Sandman Theatre #1 – Harley & the Birds of Prey

1. Avant propos

2. Réalisation

3. Scénario

4. Casting

5. Postface


2. Réalisation

my-life-directed-nicolas-winding-refn

Nicolas Winding Refn fait partie de ces auteurs incompris du cinéma moderne. Si des Tarantino ou Spielberg ont réussi à rebondir et changer de style à un moment T de leur carrière avec l’aval du public, le Danois aura eu plus de mal à séduire les foules qui ne l’auront découvert que par le prisme de Drive, son oeuvre la moins expérimentale et celle qui illustre le moins son style d’esthète habitué à aller toujours plus loin. La déception d’une partie des fans sur Only God Forgives en aura témoigné, et l’incompréhension de ce même public sur le troisième acte de Neon Demon en témoigneront : Refn est un auteur au sens premier, inscrit dans une recherche permanente de son sujet et de son esthétique. Et la plupart des gens auraient tort d’attendre de lui un repeat de ses influences années ’80 servies par une bande-son cool et quelques scènes de violence accrocheuse.

Cela étant dit, l’auteur a en soi conscience de ses limites en tant que réalisateur sous contrat. Difficile d’imaginer qu’il ait la largesse d’un studio pour glisser dans un film d’univers partagé (à gros budget) les bizarreries qui peuplent ses feuilles de scénarios habituelles. Quoi que : si on pense à Only God Forgives, Pusher ou Neon Demon, l’artiste a finalement un CV plus que complet pour livrer une Gotham City organique, et peut-être même plus authentique que celle du révéré Christopher Nolan. Faisons le point.

Sur Pusher, Refn filme la petite criminalité, dans une ville plus réaliste aux allures de quartiers pourris et de salons mal décorés et mal éclairés – une structure sociale pour un film de truand, plus que convaincante où son goût pour la violence est déjà palpable. Sur Bronson, il passe par la case prison, et via Drive et Neon Demon, va puiser dans une esthétique héritée des années ’80 pour rendre gloire à la splendeur d’une cité nocturne éclairée par un millier de néons de façades, comme l’illustrait David Mazuchelli lors de la promenade de Bruce dans les quartiers chauds d’une Gotham encore à conquérir. Les déçus de BvS voulaient de la couleur et une Gotham mieux éclairée, Refn est un génie de l’image et de la lumière qui n’a fait que gagner au fil des films de nouvelles façons de présenter sa ville. Prenez le plan de colline de Neon Demon, ou Elle Fanning regarde au loin les lumières de la ville. Maintenant rajoutez un dirigeable et une ou deux tours sombres dans le tas.

neon-demon-movie-reviews-2016

Avec ses équipes habituelles (on aurait envie de citer Larry Smith et Cliff Martinez, en toute logique), le réalisateur a donné par les aspects les plus identifiables quant au reste des coins et environnements de la ville. Depuis l’atmosphère underground d’Only God Forgives à une Blackgate aux allures de Full Sutton de Bronson, avec des super-vilains aussi angoissants et dérangeants qu’un Tom Hardy moustachu. Déjà, dans Suicide Squad, depuis le Joker pimp en bagnole customisée à la scène de lap-dance dans un club de Gotham City, la règle de cohésion d’une direction artistique commune entre deux films d’un même univers partagé se fissure, le film appelant de ses vœux une Gotham plus trash, plus street, à qui ne manquerait que le talent pour être concrétisée.

Mais Refn est aussi (voire surtout) un amoureux de personnages féminins. Après avoir vu tout jeune des épisodes de la série TV Wonder Woman de Lynda Carter, il envisage quelques années avant Man of Steel d’adapter l’héroïne à l’écran, avec Christina Hendricks (grande fan de Diana et de ses aventures) dans le rôle titre. Le projet ne se fera finalement pas, mais reste dans la liste des œuvres abandonnées l’un des films les plus intrigants à ne jamais avoir vu le jour, tant on se demande en définitive à quoi le résultat aurait pu ressembler. D’ailleurs si Burton n’était pas non plus un lecteur de comics ou un fan de super-héros au moment de porter Batman sur le grand écran, il s’en trouve assez peu pour cracher sur son immense contribution au mythos du Chevalier Noir, voire au cinéma de super-héros à l’époque plus inspiré. Enfin on en trouve quand même hein. Parce que Batman tue, toussa.

Bref, à charge de revanche pour un Refn qui aurait donc enfin la capacité de s’exprimer sur une équipe d’héroïnes, avec son goût pour les villes éclairées, les fous ultra-violents et les scènes d’action aux portes du gore ou de l’atmosphère angoissante qui manquent aux productions modernes éternellement abritées derrière le paravent tout-public du PG13.

En passant par les liens affiliés BDfugue/FNAC/autres présents sur le site, DCPlanet.fr reçoit une faible commission. Qu’importe le montant de votre panier, vous nous aidez ainsi gratuitement à payer l’hébergement, modules, et autres investissements pour ce projet.

Corentin

Corentin

DC Comics : L'Encyclopédie (mise à jour et augmentée) / Edition augmentée

DC Comics : L'Encyclopédie (mise à jour et augmentée) / Edition augmentée

amazon
Voir l'offre
Patientez... Nous cherchons le prix de ce produit sur d'autres sites

À lire aussi

Shazam : La Rage Des Dieux [4K Ultra HD - Edition boîtier SteelBook]

Shazam : La Rage Des Dieux [4K Ultra HD - Edition boîtier SteelBook]

amazon
Voir l'offre
Patientez... Nous cherchons le prix de ce produit sur d'autres sites

Rejoignez la discussion

S’abonner
Notification pour
guest
9 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
The Bat
7 années il y a

Bon bah je crois que j’ai une nouvelle chronique préférée (ça en fait plein maintenant). Le scénario est assez séduisant et je trouve qu’introduire Batwoman dans les Birds of Prey est une excellente idée. Faire passer un message de diversité sans la lourdeur coutumière à certaines productions. Ensuite moi qui déteste Barbara Gordon en Batgirl, je ne souhaiterais pas la voir (c’est purement personnel). Peut-être en Oracle. Mettre en valeur le côté mafieux de Gotham à travers Two Face (en plus Mark Strong quoi) et Black Mask et laisser un peu plus en retrait le côté loufoque de la ville est une bonne idée. Néanmoins, en te lisant j’ai presque eu l’impression d’avoir un truc un peu « cliché » où les gentilles et les méchantes s’allient contre une menace plus grande. Si c’est bien fait pourquoi pas mais cela ne devient-il pas un schéma un peu répétitif ?
Ensuite j’ai une petite question vu que je ne connais Refn que de nom. Est-ce qu’il s’agit d’un réalisateur qui est plus dans des plans posés, des plans de contemplation qui est capable de filmer une rue ou des personnages assez longtemps sans dialogue par exemple, ou est-ce un réalisateur qui aime faire parler ses personnages pour raconter son histoire ?
Sinon super article Corentin !

The Bat
7 années il y a
Répondre à  Corentin

C’est moins cliché qu’un Suicide Squad par exemple c’est sûr.
De plus un film dépourvu de CGI de masse serait forcément intéressant.
Très bien, merci pour les conseils ^^

Billy Batson
7 années il y a

Merci pour cette chronique Corentin où ton style d’écriture brille particulièrement pour décrire un projet cinématographique. Si je valide l’ensemble de tes arguments concernant Refn, je reste cependant toujours aussi dubitatif concernant la réussite d’un tel projet ; je précise que cela n’a rien avoir avec toi ou les efforts que tu as mis dans cet épisode. Ton synopsis est fort agréable à lire et, il faut l’avouer, serait la meilleure chose possible en terme de storyline pour un film dont la nature même est d’être un spin-off, mais force de constater que l’on tombe dans un schéma assez classique qui passerait sans problème dans une mini-série en comics mais dont le potentiel cinématographique serait sans doute bien moindre. Le problème vient sans doute (et encore une fois ce n’est pas de toi) du fait qu’Harley soit la meneuse du film et qu’autour d’elle, les Birds of Prey seraient « juste » ses reflets dans le miroir et que de base j’aurais été bien plus tenté par un film sur l’équipe féminine avec comme antagoniste la compagne du Joker avec autour potentiellement d’autres vilains. Concernant le casting, je valide sans soucis Chastain, Strong et Hendricks, mais je reste malgré tout dubitatif face au retour d’Anne Hathaway en Cawtoman : elle était excellente chez Nolan mais la comparaison avec Rebirth ne marche pas franchement ici et je serai davantage tenter d’avoir du sang neuf pour le rôle (Rashida Jones serai mon choix pour une Selina du même âge que Bruce). Je reste également perplexe face à Zoe Salanda en Huntress : physiquement elle ressemble au personnage tel qu’il est apparu dans les New 52 puis Rebirth mais le fait que l’actrice fasse déjà parti du MCU et semble partante pour y rester encore un bout de temps pose un certain soucis ; Ruth Negga serait bien plus adaptée à mon goût.
Je tiens malgré tout à te féliciter pour cette chronique Corentin pour laquelle tu as dû passer beaucoup de temps ; je pense juste que quoi qu’il en soit ce numéro n’était pas forcément moi et j’espère ne pas avoir été trop sévère, j’attends cependant avec beaucoup d’impatience la suite tant je sais que tu as un réel potentiel pour parler de d’autres projets. D’ailleurs, tu devrais faire un petit tour dans la partie fanfiction du forum qui devrait t’intéresser. Bonne continuation !

Ares
Invité
Ares
7 années il y a

Eh bien, chacune de ces nouvelles chroniques est vraiment excellente. Superbe boulot, et c’est franchement très intéressant de savoir ce que toi (et d’autres membres de l’équipe) voudraient voir au cinéma. Chapeau ^^

alphacharliecho
Invité
alphacharliecho
7 années il y a

Juste une phrase qui me gène HORRIBLEMENT : « Tant que l’histoire est bonne, est-ce que la continuité compte vraiment ? »
MAIS BIEN SUR QUE OUI ! Désolé de m’emporter un peu mais l’idée d’univers partagé c’est une grosse partie des comics superheroique, le respext de la continuité c’est un oeu le respect d’un auteur par rapport a tout ce qui se fait autour de lui, c’est des petits ou gros details qui feront la difference avec une ecriture attentionnée et une autres, c’est aussi revelateur des egos des ecrivains (salut s.snyder).
Apres je sais bien que c’est aussi assez contraignant mais cette idée de ne plus s’embeter avec la continuité c’etait le slogan du dc you et heuresement que rebirth vient corriger le tir et remettre en place la sacro-sainte continuité.
Pour moi et je ne pense pas etre le seul, une bonne histoire c’est bien mais quand on fait partit d’un univers partagé (et ici on parle bien du DCEU) le respect de la continuité ce n’zst pas un bonus et c’est le sel qui fait toute la saveur, c’est ce qui a fait le succès de marvel et de dc rebirth et l’insuccés des xmen au cinéma depuis quelque temps.
Apres je sais que ce n’est que mon avis mais cette phrase ma perturbé XD j’aimerais bien entendre l’avis des autres apres tout je differe peut etre totalement

Billy Batson
7 années il y a
Répondre à  alphacharliecho

« L’insuccés des xmen au cinéma depuis quelque temps »
Les X-Men ne sont jamais aussi bien portés au cinéma qu’aujourd’hui puisque Deadpool, DOFP et Apocalypse sont les trois plus gros succès de la franchise en terme de box-office.

alphacharliecho
Invité
alphacharliecho
7 années il y a
Répondre à  Billy Batson

Apocalypse n’est pas un succes critique et la continuité xmen a totalement été zappé depuis xmen 3, et je trouve dommage que sur 3 film Wolverine aucun ne soit la suite de l’autre (je n’ai rien contre les films uniques qui n’ont pas de suite mais la il y avait la volonté de le faire

DC Universe FRA

Rejoignez la première et la plus grande communauté non officielle DC Comics Francophone et participez aux discussions Comics, Films, Séries TV, Jeux Vidéos de l’Univers DC sur notre Forum et serveur Discord.

superman
9
0
Rejoignez la discussion!x