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« Okay. That sounds like a plan. Can We Go Now ? » – Flash
- Scénario : Christopher Moeller – Dessins : Christopher Moeller – Couleurs : Christopher Moeller
- DC Comics – Justice League : A League of One – 21 Octobre 2015 – 223 pages – 16.99 $ – TP – Collectionne: JLA : A League of One ; JLA Classified : Cold Steel #1-2
Parmi les nombreuses rééditions de DC, entre les albums dédiés au Silver Age et aux anciennes séries régulières sous forme d’énormes pavés, l’éditeur s’intéresse aux histoires annexes de séries bien plus secondaires. On pourrait même dire que cet album rend hommage à son unique artiste en regroupant l’intégralité de ses travaux chez DC Comics.
Un artiste qui devrait être connu des passionnés de jeux de rôle, puisqu’il s’agit du créateur de Iron Empires. Christopher Moeller est un peintre ne travaillant que pour réaliser des graphic novels. Son œuvre étant particulièrement mince, personne ne pourra m’en vouloir de ne pas connaître l’artiste. C’est donc une très bonne initiative de remettre en avant (s’il est possible de parler de « mettre en avant » pour une réédition) ces récits de la Justice League, à une époque où elle s’appelait JLA et portait encore son logo symbolique. Vous l’aurez compris, cet album se divise en deux histoires distinctes : A League of One et Cold Steel.
Commençons par le commencement avec League of One. Dans ce récit nous suivons Wonder Woman, travaillant au sein de la ligue, elle est brusquement appelée et doit faire face à une prophétie annonçant une menace terrible capable d’amener la mort de Diana, mais aussi celle de ses amis. Elle se sent donc forcée d’agir pour les sauver et mener à bien sa destiné, afin de réaliser la volonté des dieux. Le premier fait marquant est la présence d’un humour discret. J’ai eu l’impression de redécouvrir les héros que je n’ai pourtant jamais quittés, par la présence de remarques, de blagues faites par Wonder Woman à Superman. L’introduction de cette histoire étant le quotidien de l’équipe, les héros sont plus des collègues marquant une pause dans leur journée, plutôt que des dieux modernes. L’humour est présent, mais de manière réaliste. Dans le sens où, contrairement à certains films d’une certaine franchise, l’humour marche dans un contexte. Une fois l’aventure lancée, il n’est présent qu’à travers le caractère de certains personnages. On pensera notamment à Flash qui n’est pourtant pas un personnage qu’on verra souvent.
C’est sur un décor relevant de la fantasy que s’exécutera le plan de Wonder Woman. Rien de très réfléchi, mais une application finement réalisée des émotions, dévoilant la sensibilité de l’amazone à la carapace de guerrière où les sentiments se font assez rares si nous faisons abstraction. L’auteur fait ressortir les liens entre les personnages, portés par la simple force de Wonder Woman. On retrouve un condensé de ce qui manque aujourd’hui au titre Justice League, comme à l’univers DC actuel. La simplicité des dialogues et la recherche perpétuelle de l’événement nous prive de l’aventure extraordinaire et d’un travail sur l’humanité et la vraisemblance dans la vie de nos héros. Les scènes d’actions sont simplement spectaculaires, tout en restant sur un degré d’anti-fan-service. Les héros s’opposent, mais l’auteur prend bien garde à maintenir le sens, et à maintenir le déséquilibre des forces physiques des membres de l’équipe.
Ensuite, Cold Steel, une seconde histoire bien différente, où la ligue se retrouve prise entre deux races extraterrestres en pleine guerre. La ligue va donc analyser la situation et tenter de réinstaurer une paix, avec une moindre violence et des méthodes plus ou moins discutables. On se trouve dans un récit bien moins intéressant, et qui fait plutôt pâle figure à côté du traitement réalisé sur le personnage de Wonder Woman. Simple fan-service de robots géants face à des aliens ? Certainement pas. On peut voir ce récit de cette manière, mais en aucun cas le limiter à ce statut. Il s’agirait plutôt d’un autre exercice lors duquel Christopher Moeller a tenté de développer les autres personnages de l’équipe, allant jusqu’à amener sa création d’une Green Lantern. Une histoire bien anecdotique en comparaison, mais qui fonctionne à merveille en tant qu’histoire secondaire si on oriente ses attentes à une aventure de la ligue plutôt qu’à l’attente d’un récit légendaire. L’un comme l’autre, chacun de ces récits fonctionne comme la notion d’une aventure extraordinaire. La première dans un univers fantastique, le second orienté vers le genre de la science-fiction.
Et le meilleur pour la fin, ces peintures, puisqu’on ne peut parler de dessins. Dans son ensemble, c’est impressionnant. On parle souvent de Alex Ross pour son style et ses représentations emblématiques, mais Christopher Moeller n’a rien à lui envier si ce n’est une œuvre plus conséquente. Je pense que les illustrations parlent d’elles même. Qu’il s’agisse des couleurs aux teintes de pastel lors des cases plus petites, ou de la précision des couleurs lors d’une page complète, la réalisation nous donne un tableau époustouflant à chaque page tournée. Plus précisément, j’ai parlé de l’influence de Moeller et de son penchant pour les univers relevant de la Fantasy, ou même de la science-fiction, et cette passion se ressent dans son bestiaire. Dans League of One, le dragon dont il est question comme des gnomes, les visages grotesques et les formes rondes sont exagérées, alors que les membres sont terriblement minces. Une opposition entre les formes rondes et squelettiques qui se ressent également dans le second récit. Où on retrouve quelques ressemblances entre le design de Drakul Karfang et l’espèce ennemie de Cold Steel, ainsi que les gnomes et la race alien protégée par la ligue.
Au final on pourrait presque parler de must-have, ne serait-ce que pour un message plus pertinent et plus profond sur l’écriture déjà très humaine du personnage de Wonder Woman, et de cet esprit d’équipe se faisant si rare aujourd’hui. Bien plus qu’un sentiment de nostalgie émerge de ce recueil, il ya un réel bonheur à lire des aventures hors du commun dépassant le simple schéma actuel se résumant à une menace dont l’équipe n’a d’autre but que celui de la contrer sans aucune originalité dans la démarche. On se trouve en face des deux histoires avec une identité graphique des plus remarquables et travaillée, avec une maitrise de l’histoire, de son sujet et faisant une totale abstraction à l’idée de continuité, puisque aucune conséquence n’est à noter si ce n’est une très bonne lecture.
Le terme de must-have n’est vraiment pas galvaudé pour ce premier récit. Esthétiquement parlant c’est magnifique, l’amour de Wondy pour ses camarades est admirable et la représentation de Themyscira est vraiment dingue, probablement ma représentation favorite alliant magie et technologie. Par contre, t’as bien fait de le souligner, c’est vraiment mieux qu’un film du MCU quoi !
« A ligue of one » est trouvable en VF et en grand format (chez Soleil) il serait bon de le rapeller pour ceux qui voudraient le découvrir !
En effet, mais pas si facile à trouver aujourd’hui si ce n’est à un certain prix proche du neuf pour un Graphic Novel, sous le titre « Seul contre Tous ». Je préfère conseiller tout de même cette édition VO qui a le mérite de proposer l’intégralité des récits de Moeller pour un prix correct. Mais qu’il s’agisse de telle ou telle édition, il n’est reste que League of One est un des meilleurs récits que j’ai pu lire de Wonder Woman malgré une écriture à première vue simple, mais profonde dans le traitement du personnage. Un exemple de lecture où on ne rapproche pas Wonder Woman de tel mouvement féministe ou autre, mais où on laisse place à l’humanité dont peut faire preuve le personnage, ce qui est pour moi sa valeur première.