ai vite compris que j’avais entre mes mains un bijoux brut de décoffrage. A hésiter entre western et roman noir je pencherai vers un comics gonflé à la testostérone, aux portraits de gueules cassées durs, crus, profonds et sincères. Scalped est taillé à la serpe, de la plus brutale des manières. Dérangeant mais jouissif, tout est bon, que ce soit au scénario comme au dessin. Ceci n’est que le tome 1 d’une réédition d’Urban de très bonne facture, le meilleur comme le pire pour Bad Horse et ses camarades de jeu reste à venir. Scalped fait parti de ces comics à ne pas manquer. Ce serait un crime.
– Baccano
Très bonne review. un premier tome qui nous montre bien où veut aller Aaron, et quels chemins il compte employer. Noir à souhait^^
ça a l’air plutôt bien, merci pour la review convaincante.
Mais de rien. Avec plaisir :)