Gail Simone sait écrire des personnages intéressants, et cet épisode de Clean Room, au rythme plus tempéré que les numéros précédents, lui permet de travailler un peu la caractérisation d’Astrid Mueller, qui constitue probablement le coeur du numéro. On apprécie le travail de la scénariste, qui parvient à nous tenir en haleine en distillant quelques informations sur l’invasion monstrueuse qui menace le monde. On se plaît à apprécier les quelques moments de calme qui nous sont proposés, ce qui nous permet de découvrir un peu plus qui sont véritablement les agents que l’on suit. Gail Simone en profite aussi pour introduire de petites touches d’humour au milieu de l’ambiance anxiogène qui plane sur la série. Evidemment, ces instants de “paix” relative sont vites interrompus par la brutalité du monde de Clean Room, qui ne fait clairement pas dans la dentelle. On tient un titre de science fiction plutôt solide, qui, certes, repose sur de grosses ficelles narratives et un design pas forcément inspiré, mais fait le job.

A part peut-être pour les fans les plus hardcores du film des années ’80 dont ce comicbook est la suite, il n’y a hélas pas grand chose à se mettre sous la dent par ici (sans jeu de mots). Les vampires sont de retour et ont fait une première victime, et nos deux jeunes héros vont partir à leur recherche. Dans le déroulement des évènements, Tim Seeley s’en sort assez bien et on a l’impression d’avoir une histoire bien cadrée, avec les différents éléments qui tombent quand il faut. Mais dans le contenu, difficile de se passionner réellement pour cette histoire ; sans le côté The Lost Boys et un léger fan service, cette histoire de vampires n’a pas grand chose d’original. Aux dessins, le trait de Scott Godlewski est toujours soigné et si le découpage se révèle classique, on regrettera un manque de prise de risque, qui était plus important dans The Dark & Bloody. Une mini-série anecdotique pour le moment.

Dernier numéro pour cette maxi-série qui aura su tenir en haleine les fans de séries télé rétro. C’est l’heure de l’affrontement final, alors que nos deux duos de héros sont confrontés à leurs ennemis, entourés d’une petite équipe de Cybernauts, tous prêts à leur donner du fil à retordre. Les dialogues sont, comme toujours, franchement bien écrits et témoignent d’une connaissance précise de la caractérisation des différents héros dans leurs shows respectifs. Ian Edington signe un final bien réussi, qui reste dans le ton des deux émissions d’origine, apportant une petite pointe de tragédie à la comédie ambiante. Ce dernier numéro parvient à créer un peu la surprise, sans faire perdre de charme au titre. On apprécie aussi de voir une dernière fois le style particulier de Matthew Dow Smith au dessin, tant on aura su le découvrir et l’apprécier au fil de nos lectures. Batman ‘66 meets Steed and Mrs Peel tire donc sa révérence d’une bien belle manière, et je ne saurais que vous conseiller de vous procurer ces aventures en TPB dans quelques semaines si vous n’avez pas suivi la sortie Digital First.

Suite de la série Injustice Ground Zero qui est censée nous montrer l’histoire du jeu du point de vue d’Harley Quinn. On se retrouve cependant avec un pan du récit que l’on n’avait absolument pas aperçu dans le produit vidéo-ludique, puisqu’Harley est accompagnée par un Joker provenant d’une autre terre, alors qu’elle affronte le nouveau Nightwing. Ce n’est pas foncièrement désagréable à lire, et l’on comprend assez bien où l’auteur veut en venir, mais l’on sent qu’il est contraint par le cadre imposé par le label “Injustice”, et l’on sait que peu de choses peuvent arriver, ce qui vient casser le charme du comic-book, le rendant beaucoup trop prévisible (ce qui est dommage quand on sait qu’il a pour personnage principal Harley Quinn). De même, on sent que le concept de tout nous montrer à travers les yeux de l’anti-héroïne tend à toucher ses limites, puisque l’on commence à avoir des scènes où elle n’est pas présente… On sent ainsi que l’on a entre les mains un produit tout à fait dispensable, qui ne sert qu’à meubler jusqu’à la sortie du prochain jeu….

Le Scooby Gang se retrouve dans une situation bien délicate cette semaine. Perchés sur le toit du magasin où ils avaient affrontés des monstres, ils se retrouvent maintenant encerclés par une horde de ces derniers. Comment vont-ils s’en tirer ? En sortiront-ils indemnes ? C’est ce que vous découvrirez à la lecture de cet épisode, toujours aussi intéressant que les précédents, tant le duo DeMatteis/Giffen maîtrise ses personnages et cette ambiance si particulière, qui mélange le ton du dessin animé original aux films de zombies façon Romero. On se plaît à suivre notre équipe de survivants, qui peine à se débrouiller en territoire hostile, et l’on apprécie de voir comment l’apocalypse influence leur caractérisation. On tient ici un comic-book qui prouve à lui seul que l’initiative de remanier les classiques des studios Hanna-Barbera est une idée pleine de potentiel. En ce qui concerne les dessins, c’est franchement solide et les couleurs vives donnent une véritable identité graphique à ce titre, qui est à mettre entre toutes les mains (sauf peut-être celles d’un public très jeune, puisque certaines scènes sont plutôt “graphiques »).

Dan Jurgens nous lance dans le nouvel arc appelé Men Of Steel. L’arrivé de ce Godslayer va perturber bien des choses. Tout d’abord, le scénariste mise son intrigue sur les intentions de Lex Luthor et le gain qu’il pourrait tirer à devenir Superman. Si on prend conscience que voir Lex porter le symbole de Superman est devenu une habitude, il est vrai que le personnage est de nature manipulatrice et que ce changement, aussi valable soit-il, ne sera certainement que temporaire. Puis, Jurgens nous vend une information secrète que détient le Godslayer, et ne lâchera rien avant le cliffhanger. On se retrouve avec un numéro moitié intéressant pour le personnage de Lex, tout comme pour Lois Lane qui appréhende encore cette réalité, mais d’un autre côté ce sentiment de n’avoir là qu’un fill-in comme si les éléments intéressants n’étaient mis de côté que pour les prochains numéros. Le tout n’est pas mauvais, et reste une lecture plutôt agréable, avec des références à l’univers pré-Flashpoint, la caractérisation de Lois et Lex. De même, le travail de Tyler Kirkham est appréciable. Loin d’être une mauvaise lecture, et tout en sachant comment appréhender ce gros titre de l’éditeur, ce numéro nous laisse tout de même sur notre faim.

Batman n’en a pas fini de douiller dans All-Star Batman. Aux prises avec Two-Face, les complots sont de plus en plus grands, les plans cachés de plus en plus surprenants et Snyder semble en avoir encore pleins les poches. Associer ce road trip à des souvenirs d’enfance, jouer avec le passé de Bruce est assez simple, voir inefficace, du moins actuellement, en terme d’effet. En espérant un rebondissement quant à ce flashback, surtout lorsqu’on voit ce dont est capable Snyder sur le titre. Aussi obsédé par les liens que Marston, Snyder semble adorer ligoter ses personnages depuis le premier numéro. Une facilité scénaristique qui réussit jusqu’ici, et expliqué par les violences extrêmes subies par Batman, le scénariste n’a de cesse de plonger ses personnages dans le comas. John Romita est tout bonnement impressionnant, plus talentueux que jamais : il y a cinq ans, personne n’aurait imaginé cela de lui. De son côté, Duke Thomas tente désespérément de trouver sa place dans la Bat-Family, le nouveau Roy Harper fait son putsch à travers les séries du Bat-verse ce mois-ci. Si on gardait un mauvais souvenir de Snyder, ce titre n’a de cesse de nous impressionner, en serrant les fesses pour une conclusion mieux réalisée qu’à son habitude. En somme, un numéro dans la même lignée que ses prédécesseurs, violent, s’approchant presque du genre de la survie de la chauve souris.

Ce quatrième numéro de Batgirl and the Birds of Prey se focalise sur Huntress, racontant ses origines et son enfance en même temps que l’héroïne tente de continuer sa quête sans ses deux compères. S’il est intéressant de creuser le personnage, sachant que c’est la seule qui n’a pas eu droit à un titre solo depuis les New 52, cela empêche l’histoire de véritablement avancer. Seules les dernières pages concernent la traque d’Oracle, et nous offre une information supplémentaire sur cet antagoniste. Le titre reste sympathique à lire, quoiqu’avec une écriture des dialogues trop simple (malgré la référence discrète à Star Wars qui me va droit au cœur), notamment pendant le combat contre certains robots à l’effigie de vilains du Batverse. Au niveau artistique, Roge Antonio est désormais seul à bord, donc nous sommes débarrassés des visages étranges et des physiques de catcheuses de Claire Roe. Le numéro gagne donc en qualité à ce niveau là et continue tranquillement le déroulement des aventures de nos trois héroïnes, ce qui en fait une lecture agréable si vous portez de l’intérêt dans les Birds of Prey, mais qui n’intéressera pas les autres.

Avec ce sixième numéro on nous sert une sorte d’entre-deux qui pourrait être à la fois une sorte de conclusion à l’arc – mais pas vraiment. C’est en particulier un numéro assez dense dans lequel Christopher Priest fait étal de son savoir faire de scénariste. Un très grand nombre d’évènements et de dialogues renvoient à tout un tas d’éléments distillés depuis le one-shot Deathstroke : Rebirth et on voit qu’on se retrouve dans le chapitre d’une histoire bien plus vaste – et complexe – que ce qu’on pouvait imaginer auparavant. L’utilisation des cases noires pour séparer les séquences donne toujours son esprit au récit, qui se concentre ici sur Rose Wilson et son demi-frère Joseph, avec des ramifications inattendues au fil de l’histoire. C’est franchement intelligent et bien construit, même si toutes ces références aux précédents numéros pourront un peu perdre si on a pas tout encore en tête. Mais on est très au-dessus de ce qu’on a pu nous proposer sur le personnage depuis les New 52. Graphiquement le travail est aussi de bonne qualité, Carlo Pagulyan a un style appliqué et plutôt plaisant aux yeux, qui accompagne sans soucis la narration de Priest. Vraiment chouette de voir le titre s’améliorer à chaque numéro.

L’équipe autour de Batman s’agrandit avec le retour de Luke Fox (Batwing), qui ne sera pas de trop pour aider à affronter le Victim Syndicate. James Tynion IV continue ce deuxième arc avec un très bon numéro sur tous les points. Les membres de l’équipe de super-vilains sont charismatiques (notamment son leader, effrayant) ; leurs motivations permettent à l’auteur de faire passer une vraie réflexion sur la place du super-héros et des conséquences de ses actions, et on profite d’un affrontement qui est varié dans son déroulement, dans lequel on ne se contente pas que de se battre. Un très bon moment de tension qui est de plus magnifiquement illustré par Eddy Barrows, au poil sur le titre, qui mélange les crayonnés encrés avec des éléments faits (je crois) à la peinture et l’ensemble est visuellement détonnant. Detective Comics est un récit d’équipe qui fonctionne aussi par ses membres, et Luke Fox est un très bon ajout comme remplaçant de Tim Drake, alors que Batwoman est toujours aussi charismatique (ha, et ce petit team-up avec Montoya…). Cessez donc de lire cette review et allez plutôt lire Detective Comics #944, vous ne le regretterez pas !

Cette fois on y est, dans le vif du sujet. Avec ce troisième numéro, Gerard Way apporte des réponses à un script assez fou jusqu’à maintenant. Seulement voilà, Doom Patrol n’est pas un comics comme les autres et le prouve une fois encore. Ainsi là où Way faisait quelques petites références au run d’un certain chauve écossais précédemment, il cite, cette fois, directement le travail de Morrison toutes les deux pages pour proposer une continuation de cette histoire. Malgré tout, ce Doom Patrol #3 n’apparaît jamais comme un travail uniquement référentiel. L’auteur fait le pont avec ce qui s’est fait avant tout en continuant de développer ses propres concepts. Les nouveaux personnages n’ont donc rien à envier aux anciens et ce chapitre n’est jamais avare en idées et propositions. Entre le passage du comics dans le comics ou encore le personnage principal, création de Gerard Way mais aussi création d’une entité de ce comics, il y a bien un aspect méta et surréaliste qui se dégage de cette oeuvre. Le tout, toujours au service de l’univers en place et sans que jamais, le scénariste ne donne l’impression de faire ça gratuitement. Bien sûr, le travail de Nick Derington joue beaucoup dans la réussite que représente ce numéro. Encore plus inspiré que lors des chapitres précédents, l’artiste livre des pages pleines de fraîcheur, de folie et, là aussi, d’idées en tout genre. Entre les références visuelles et les petits changements de style qu’opère Derington pour servir le script de son compère, l’ensemble demeure une petite merveille graphique. Malgré les nombreux clins d’oeil au passé, cette Doom Patrol version Young Animal s’affirme donc pour l’instant comme un digne successeur plutôt que comme une pâle copie du run de Morrison, et c’est tant mieux.

Si on peut toujours se demander ce qui pousse DC Comics à continuer de publier ce titre, dernier vestige de l’ère DC You, force est de constater que Dan Abnett a enfin su se redresser et propose en ce moment une histoire plutôt excitante, en tout cas bien plus que ce qui nous a été proposé jusqu’à présent. Après les crises sans interruption et le sentiment de destruction imminente, Abnett prend le contre pied avec une totale reconstruction de l’univers. Et si les personnages restent peu ou prou les mêmes, des différences sont notables et les dernières pages viennent approfondir le mystère de cet arc narratif. Car on se doute bien qu’une puissance se cache derrière le tout, mais qu’elle est-elle ? Avec un passage qui fera plaisir aux fans d’Infinite Crisis, Abnett réussit à intriguer suffisamment le lecteur pour savoir ce qu’il en est, d’autant plus qu’il propose une sorte de retour aux sources pour le titre – et ce qu’il a été il fut un temps dans son concept. Bruno Redondo livre des planches tout à fait maîtrisées et c’est donc avec une certaine confiance qu’on ira lire Earth 2 : Society le mois prochain.