L’Humeur du Lundi #15 – Le fabuleux Noël du petit Dan Didio

Vacances, Noël. Rediffusions, sapins, cadeaux, et ces bonnets ridicules avec les étoiles rouges qui font de la lumière. En comics, numéros spéciaux éventuels (ce serait dommage), et ici bas, une bannière spéciale et les petits flocons en pixels blanc – avouez, ça en jette. C’est ça, la magie de Noël. L’instant de l’année où on a le droit de hausser les épaules sur tout ce qui n’a pas tourné rond, pour s’asseoir avec ses proches autour d’un foyer chaleureux, sur fond de compile de Sinatra et le crépitement des bûches dans la cheminée. Le moment de break sur l’ailleurs, où on n’est même pas gonflé de revoir Maman J’ai Raté l’Avion et Nightmare Before Christmas. Hey, même les pubs Coca avec les ours et le gros camion rouge ont ce goût nostalgique pendant les vacances. C’est pas extraordinaire ça ?

Alors, plutôt que de casser la naïveté ambiante, soyons comme l’a été notre Saint Kikoola local récemment, d’un enthousiasme béat. Cette année, DC Planet aura été témoin de quelques événements marquants, à petite ou grande échelle, sur la colline des BD et du cinéma consacrée aux héros fictifs de notre quotidien. Acharnés comme des gosses qui découvrent une paire de figurines articulées sous le sapin le soir ou le matin du réveillon, le lectorat local comme externe se sera lui aussi empressé de se ruer en salles, dans les kiosques ou sur l’écran de TV pour découvrir si petit Geoff et petit Kevin figureraient sur la liste des enfants sages ou bien des vils garnements. Batailles de boules de neiges argumentaires (remarquez la lourdeur de ce champ lexical), détestation collective, « hater », « fanboy »,  »et de toutes façons Marvel c’est pour les teubés », mais en définitive, que serait Noël sans le pardon ?

C’est à ça que se résumera ce papier : pendant que les vacances et les embouteillages commencent, que la fortune Française est la seule à pouvoir se payer des vacances au pied des pistes de neige artificielle, j’aimerais profiter de votre bonhomie du moment pour vous faire le récit d’un vieux conte de Noël. Une de ces histoires qui peuplent les bouquins pour enfants, et qui commence comme aujourd’hui, quelques jours avant les fêtes.


Dan et Axel sont deux enfants d’un quartier en périphérie de Los Angeles. Né d’une famille conservatrice, Dan est un petit gaillard robuste, il a grandi avec les rediffusions d’Adam West et ne jure que par George Reeves, le premier Superman télévisuel. Chaque jour à l’école il est fier d’arborer sous son uniforme d’écolier un t-shirt à l’emblème des Gardiens d’Oa, et promet régulièrement à ses parents (un certain Arthur T. & T et madame Didio) un reboot de ses notes en math en échange de la figurine Lynda Carter : Wonder Woman dont il rêve depuis peu, pour des raisons de puberté. La famille de Dan est une des plus anciennes de la ville, et quoi qu’elle fut autrefois assez fortunée, le temps a dégradé leur situation – au bureau, on reproche régulièrement au père d’être trop pessimiste, et depuis peu lui même avoue n’avoir cure de ces facéties qui ne font plus rire que les enfants.

Dans la maison d’en face, le petit Axel est un garçon timide qui dessine en cours et espère devenir artiste. Il ne vibre qu’au récit de son oncle Stan, qui passe régulièrement voir sa famille le régaler d’histoires de bandits et d’extra-terrestres, de récits fantastiques où des héros nés d’expériences comprennent que grands pouvoirs égalent grandes responsabilités. Derrière le regard malicieux de son tonton (et de taties Jessica, tatie Meredith, tatie Kimberley et tatie Chastity, qu’il a généralement à son bras et qui ont l’air super jeunes en fait), Axel s’imagine lui aussi de ces histoires où se mêlent héroïsme, humour et partage. Axel a de la chance : quoi que son père vienne d’en bas, la famille a prospéré dans le quartier. On apprécie l’humour du papa à la machine à café, son aspect léger et gentil, inventif et le succès que celui-ci rencontre auprès de ses collègues n’est pas sans énerver Arthur T. & T, qui lui jalouse une réussite insolente de parvenu tout public. Tous deux travaillent en effet à la même fabrique de jouets en bois, Holy Wood, plaisir des petits comme des grands.

A l’école, Dan et Axel sont ennemis, avec chacun une petite bande de copains toujours prêts à se chamailler. Excédées de les retrouver chaque après-midi dans le bureau du proviseur, maman Didio et maman Alonso ne cessent de leur répéter que la haine ne mène nulle part et que c’est sur leur passion commune que les deux petits devraient miser pour s’entendre. « Lol, maman, t’as pas d’argument, c’est limite du bashing » leur répondent à l’unisson les enfants, avant de voir leur insolence punie d’une gifle et envoyés au lit sans goûter à cette excellente tarte aux pommes (ça se passe comme ça dans la réalité).

Alors, assises autour d’un délicieux cappuccino – ces italiens ! – les deux femmes décident de mettre fin à une année entière de disputes répétées entre leurs deux bambins en se donnant d’accord pour fêter, cette année, les fêtes de Noël ensemble contre l’avis de leur mari. « Silence, femelle ! », répond à cette proposition Arthur T. & T quand son épouse lui soumet l’idée. « Hors de question que je me ridiculise avec ce Walter, qui fume et aime les dessins animés pour débiles mentaux avec des chansons grotesques qui rentrent dans la tête et n’en sortent pas », ajoute-t-il à l’adresse du père d’Axel, qui aura dans la maison voisine la même réaction. Mme Didio et Mme Alonso se mettent alors au travail pour convaincre leur mari (à base de repas servi à l’heure et de trucs de fin de soirée, enfin c’est un conte de Noël je vais pas vous embêter avec ces détails techniques), et les deux familles se retrouvent finalement au pied du sapin le soir du 24 décembre.

Ambiance pesante et tendue, tandis que petit Axel et petit Dan s’écharpent sur un sujet quelconque (« les director’s cut », j’avoue que je ne sais pas à quoi ça fait référence), et les deux papas assis chacun dans un coin de pièce se dévisageant d’un air grave en pensant au trophée de l’employé du mois que chacun ambitionne gravement. Au douzième coup de minuit, un coup de vent balaye les braises de la cheminée, et la pièce se retrouve plongé dans une pénombre totale ! Un instant de peur parcoure parents et enfants, jusqu’à ce que chacun trouve une bougie à rallumer et que le salon s’éclaire à nouveaux. Ho ! Tous admirent en dessous de l’arbre de cérémonie une série de paquets joliment emballés, avec une carte et un nom pour chacun des occupants.

N’hésitant pas une seconde, petit Dan et petit Axel se précipitent sur les boîtes à leurs noms. L’un y trouve la figurine de Diana dont il rêvait, avec en plus un exemplaire dédicacé de la première apparition de Batman par Bill Finger (« et ? », c’est tout). L’autre, perclus d’allégresse, découvre au fond de sa boîte un numéro collector du Captain America de Simon & Kirby, avec en plus une action figure de la Chose des 4 Fantastiques, qui fait du bruit quand on lui frotte le dos. De leur côté, Arthur T. & T et Walt trouvent au pied du sapin le même trophée du meilleur employé, et échangent un regard mêlé de complicité et de gène, réalisant soudain la vanité de cette guerre qui les avait jusqu’alors opposés. Et pour les mamans, bon, c’était un service à vaisselle et un aspirateur, mais c’pas grave, gâchez pas la magie.

Assis près de la cheminée, petit Axel et petit Dan s’échangent leurs cadeaux. « Oh ! Captain America ! » s’émerveille le petit Dan devant ce héros qu’il avait toujours cherché à éviter. « Excellent, Batman tue un mec dans ce numéro » s’enthousiasme de son côté Axel en dévorant le Detective Comics #27 de légende qu’il tient dans ses mains. Faisant s’affronter leur Diana et leur Thing, les petits oublient les querelles, les disputes, les divergences d’opinions, les accusations de trolling, les menaces de ban et les retweets assassins, seulement réunis par la joie de partager, sous le regard aimant de leurs parents. Brandys et cigares en main, les deux pères soudain copains comme cochons rient à gorge déployée en discutant du salaire ridicule de Monsieur Valiant, un de leurs collègues qui vit au coin de la rue. « Haha, et ce taré de Zenescope alors, on en parle ? » balance Walt, manquant de faire s’étouffer Arthur T. & T qui hurle de rire et échange une tape fraternelle dans le dos de son nouvel ami.

Plus haut sur la ville, la neige tombe et un type payé par Coca Cola glisse des comics Image dans la cheminée du reste de la ville. Un rire chaleureux illumine la nuit, quelques clochettes tintent et résonnent, et au matin tout le monde ne se souviendra que d’une belle soirée entre familles et amis. Fin.

Sur ce, bonnes fêtes à tous et passez un Joyeux Noël !

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Blue
7 années il y a

L’étrange noël de Mister Cynical ^^ Très sympa !

DC Universe FRA

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