Sandman Theatre #1 – Harley & the Birds of Prey

4. Casting

Harley Quinn – Margot Robbie

Productrice et initiatrice du projet, Margot Robbie serait évidemment de retour dans la peau de l’héroïne, qui subirait cependant une évolution esthétique, symbole à la fois de sa prise d’indépendance vis a vis du Joker, et d’un rôle moins sexualisé devant l’ajout de Selina et Ivy, autres figures de femmes fatales à leur niveau. Le personnage quitterait ainsi sa teinture tie and dye emblématique d’Arkham et des New 52 pour revenir à une couleur de blonde (ou peroxydée) mieux associée aux couleurs du costume classique, ou tout du moins, proche de la création originale de Bruce Timm en rouge et en noir.

Après avoir avoué à plusieurs reprises être gênée par son costume trop court (au niveau des jambes, m’voyez), Robbie, productrice, aurait un mot à dire sur l’apparence de sa Harley. Si on a déjà pu voir des concept arts plus proches de l’esprit du personnage émerger sur la toile, le goût de Refn pour les costumes hérité de Neon Demon devrait donner à ces deux là matière à réfléchir pour trouver un compromis astucieux. En terme d’écriture, le personnage tiendrait le rôle d’élément déclencheur mais ne serait pas plus mise en avant que ses camarades, et d’un humour moins lourdingue qui a valu à la gymnaste à couettes le désamour d’une partie du public récemment.

Catwoman – Anne Hathaway

Honnêtement, j’avoue m’être creusé la tête sur la question mais je n’arrive pas à trouver de meilleure raison de voir Anne Hathaway revenir en Catwoman pour ce film ou un autre : c’est elle-même qui le demande. Si DC Rebirth nous a appris quelque chose, c’est que les continuités ne disparaissent jamais vraiment, et qu’au final ressortir ce qui a marché avant du placard est peut-être le meilleur compromis de la nostalgie et du recyclage. A trente-trois ans (trente-quatre ou trente-cinq d’ici à la sortie), Anne Hathaway est plus âgée et expérimentée que Robbie, garde le côté sexy alloué au personnage et ferait évoluer sa performance vers quelque chose de plus relâché que sous Christopher Nolan. Or, quoi que l’idée ait quelque chose de gênant vis a vis de cette précédente apparition, la meilleure réponse à donner est la même qu’en comics : au final, tant que l’histoire est bonne, est ce que la continuité compte vraiment ?

Plutôt que de retaper le design de Rises, le film oserait clairement le statut de Catwoman comme figure habituelle et coutumière de Gotham City. J’imagine assez bien l’actrice dans son style cheveux courts donner vie à une Selina inspirée des dessins de Darwyn Cooke, calqués sur l’actrice Audrey Hepburn, tout en gardant les deux facettes de son rôle dans Rises : méprisante face aux hommes, affectueuse dans sa relation avec sa petite protégée. Hathaway serait ici un liant pour le trio, grâce au magnétisme naturel de l’actrice généralement souvent à l’aise avec ses partenaires de plateaux. Avec une Robbie moins exubérante et plus enfantine, et une Ivy plus mature et proche de la femme fatale du film noir, Selina serait ici un entre deux, et pour épouser les enjeux du film, ne limiter sa relation à Batman qu’à quelques blagues « Paul Diniesques » évoquant un passé commun.

Bref, accusez moi de manquer d’imagination, mais je serais tout aussi prêt à voir un Gordon-Levitt resigner pour (vraiment) jouer Nightwing demain si on me le proposait. Y a que moi, ou bien ?

Poison Ivy – Christina Hendricks

Juste retour des choses pour celle qui aurait du être la Diana d’un autre univers. Christina Hendricks a tout : le talent, la stature, le charisme et le physique d’une Poison Ivy en position de force. Entraînée à une ambiance rétro’ de par son impeccable parcours sur Mad Men, sa Ivy épouserait l’idée de la femme dangereuse, moins nymphomane que les itérations proposées par certains auteurs (Kevin Smith, les vrais savent) ou adoucie que dans d’autres versions. La rouquine remplirait ici son rôle de meneuse émancipée et détachée, qui a par le passé ouvert la voie à Harley contre la domination de son violent fiancé. Dans cette version, elle serait cependant plus âgée et plus expérimentée, ce qui justifierait d’autant plus sa cruauté et sa facilité à tuer vis a vis de ses deux amies. Les courbes de l’actrice (que mon bon rédac’ chef aura souligné) seraient en plus un hommage quasi méta’ au goût de Russ Meyer, réalisateur du culte Faster Pussycat Kill Kill, et grand admirateur de filles provocantes.

Côté costume, difficile pour la Warner de ne pas tomber dans l’auto-caricature et la sursexualiation ou de renvois tardifs à la regrettée Uma Thurman. Le compromis serait donc ici, comme dans la mini Poison Ivy : Cycle of Life & Death, de présenter une Ivy moins marginale qui n’aurait jamais quitté la vie de laboratoire et se cacherait en plein jour, dans un rôle de botaniste de jour et de tueuse de nuit. Sans costume d’Eve ou robe de lierre, sa tenue davantage par une garde robe de roman noir, et je fais à nouveau confiance à Refn pour habiller sa muse sans exagération ou mauvais goût.

Batwoman – Jessica Chastain

A grand personnage, grande actrice : pour le rôle de Batwoman, il fallait Jessica Chastain. Combinaison d’un immense talent et d’une capacité à relever le niveau dans certains films à gros budgets, Chastain a quelque fois évoqué comme d’autres grands noms du cinéma actuel son envie de participer à une production super-héroïque. Avec un film comme The Martian ou Blanche Neige 2 (sort of), l’actrice a continué de porter un rôle de nana fortiche loin devant ses partenaires masculins en terme de crédibilité et de charisme. Un choix logique pour l’une des dernières grandes créations de la famille chauve-souris.

Mettre Batwoman dans les Birds of Prey prendrait un certain sens, au moment où le personnage tient le rôle central dans la série Detective Comics (et a été récemment adapté en animé), plutôt appréciée par les lecteurs de séries Batman. Qui plus est, quoi que ce que certains appellent la « bien pensance des majors » fonctionne encore à deux vitesses, le fait est que les films de héros costumés manquent cruellement de personnages centraux d’un autre bord sexuel que le mythe du cis blanc. Donner une existence à Kate Kane dans ce paysage encore assez pauvre en terme de représentativité gay serait un message important à envoyer au public, à plus forte raison quand Batwoman en comics est mise en avant par l’éditeur dans son soutien aux terribles attentats d’Orlando. Qui plus est, dans un film hyper féminin, elle apparaît comme une évidence : ni formée par Batman, ni sous sa domination de leader, ni love-interest d’aucun gus du DCU, une héroïne qui hurle féminisme et mérite de par la seule qualité de ses précédents volumes d’être enfin portée à l’écran. Avec les volumes de l’immense J.H. Williams III, Refn aurait trouvé un équivalent en BD de sa quête esthétique, deux génies en perpétuelle recherche de perfection visuelle.

Huntress – Zoe Saldana

Peut-être pas le meilleur choix en terme d’âge (on parle du coup d’une Huntress plus âgée que Catwoman), Zoe Saldana fait cependant aussi partie des actrices habituées aux rôles de femmes fortes dans la sphère du film Hollywoodien. Élancée et athlétique, le personnage représenterait la version New 52 du personnage, plus afro que caucasienne, tout en incarnant aux côtés de Jessica Chastain un aspect plus militaire et moins sexy des héroïnes de Gotham, dans une correspondance de pensée avec le Batman d’Affleck, une chasseresse de terrain entraînée et rodée, finalement moins super-héroïne que véritable femme soldat.

Ici, difficile de se débarrasser du costume violet traditionnel sans sacrifier à l’authenticité du personnage. J’imagine personnellement quelque chose de plus simple, un costume qui ne serait que suggéré par un amour du blanc et du violet, sans masque ni tenue élaborée et où Huntress aurait davantage un rôle de détective ou d’agent de renseignement sur le terrain, prompte à l’action mais dans une vibe urbaine moins bariolée. Là encore, l’idée est de s’éloigner des toits.

Batgirl – Maika Monroe

Là-encore, je sacrifie à un énorme caprice personnel (qu’on appelle l’amour), puisque dans cette configuration on a du mal à envisager le Gordon de J.K. Simmons en père d’une jeune héroïne de 23 ans. Cela étant, le film comporte déjà pas mal de rousses, et aux côtés d’une Huntress et d’une Batwoman plus chevronnée, Maika Monroe serait la restitution au réalisateur NWR de son goût pour les jeunes muses impeccables à l’air innocent, de type Elle Fanning. Il aurait même à coeur de jouer sur l’évolution de l’héroïne dans le film, sur sa transformation ou bien le contraste de son expérience à la violence de Gotham vis a vis de son apparence angélique à peine sortie de l’adolescence.

Monroe est, comme ses collègues susmentionnées, déjà une excellente actrice découverte dans un autre film au parti pris esthétique inattaquable, It Follows. Elle a depuis fait montre de son intérêt pour le milieu des films à grand spectacle, quitte à aller se compromettre dans Independance Day 2, et pourrait comme Chastain incarner cette partie des interprètes talentueux d’Hollywood capables de se dédoubler de projets aventureux à ceux plus confortables du cachet de studio.

En terme de costume, l’idée de working-class-hero et fait main de Stewart et Tarr serait une base de travail à envisager, quoi que quitte à épouser l’héritage de Dark Knight Returns posé par Snyder dans cette nouvelle Gotham City, proposer une Batgirl qui serait en fait un Robin de deuxième génération me semblerait assez intéressant à étudier en terme d’apparence pur jus. Et là, quitte à tricher pour satisfaire de purs désirs de fan teubé, une version alternative de ce scénario pourrait donner à Monroe le rôle de Stephanie Brown, tandis que Barbara assumerait celui d’Oracle ou de policière au GCPD en Batgirl retraitée. Bon, ça va un peu loin, ok, mais mettons que tout est permis.

Les antagonistes : Two-Face – Mark Strong & Black Mask – Jeffrey Dean Morgan

Le cinéma Hollywoodien et DC en général n’ont pas toujours été tendre à l’égard de Mark Strong, relégué à jouer des vilains interchangeables de films à gros budget avant de s’orienter lui même vers un ailleurs plus confortable. Pourtant, ce monstre de charisme venu de Grande-Bretagne aurait encore des choses à dire en méchant de comics, et l’ardoise Sinestro à effacer de son CV. Après avoir incarné le génial parrain du crime Frank D’Amico dans Kick Ass, participé à John Carter et retrouvé Matthew Vaughn pour Kingsman (à noter sa prestation en BD sous le trait de Leinil Yu dans Supercrooks), la carrière de Strong est associée aux adaptations de comics, et en récompense de ces efforts parfois peu récompensés, incarner un méchant de Batman serait un bel aboutissement.

Pour un Two-Face façon Bermejo, ici ni ambigu ou compréhensible comme dans certaines versions, Strong interpréterait bien le cruel et puissant chef de gang que son existence quotidienne dans Gotham City l’a amené à devenir dans différentes versions. Figure de la tyrannie des méchants de la cité, l’inverse du Joker parodique de Leto, ce Dent serait un monstre fait de froideur et d’élégance, en simple costume et cravate, pièce de pile ou face et visage ravagé, la revanche d’une première version dans le style signée Tommy Lee Jones à corriger loin de la version Jeph Loeb ou de l’origin story.

Dans le même ordre d’idées, la question se pose pour un autre habitué : où placer Jeffrey Dean Morgan, papa poule de tout ce qui est DC à l’écran (depuis Watchmen jusqu’à BvS en passant par les Loosers et Jonah Hex) après sa performance récente dans le rôle furtif de Thomas Wayne ? La solution est simple : ne pas montrer son visage. Arrive alors Black Mask, annexe défigurée de Two-Face et autre parrain du crime charismatique, pour donner à l’acteur une nouvelle situation dans le DCEU.

Comme Hardy, Dean Morgan est un acteur suffisamment doué pour se passer du jeu des émotions du visage. Imposant tant dans sa voix que par son regard, son Sionis aurait le timbre et le rire du Comédien avec la tentation cruelle de l’acteur, toujours excellent pour interpréter des ordures que le public apprécie systématiquement. Inspiré par sa relation à Catwoman sous Genevieve Valentine, cette version essayerait toutefois d’éviter un doublon avec l’apparence de Two-Face en ne proposant pas deux parrains en complets cravates. Ce Black Mask là serait un chef de quartier typé middle-class, parrain cruel des docks fan de cigares et de tables de billard en débardeur ou chemise ouverte, pour contraster avec le dandy en blanc des comics un poil trop propre sur lui. Avec les vestes en croco’ du Joker et un Two-Face fan de sur-mesure, la criminalité à Gotham serait ainsi le reflet de ses différentes couches sociales et de ses échelons de réussite : la star, l’aristocrate et le combinard ambitieux.