Review VF – Batman Univers Hors-Série #3

Les points positifs : Concept très intéressant Lee Bermejo se débrouille très bien à l’écriture Une partie graphique correspondant au récit Les points négatifs : Une série anecdotique

« On raconte des tas d’histoires sur les égouts de Gotham. » – Duke Thomas

• Scénario : Lee Bermejo – Dessin : Jorge Corona, Rob Haynes, Khary Randolph – Couleurs : Trish Muvihill

• Urban Comics – DC Presse – Batman Univers Hors-Série tome 3 – 21 octobe 2016 – 152 pages – 5,90€ – Collectionne: We Are Robin #1-6 ; Sneak Peek We Are Robin

Nouvel hors-série ce mois-ci consacré au titre We Are Robin. Un titre dont l’absence s’est faite ressentir jusqu’ici et il était temps de découvrir cette étrange équipe de Robin(s) se développant dans les quartiers de Gotham, alors que le magazine principal Batman Univers poursuit la saga Robin War – une saga étant la suite directe de ce hors-série.

Le nom marquant : Lee Bermejo. Le dessinateur apprécié et dont certains chanceux ont pu avoir une dédicace à la Paris Comics Expo, il y a de cela quelques mois, possède ici la casquette de scénariste sur le titre. Il n’est pas à son premier essai dans ce domaine de l’écriture. On note même une certaine évolution, une amélioration. On pourra même être surpris par cette capacité à organiser une série régulière. Ce format relié en est presque préférable. Bermejo écrit une histoire, mais n’en oublie pas ses personnages. Première difficulté, et je pense la plus apparente, le nombre de personnages. On se trouve dans une situation où une équipe se forme, mais une équipe de personnages inconnus des lecteurs. Il s’agit alors d’une introduction à cette formation, et à une caractérisation des personnages. Lee Bermejo n’oublie rien de cela et lance son intrigue, la développe petit à petit et la dévoile au fur et à mesure, sans hésiter à couper l’intrigue avec un numéros se focalisant sur tel personnage.

Pour la petite histoire, on entre dès les premières pages dans la tête de Duke Thomas. Ce personnage principal est narrateur de la majorité des épisodes présents. On est témoin de ses prouesses acrobatiques et de son caractère fugueur. Sans qu’il y ait forcément une part d’identification, ce qu’on peut appeler l’interprétation basique face à une œuvre, Duke Thomas est un personnage laissant plutôt place à la compréhension. Il agit presque contre sa volonté, ne pouvant contrôler son envie de liberté, et fait face à ses regrets. Il finit par rencontrer ce gang de Robins, à moins que ce ne soit le contraire, puisque ceux-ci le cherchent. A partir de cette rencontre on retrouve cette difficulté d’une équipe de nombreux personnages. Autre point positif, Bermejo ne tombe pas de ce cliché de la présentation de chaque personnage, qui se limite à l’identification afin que le lecteur puisse se retrouver dans les noms cités.

La caractérisation se fait alors ou par focalisation, comme cela peut être le cas pour un personnage défini, mais se fait surtout à travers les dialogues. Des dialogues assez nombreux, mais possédant toujours une utilité ou par la situation d’ordre réaliste, comme lorsque Duke est amené dans un appartement, ou tout simplement pour introduire des éléments liés à l’intrigue, la menace, au passage inconnue, tournant autour de ce qui apparait comme un gang. On finit par s’attacher à se personnage marginal, fuyant la complexité d’un système n’ayant de cesse de le pousser à emprunter un chemin qu’il s’obstine à refuser. Est-ce que ça en fait un comics pour anarchiste ou adolescent en pleine crise ? Pas du tout. On se retrouve simplement dans cet univers à la Kick-Ass où les héros sont des jeunes inspirés par leurs idoles et veulent être le fruit de l’héritage laissé derrière la philosophie d’un emblème. Le tout en moins trash.

Un comics street-level marqué par l’écriture en harmonie avec les styles graphiques présents dans ce Hors-Série. Je dis bien « les » puisque si un artiste est plus présent que d’autres, leurs styles ne sont pas similaires, mais dans cette veine appuyant sur la forme urbaine donnée au titre. Tout d’abord, Jorge Corona et Rob Haynes  sont les dessinateurs principaux. Ils livrent un travail commun, et se dirigent vers un style épuré aux traits souples et aux lignes longues le plus souvent prenant la forme de courbes. Des déformations rappelant La colorisation est claire dans le but de faire ressortir le plus possible les couleurs du gang, tout en respectant les tons sombres de Gotham. Toujours dans cet esprit, Khary Randolph livre un travail dans un tout autre ton. Volontairement lié à un épisode se focalisant sur une des membres de l’équipe, ce nouvel univers artistique est une manière d’exprimer le regard que porte ce personnage sur la ville. D’autant plus que ce personnage a une vision particulière du monde. Un trait plus fin, mais toujours souple, cette fois-ci avec une colorisation bien plus claire, dans des tons rappelant un peu le Pop-Art justement, les nuances du Street Art étant bien plus mat même s’il emprunte, selon l’artiste au Pop-Art. Des artistes assez nombreux pour un recueil de six numéros, mais une homogénéité malgré deux styles différents qui surprend et donne à ce volume un plaisir et une immersion ininterrompue.

En somme, ce Batman Univers Hors-Série #3 est une réussite. Lee Bermejo nous dépose sur un courant par lequel nous nous laissons transporter. Un petit voyage aux couleurs vives et aux planches délicieuses dans ce recueil d’un peu plus de 150 pages pour un prix très abordable. Certains lecteurs ont pu demander une publication librairie, ce qui serait très étonnant, à moins que l’éditeur n’ait l’idée de publier Robin War en librairie également. Cependant, sachant que We Are Robin ne s’étale que sur deux volumes (donc deux hors-série en France), il n’est pas impossible de voir arriver le titre en libraire. Cela dépendant certainement des retours auprès de Robin War et de la série.