Joshua Williamson persiste et nous montre avec son second numéro qu’on se tient sur le bord d’une mini-série très sympathique. En pause à Los Angeles pour retrouver un véhicule, Keaton et son équipe se heurtent à la population locale et le lecteur a droit à une révélation de taille assez importante. Williamson nuance un peu plus son personnage principal qui, malgré sa dureté et sa capacité à être très cruelle, commence également à montrer quelques remords. La mythologie de Frostbite se retrouve un peu plus développée et ce monde post-apo’ enneigé est véritablement séduisant, et le road-trip qui va enfin commencer s’annonce dépaysant. Une grande partie du charme de ce titre vient aussi de son identité visuelle, et je suis sous le charme des planches de Jason Shawn Alexander qui réussit à donner vie à son monde avec brio, toujours aussi bien aidé par son coloriste. Frostbite est assurément l’un des titres à suivre en ce moment chez Vertigo.

Pénultième épisode pour cette maxi-série digital first qu’est Batman ‘66 meets Steed and Mrs Peel. Comme convenu pour un épisode qui prépare le final, rien de particulièrement important ne se passe ici, mais Ian Edington en profite pour bien placer ses pions avant l’ultime affrontement entre nos héros et leurs ennemis jurés. L’écriture est toujours plaisante et les dialogues sont finement ciselés. On retrouve les personnages que l’on aime et l’on s’amuse toujours autant à suivre leurs échanges, toujours parsemés de répliques cocasses. On regrettera cependant un rythme moins soutenu qu’à l’accoutumée, mais c’est pour la bonne cause puisque j’imagine que le dernier épisode comblera nos attentes à ce niveau. En ce qui concerne les graphismes, c’est toujours aussi joli et l’on se dit que l’on regrettera bien vite ce style si particulier, qui a su montrer son charme au cours des quelques mois de parution du titre.

Voilà bientôt trois numéros que la confrontation entre les agents de F.E.A.R et l’équipe des Quest a lieu, et si elle a amené son lot de rebondissements, nous avons ce mois-ci plutôt affaire avec des successions d’événements mineurs dans le seul but de justifier une action. Sauf que ça ne fonctionne pas. Les actions simultanées sont trop nombreuses, les incohérences les accompagnent. Même si on reste dans un univers Pulp, le problème relève du découpage scénaristique. Comme toujours, la moitié du numéro est réservé à l’histoire principale l’autre à un back-up. Et autant les précédents étaient intéressant, autant cette suite au back up précédent ne présente rien d’autre qu’une petite histoire amusante, mais dont l’intérêt reste inexistant. L’idée même d’intégrer ces nouveaux personnages à l’équipe (déjà bien grande) des Quest serait étrange. Jeff Parker a déjà des difficultés à faire tenir son équipe actuelle, il serait bien plus agréable en tant que lecteur de pouvoir lire une vingtaine de pages consacrées à une équipe, plutôt que ce genre d’histoire plus que secondaire. De leurs côtés les artistes restent toujours agréables à voir, que ce soit le travail de Doc Shaner comme de Craig Rousseau. Même si ce premier reste en dessous du niveau auquel on a pu le voir lors des premiers numéros. Espérons que les retards ne se fassent pas plus sentir que ça dans les numéros à venir.

On reprend l’histoire d’Harley Quinn dans la continuité d’Injustice, alors que l’un de ses hommes de main est grièvement blessé suite à un affrontement avec la milice de Superman. On découvre alors une Harley très punky et un peu trop soucieuse du peuple, que l’on aurait presque pu croiser sur la place de la République, en train de vider des canettes de 8-6. Vous aurez bien évidemment compris au ton de cette phrase que j’ai été moyennement convaincu par cet épisode, qui n’apporte absolument rien à l’histoire de ce monde particulier qu’est celui du jeu Injustice, et que la caractérisation de cette version d’Harley est particulièrement étrange. De même, le cliffhanger final ne vient absolument pas relever le niveau, et semble même nuire à la trame principale, tant il n’a absolument pas été mentionné auparavant. Si vous voulez patienter avant la sortie du second opus du jeu de baston, remettez-vous un peu à l’épisode d’origine, vous passerez un meilleur moment que devant ce petit comic-book digital first.

Pour fêter dignement les 75 ans de Wonder Woman, DC Comics nous propose ce recueil de courtes histoires écrites et illustrées par les grands noms de l’écurie actuelle de l’éditeur. Des histoires entrecoupées de très belles illustrations, une petite rétrospective sur le travail de Brian Bolland à l’époque, et une interview en prose par Greg Rucka (curieusement, peut-être le point faible de ce single). Pour le reste, l’ensemble est absolument génial, que ce soit pour l’artistique, qui nous présente l’Amazone sous toutes ses apparences, et avec un ensemble d’artistes inspirés qui font un travail superbe (damn, Wonder Woman par Karl Kerlsch, Renae DeLiz, Marguerite Sauvage, Fabio Moon ou Rafael Albuquerque, on se fait super plaisir) mais aussi dans les représentations qu’on lui donne pour chaque histoire, afin d’aborder tout ce qui fait le sel et le charme de l’héroïne. Une très bonne façon de se rappeler les valeurs partagées par Wonder Woman, et l’inspiration qu’elle procure pour tout un chacun. Si ce n’est pour l’extrait du nouvel OGN de Jill Thompson qui, malgré sa beauté (on en reparle bientôt sur le site), fait un peu office d’encart publicitaire, il n’y a franchement rien à jeter dans ce single anthologique. A l’heure où Wonder Woman doit être mise en avant au même titre que ses collègues masculin, DC propose un fascicule qui remplit allègrement sa tâche. Un délice. 

Superman a repris du poil de la bête avec Rebirth, et cet épisode d’Action Comics est une fois de plus là pour le confirmer. On assiste ici à des événements assez intimistes mais tout à fait intéressants : Superman parle à son fils de la vie de super-héros, ce qui prouve bien que le titre est lié à la série Superman, et que Jonathan est un personnage hautement appréciable, qui mérite d’être développé. Parallèlement à cela, Superwoman (encore un crossover avec un titre de la gamme, c’est toujours cool de pouvoir compter sur une telle cohérence éditoriale) compte comprendre qui est cette “nouvelle” (de son point de vue) Lois Lane, qui vient prendre l’identité de sa défunte amie et ses fonctions au Daily Planet. Les personnages sont tous bien caractérisés et l’on prend plaisir à les voir interagir. Superman est enfin au niveau qui se doit d’être le sien. Reste un cliffhanger en demi-teinte, qui nous annonce quelque-chose de bien plus classique, alors que l’on aurait souhaité explorer d’autres angles de Metropolis, et obtenir des réponses à des questions cruciales. Mais cela ne vient pas gâcher le plaisir de cette lecture, d’autant plus que ses graphismes sont de haute qualité. On tient là une véritable renaissance du mythe de l’homme de demain, et il ne faudrait pas passer à côté.

Un numéro qui ne raconte pas grand chose, mais on ne saurait dire si c’est la faute du script de Hope Larson ou également la mise en page d’Albuquerque, qu’on sent vraiment donner un minimum d’efforts pour la partie artistique. Dessins brouillons, des pages très vides, une colorisation sommaire. Je suis franchement déçu du travail de l’artiste sur cette série. Quant à l’intrigue, elle aura au moins le mérite de nous enlever ce pseudo love-interest de Kai qui était ennuyeux au possible pour aborder petit à petit la conclusion de ce premier arc (qui, autrement, réussit bien son côté enquête à l’étranger de Babs, bien qu’on sente le retour à Burnside approcher). En bref, Batgirl a connu bien mieux (mais bien pire aussi, certes), on se contentera de ce numéro, mais si vous n’êtes pas fan absolu du personnage, vous pouvez faire l’impasse dessus sans problème.

Sentiment très partagé quant  au titre Blue Beetle actuel. Si Scott Kolins réalise un bon travail, Giffen est loin de briller d’originalité. Tout d’abord, ce groupe d’être aux super pouvoirs intrigue. Mais y inclure un dérivé de Groot, qui plus est appelé Root, c’est plutôt ridicule. On s’y fait au fil de la lecture, et ce personnage semble être d’une grande importance quant au mystère de l’équipe dont il est plus apte que les autres à diriger. Plus tard un autre personnage sera bien plus énervant. Qui passera un tiers du comics à remplire les cases de dialogues vides de sens. Si bien que j’en suis venu à apprécier ce nouveau Ted Kord dans son vaisseau. Je pourrais même en venir à préférer un comics de l’unique point de vue de Ted Kord. Un huit-clos dans le Bug. J’admets que c’est assez méchant, surtout que sur la fin qui, comme je l’ai dit de manière générale, manque aussi d’originalité, produit l’effet désiré. C’est plein de bons sentiments, mais si le titre manque de charme, ne fait combler un vide que par des dialogues creux et des personnages à la limite du plagiat, où est le plaisir promis lors de la lecture ?

Le titre Deathstroke ne fait qu’augmenter en qualité au fil des numéros. Rose et Batman font équipe dans Gotham pour savoir qui a essaie de la tuer alors que Slade a pris au piège Damian Wayne. Un double duo des plus incisifs avec des échanges vifs et justes, car Christopher Pries démontre ici un très grand savoir faire de caractérisation. Damian Wayne est absolument génial dans sa confrontation avec Slade, qui ne manque pas de répondant, et on peut en dire de même pour un Batman ultra-professionnel. Le tout au service d’une intrigue qui se complexifie également et est très loin d’être linéaire. On prend un plaisir assez dingue dans ce numéro et graphiquement, les dessins de Joe Bennett assurent largement le travail. C’est assez propre et sans grande originalité mais la mise en scène, les dessins, le tout répond aux standards de qualité et permettent d’apprécier l’intrigue à sa juste valeur. J’ai juste un peu de mal avec une colorisation sans âme qui donne un aspect très plastique à l’ensemble, mais Deathstroke façon Rebirth ça devient vraiment bon, et je ne m’y serais franchement pas attendu quelques numéros avant !

Detective Comics revient très en forme avec ce 943ème numéro et le début d’un nouvel arc, qui nous présente un groupe d’ennemis assez particuliers. La grogne est présente dans Gotham City depuis l’attaque des Monster Men et l’équipe formée par Batman (absent, et qui rumine encore la perte de qui vous savez) essaye de tenir tant bien que mal debout, et ce grâce au soutien de Batwoman, véritable héroïne du titre et qu’on suit avec plaisir et excitation. Le numéro est dense pour aborder les conséquences du précédent arc et également amener de nouveaux éléments, entre un certain fantastique et une forme polar très sombre, avec même quelques moments qu’on voudrait plus léger (et Clayface est toujours adorable). James Tynion IV fait un travail assez dingue sur le titre depuis son lancement et maîtrise ses histoires, car on sent très bien le liant depuis le tout premier numéro qu’il nous a proposé. Et que dire des planches d’Alvaro Martinez qui sont sublimes dans un style mainstream propre et qui jouit d’une mise en scène particulièrement travaillée (les premières pages, tout de même !). C’est un réel plaisir de suivre ce titre historique de DC Comics et ce nouvel arc s’annonce on ne peut plus prometteur. Continuez comme ça !

Levitz nous renvoie vers des manifestations sans véritable but. La manifestation elle-même étant une interrogation, hormis un message contre le racisme et pour la paix, il aurait été intéressant d’apporter un message plus profond que deux pancartes en second plan. Toujours est-il que Khalid se retrouve au milieu jusqu’à l’apparition d’étranges lueurs s’accordant aux personnes. Des sortes de liens mystiques. C’est l’introduction de ce numéro. Comme les précédents, il faut voir ce numéro comme le premier d’un voyage et se laisser, tout comme Khalid, emporté par le casque. Si cet épisode reste très agréable, et en particulier pour les dessins de Brendan McCarthy qui donnent à voir un autre style dans la même veine mystique qu’avait Liew sur le titre, Paul Levitz est bien trop rapide dans son écriture. On annonce une menace, ressemblant étrangement à l’une des nombreuses créatures de Jack Kirby, et on s’en débarrasse pour aller voir ailleurs. Un potentiel est présent, mais Levitz semble ou pressé de conclure pour le peu de numéros restant (si ce n’est le dernier). Loin des arcs narratifs, Doctor Fate est un road trip mystique peu réfléchi, mais plaisant, en plus d’être visuellement original.

La fin du premier arc est là. Enfin, diront certains et je ne pourrai pas vraiment leur en vouloir. Il est vrai que Robert Venditti, fidèle à ses habitudes d’écriture, a vraiment tiré sur la corde au maximum avant de conclure son histoire dans un numéro nerveux et bourré d’action. De l’action, certes, mais qui peine à réellement impliquer le lecteur tant l’auteur semble faire dans la redite dans son propos par rapport à des récits précédents. Au moins, Rafa Sandoval se lâche et balance des pages de bastons, chargées et divertissantes, en évitant en plus de rendre le tout trop répétitif. A côté de ça, reste une conclusion dont l’avenir nous dira si elle est courageuse ou si tout ça n’est qu’une vaste de blague en fonction du traitement qu’en fera Venditti. En l’état, et à l’image des six numéros précédents, ce Hal Jordan & The Green Lantern Corps #7 n’est pas honteux mais se repose beaucoup trop sur des éléments qu’on a déjà vu ailleurs, et en mieux, pour vraiment convaincre. C’est finalement bien le problème. Voilà un arc qui aura un côté déjà-vu trop appuyé pour les fans et qui n’aura certainement pas l’impact recherché chez des nouveaux lecteurs qui n’ont pas toutes les références pour saisir pleinement la grandeur du duel Hal Jordan / Sinestro.

Nous en sommes à la moitié de Sixpack and Dogwelder et l’intrigue ne gagne toujours pas en intérêt. Dogwelder est parti rencontrer sa famille qu’il a fait apparemment bien souffrir alors que le reste de l’équipe et Constantine vont le chercher pour continuer leur quête. J’avoue ne même plus savoir quel est leur objectif tellement c’est un prétexte pour enchaîner des scènes loufoques. Le problème c’est que ce numéro n’est pas assez drôle pour justifier le côté lourd ou malsain de ce titre, contrairement au précédent qui avait au moins pour lui de m’avoir fait bien rire. Rien à signaler au niveau des dessins, c’est efficace mais sans grande personnalité. Au final, Sixpack and Dogwelder : Hard Travelin’ Heroz #3 est une lecture avec un intérêt minime, c’est certes loufoque et ça se permet des trucs, ça change des lectures DC habituelles, mais il y a bien plus drôle et intelligent dans le genre.