Review VF – Sur les traces de… Deadshot

Review Sur les traces de... Deadshot
Sur les traces de... Deadshot
Les points positifs :
  • Parfait point d’entrée moderne pour Deadshot
  • Un récit dur et sans concessions
  • La retcon qu’il fallait pour le personnage
  • Viktor Bogdanovic, retenez ce nom
Les points négatifs :
  • Âmes sensibles s’abstenir, peut-être ?

« Un de ces quatre, je ne vous raterai pas, Waller. » – Deadshot


  • Scénario : Brian Buccellato – Dessins : Viktor Bogdanovic – EncrageRichard Friend – Couleurs Michael Spicer

Au début de l’année 2016, pour anticiper ce qui devrait être le film à succès DC de l’été, l’éditeur américain à deux lettres publie une mini-série Suicide Squad Most Wanted : Deadshot/Katana qui propose, comme son nom l’indique, deux récits sur les membres de l’équipe qui arriveront au cinéma quelques mois plus tard. Si le récit sur Katana ne restera pas dans les mémoires, l’autre sur Deadshot se révèle surprenant de qualité, et permet de réhabiliter un personnage qui aura souffert durant les New 52, surtout avec le Villains Month. Pour l’anecdote, à la PCE 2016, j’avais discuté avec François Hercouët, directeur éditorial d’Urban Comics, de cette mini-série en lui vantant les mérites de la partie sur Deadshot. De là à faire le lien avec cette publication en VF il n’y a qu’un pas que je n’aurai pas l’arrogance de franchir, même si j’aime à croire que mes propos aient pu avoir un semblant d’influence là dessus. Me revoilà donc fin prêt à vous parler de ce nouveau venu dans la collection DC Némésis, qui nous donne à suivre un personnage Ô combien plus plaisant et intéressant à suivre que la dernière version ciné, édulcorée, que nous a proposé Warner Bros.

Cette histoire de Deadshot nous est proposée par Brian Buccellato, auteur reconnu pour une certaine constance sur certains titres (on retient beaucoup son run de The Flash avec Francis Manapul) même si ses dernières frasques, sur Injustice notamment, ont déçu. Ici, le but de cette mini-série est double. En premier lieu, Buccellato se concentre grandement sur la caractérisation de son personnage, qui passe notamment par l’exploitation de son background psychologique, et de son passé. Floyd Lawton, membre important de la Suicide Squad (son rôle de leader sous l’époque Ostrander est rappelé), voit en effet une partie très importante de son histoire personnelle resurgir après une opération de routine. Dans le même temps, Amanda Waller lui demande de faire équipe avec un nouveau venu, une sorte de Deadshot-wannabe qui répond au nom de Will Evans. Les deux ont l’air de partager un passé douloureux, et ont une belle habilité à faire mouche avec des armes à feu, quels que soient les contextes. Je ne rentrerai pas plus dans les détails mais il ne sera pas trop vous en dévoiler que de dire qu’Evans va s’avérer un redoutable adversaire pour Floyd, au détour d’une histoire qui se livre sans concession, avec une brutalité qui pourra d’ailleurs rebuter les lecteurs les plus sensibles.

Floyd Lawton, donc, nous est présenté en long et en large sous son vrai jour, et ce dès l’introduction : « Je n’ai pas peur de la mort ». Ce n’est pas une forme de courage que nous dépeint Buccellato, mais bien le côté suicidaire du personnage, qui tient très peu à sa vie. Ce qui le pousse à prendre tous les risques dans ses missions puisque la mort ne serait qu’un bel échappatoire. L’auteur renoue donc avec les traits psychologiques du personnage, un homme qui se déteste et qui broie du noir en permanence, ce qu’on peut voir au travers de quelques moments intimistes qui transpirent la dépression comme il faut. Mais comment un homme peut-il à ce point se détester ? Brian Buccellato fournit ici la réponse dans la première moitié de son récit en retravaillant les origines New 52 du personnage et WOUAW que ça fait du bien. De une, parce qu’on oublie complètement les origines foirées du Villains Month avec une très belle retcon, qui offre beaucoup plus de logique à la démarche du personnage, et qui a le luxe de servir de point d’ancrage pour la suite du récit. Grosso modo, ce que vous aviez pu lire était donc faux pour Floyd, mais il y a une histoire à raconter malgré tout.

Dans un second temps, Buccellato part dans une autre direction en faisant intervenir un autre point clé du personnage : sa famille proche, et plus exactement sa fille. Mais si on retrouve un père aimant qui fera tout pour protéger sa progéniture, on ne tombe absolument pas dans la mièvrerie et Deadshot reste conscient de ses actes, et veut également tout faire pour que sa fille ne sache rien de lui – à part qu’il l’aime. Une double protection, contre les autres mais contre lui-même ; alors on pourrait arguer qu’utiliser ensuite ladite fille tel que c’est fait dans le scénario dénote d’une certaine facilité, mais Buccellato ne prétend pas tout ré-inventer. Il propose par ailleurs un adversaire largement à la taille de Deadshot – puisqu’il va jusqu’à lui usurper un bref moment son identité, et l’auteur en profite alors pour rappeler ses liens avec le reste de la Suicide Squad (qui est bien présente, et a son importance). A ce titre on appréciera grandement la caractérisation d’Harley Quinn, et notamment sa relation avec le personnage principal, qui dénote plus d’une grande complicité que de la passion torride qu’on a pu voir, et qui n’apportait pas énormément aux personnages – en tout cas, pas dans la façon dont c’était montré. Enfin, le récit étant une mini-série avec un début et une fin, cette histoire se lira parfaitement en tant que one-shot et permet d’appréhender le personnage dans sa version moderne avec une efficacité indéniable.

Et parce que, à mon sens, cet album ne possède que des atouts, il faut également mentionner la partie graphique assurée par le jeune artiste Viktor Bogdanovic. Je l’ai connu sur ses premiers travaux sur Batman : Arkham Knight sur lesquels il m’a semblé que le format numérique (ou son inexpérience) l’empêchait de faire valoir sa patte. On change du tout au tout ici et vous tenez alors dans vos mains la première pierre de l’édifice d’un artiste qui, à mon avis, ne va cesser de grimper dans l’industrie des comicbooks. Le trait de Bogdanovic est fin, précis, offre du détail dans les scènes d’action autant que dans les moments plus calmes, et ne rate pas grand chose, à part quelques visages un peu en dessous. Son découpage profite largement à l’histoire et Bogdanovic n’hésite pas non plus dans l’action et la violence, avec des passages extrêmement graphiques (sans verser dans le gore non plus) qui donnent ce ton adulte, sérieux, et très noir à l’ensemble. Deadshot a beau être le héros de cette histoire, il n’en reste pas un tueur implacable et Buccellato ne l’oublie pas. Il nous ramène le personnage à son essence même, par son histoire, ses principes et sa façon de faire, et Bogdanovic est au pied levé pour illustrer le tout dans un style qui, j’en suis sûr, convaincra tout le monde. Et je vous ai dit que ça ressemblait à du Greg Capullo récent ?

La vague de comics Suicide Squad emmenée par DC Comics avec la venue de son film n’aura pas apporté que de bonnes choses, mais cette mini-série sur Deadshot est très certainement l’une des réussites de cette année. On efface certaines bêtises des New 52 pour un récit qui offre une très belle revisite des origines du personnage. Une histoire au ton dur et noir que je ne peux que vous conseiller de découvrir (puis, c’est petit prix) surtout après le héros édulcoré qu’on nous a proposé au cinéma. Et puis vous avez là également les premiers travaux d’un très grand artiste en devenir, alors soyez là pour le soutenir dès maintenant ! Un petit indispensable de fin d’année chez DC, merci Urban d’être sur le coup !

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stingrayfell
stingrayfell
7 années il y a

merci pour la review, il a l’air très bien ce récit, je prends !

Brutal Destr0y333r
Brutal Destr0y333r
7 années il y a

J’adore ce qu’a fait Ostrander avec les origines du perso et ça semble dans la même lignée. Je le rajoute sur ma longue liste.

TheHolyBat
7 années il y a

ça m a fait marrer le dessinateur qui pompe totalement le style de Greg Capullo ! ^^

Resendes
Resendes
7 années il y a

Merci pour la Review ^^
Ce comics est arrivé par surprise et j’aurais pas parié sur une lecture de qualité, comme quoi ! Je le prendrais donc ^^

Strax
Strax
7 années il y a

SPOILER

Buccellato joue également très bien avec certaines conditions actuelles du comic de super-héros, en laissant penser que le perso de Will (Smith) Evans, à l’instar d’un certain Nick Fury Jr. par exemple, est destiné à remplacer Lawton ! J’aime énormément ce procédé narratif qui consiste, l’air de rien, à détourner l’attention du lecteur avec les habitudes du genre pour mieux surprendre ! Quand c’est bien fait, ça rajoute plus d’intérêt et de plaisir à la lecture ! Un autre bon point ! ^^

Sasahara
Sasahara
7 années il y a

une excellente lecture cet album qui nous venge du Deadshot cool et sympa, donc hors-sujet, du film !

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